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26/9/2023

Tout savoir sur les Produits Structurés

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En bref

Une alternative de placement… “structurée”

Dans l’univers des placements financiers possibles, les produits structurés occupent une place distincte. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un produit financier conçu (ou “structuré”) par une banque, qui combine plusieurs instruments financiers, comme les actions, les obligations, les devises, les indices, et les dérivés sur ces classes d’actifs. 

Objectif : délivrer du rendement même si les marchés baissent

L’objectif est de monter un produit qui délivre un rendement cible connu d’avance, sous certaines conditions spécifiques. Les produits structurés sont ainsi censés limiter les risques de perte et servir une rémunération prédéfinie, malgré les soubresauts possibles des marchés financiers. Ils peuvent, mais pas toujours, être assortis d’une garantie (partielle ou totale) du capital initial investi. 

Par ailleurs, nous soulignons que si l’objectif de nombreux produits structurés est bien de délivrer une performance positive même si les marchés financiers baissent, ce rendement (et souvent le capital) ne sont protégés que dans une certaine limite, connue à l’avance. 

Par exemple, un produit structuré peut promettre un rendement de 7% par an, tant que l’indice Eurostoxx 50 ne baisse pas de plus que 40% par rapport à son niveau initial. En revanche, en cas de correction plus marquée, l’investisseur ne perçoit plus la rémunération et peut même subir une perte en capital, typiquement égale à la baisse du marché.

Précision importante, certains produits structurés sont assortis d'une garantie en capital. Ces produits sont spécifiquement conçus pour des investisseurs ne souhaitant pas prendre trop de risques et protéger leur mise de départ. Car dans le pire des scénarios (où les conditions nécessaires pour déclencher la rémunération de l'investisseur ne sont jamais remplies durant la vie du produit structuré), l'investisseur est intégralement remboursé et récupère le capital initial qu'il a investit au départ, évitant ainsi toute perte.

Un support qui convient à de nombreux types de support d’investissement

Du point de vue juridique, ces solutions d’investissement prennent souvent la forme d’un Fonds commun de placement (FCP) ou d’une obligation, émise par une banque. Les parts d’un produit structuré peuvent alors être détenues sur des supports d'investissement différents, comme un compte-titres, un PEA, un contrat assurance-vie ou encore un Plan d'épargne retraite (PER).

Comment fonctionnent les produits structurés ?

Une obligation émise par une banque

Un produit structuré prend typiquement la forme d’une obligation émise par une banque. Comme toute obligation, il s’agit donc d’un titre représentant une dette de la banque émettrice. Cette obligation est émise avec une certaine échéance prédéfinie (la maturité), typiquement exprimée en nombre d’années. À l’échéance, l’émetteur de l’obligation doit rembourser sa dette. Entre la date d’émission et la maturité, la banque s’engage à rémunérer sa dette, en versant des intérêts.

Jusque là, rien de bien excitant. Nous n’avons fait que résumer les caractéristiques d’une obligation traditionnelle.

Une rémunération déterminée selon une formule

Là ou un produit structuré se distingue des obligations classiques est dans la détermination de la rémunération que l’émetteur (la banque) doit à l’investisseur.

Car contrairement à une obligation traditionnelle qui verse un taux d’intérêt fixé au départ, et donc connu d’avance, pour un produit structuré celui-ci est déterminé selon une formule mathématique, plus ou moins complexe. La performance d'un produit structuré n'est donc pas connue d'avance.

L’importance du sous-jacent

Même si on voit bien qu’il peut y avoir une infinité de structures possibles, les formules de calcul de la rémunération sont typiquement basées sur un ou plusieurs indices boursiers, ou encore sur les cours d’actions spécifiquement identifiés. On parle du “sous-jacent” du produit structuré.

Généralement, les produits structurés à capitaux garantis reposent sur un sous-jacent peu volatil, comme par exemple un indice boursier très large (S&P500, NASDAQ, ou encore le MSCI World) ou lissent le risque en le répartissant sur un panier de sous-jacents.

Donnons quelques exemples, à titre illustratif. Il existe des produits structurés qui :

  • versent un coupon de 7% par an, à condition que l’indice S&P500 constaté annuellement, n’ait pas baissé de plus de 30% par rapport à son niveau à la date d’émission ;
  • versent un coupon de 8% par an, tant que parmi les actions de Sanofi, L’Oréal et de BNPParibas, à la date de constatation annuelle, aucune n’ait baissé de plus de 40% par rapport à leurs valeurs respectives à la date d’émission.

Typiquement, lorsque la condition n’est pas remplie, la rémunération disparaît et l’investisseur ne touche rien. Pire, pour les produits structurés sans protection de capital, si à l’échéance le sous-jacent référencé est sous le niveau plancher déterminé initialement, l’investisseur ne se fait rembourser que partiellement et ne récupère que la performance du sous-jacent. Par exemple, si le cours du sous-jacent a baissé de 70% par rapport à son niveau initial à la date de constatation finale, alors l’investisseur ne sera remboursé qu'à hauteur de 30% de sa mise initiale (et subit donc une perte).

Revenons à nouveau sur le segment spécifique des produits structurés à capital garanti. Pour ce type de produits structurés, la rémunération des investisseurs dépend également d'une certaine formule, donnée au départ. Mais à la différence des autres produits structurés, l'investisseur sait que quelque soit l'évolution des marchés, son investissement initial est protégé et il récupère toujours sa mise initiale. Le pire qu'il puisse lui arriver est de ne recevoir que son investissement à la fin, sans aucune rémunération.

En contre-partie de cet avantage, le rendement visé pour les produits structurés à capital garantie sont logiquement plus modestes que pour un produit structuré qui ne possède cette caractéristique et où l'investisseur met son capital (partiellement ou totalement) à risque.

Une date de remboursement généralement variable

Comme évoqué précédemment, le produit structuré est une obligation qui possède une date d’échéance finale. Celle-ci est typiquement de 2 à 10 ans.

Par ailleurs, il est fréquent que les termes et conditions du produit structuré incluent une clause de remboursement par anticipation automatique. Le format le plus commun est que si le cours du “sous-jacent” est en hausse à la date de constatation par rapport à son niveau initial, alors l’émetteur verse bien la rémunération, calculée selon la formule, mais rembourse aussi les investisseurs. 

Ce remboursement automatique met fin à l’obligation, avant son échéance finale, puisque la dette à été remboursée à cette occasion.

Donc l’investisseur s’engage à placer son épargne sur une durée maximale connue d’avance, mais peut se faire rembourser à des échéances intermédiaires (typiquement tous les ans ou tous les semestres), elles aussi connues d’avance. Le tout étant contractuellement défini au départ.

Évaluer les risques des produits structurés

Comme pour tout investissement, il est important de bien comprendre les risques associés aux produits structurés. Il est vivement conseillé d’éplucher le Document d’Information Clé pour les Investisseurs (DICI) produit pour chaque produit structuré et qui résume les informations essentielles sur le produit, sa nature et ses caractéristiques.

Risque de crédit

Premièrement, l’investisseur en produits structurés achète une obligation d’un émetteur. Une sorte de reconnaissance de dette, émise par une banque. Par construction, l’investisseur assume donc le risque de crédit de la banque. Autrement dit, l’investisseur prend le risque que la banque émettrice du produit structuré fasse défaut avant l’échéance, et qu’elle ne puisse rembourser (tout ou une partie de) l’argent prêté par l’investisseur à maturité. 

Dans la pratique, nous considérons que ce risque est faible, car les émetteurs des produits structurés sont typiquement des grandes enseignes bancaires nationales ou internationales, comme la Société Générale ou encore Morgan Stanley, très solides et bien capitalisées. 

Risque de liquidité

En investissant dans un produit structuré, vous placez votre argent à une certaine échéance, connue d’avance, typiquement de plusieurs années. Comme nous l’avons vu précédemment, il est possible que le placement soit remboursé par anticipation, mais vous n’avez pas la main sur cette accélération possible du remboursement.

Si vous souhaitez récupérer votre mise et vendre votre produit structuré avant sa maturité légale (soit l’échéance finale, soit par remboursement anticipé), vous vous exposez donc au risque de liquidité.

Théoriquement, vous pouvez bien vendre votre investissement à n’importe quel moment, vos fonds ne sont pas bloqués et sa valeur fait l’objet d’une valorisation quotidienne, calculée par le structureur. Mais vous risquez néanmoins de subir une décote par rapport à cette valeur, du fait du manque d’acquéreurs potentiels (de fait, le seul acquéreur sera très probablement la banque émettrice). Cette décote matérialise le risque de liquidité.

Risque de marché

Le risque de perte en capital est sans doute le plus important à bien évaluer, et donc un risque sur lequel il faut attirer l’attention de l’investisseur. 

Capital garanti ou capital à risque ?

Les produits structurés sont généralement classés selon deux profils de risque :

  • Les produits structurés à capital garanti assurent à l’épargnant de récupérer sa mise (nette de frais) à l’échéance. Il faut bien comprendre que cette garantie ne s'applique qu'au moment du remboursement final du produit structuré (contrairement par exemple à un placement en un contrat assurance vie en euro, où la garantie en capital est permanente). Compte tenu de cette protection du capital, le rendement est généralement plus faible, l’accent étant mis sur la sécurité. Une variante proche sont les produits structurés bénéficiant d’une garantie en capital partielle.
  • Les produits structurés sans garantie en capital proposent des rendements plus élevés si les conditions de rémunération définies dans les termes et conditions ont été respectées (par exemple, l’indice Euro Stoxx ou MSCI World ne baisse pas de plus de 40%). En revanche, si le sous-jacent chute au-delà de la barrière plancher, l’investisseur perdra une partie de sa mise (typiquement en proportion égale à la baisse du sous-jacent). Cette perte peut, théoriquement, aller jusqu’à la totalité de la mise initiale, si la valeur du sous-jacent tombe à zéro. 

On voit bien pourquoi les produits structurés indexés sur un sous-jacent très concentré (par exemple la valeur de l’action d’une société spécifique) offrent un rendement cible généralement plus élevé que celui ciblé sur un produit structuré dont la rémunération dépend de la performance d’un panier d’actions ou d’un indice boursier (regroupant des dizaines, voir des centaines d’actions). 

Car le risque qu’une seule action donnée s’effondre est bien plus grand que le risque qu’un très large ensemble d’actions diversifiées s’effondre au même moment. 

Notons que l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) impose aux promoteurs de produits structurés que les souscripteurs maîtrisent les risques auxquels ils s'exposent, notamment lorsque la garantie du capital est inférieure à 90%.

Risque de marché durant la période de souscription

À noter que le risque de marché peut être subi dès la souscription. En effet l’achat d’un produit structuré se fait typiquement pendant une période donnée. L’intermédiaire financier qui propose le produit indique la période calendaire pendant laquelle il sera possible de souscrire au produit structuré. Cette durée est typiquement de plusieurs semaines.

Durant cette période, les conditions de marché fluctuent. Les termes et conditions spécifiques d’un produit structuré sont fixés à la fin de la période de souscription. En souscrivant au produit durant la période de souscription, un investisseur s’expose donc au risque de marché.

Illustrons ce risque par un exemple simple. Imaginons que le produit structuré proposé soit indexé sur l’indice Euro Stoxx 50, et qu’il verse un coupon attractif à condition que l’indice de référence ne baisse pas de plus de 40%.

Un investisseur souscrit deux semaines avant la fin de la période de souscription. Au moment de sa souscription, l’Euro Stoxx s’échange à 3700. À ce niveau, l’investisseur serait à risque si l’indice tombe en dessous de 2220 (60% de 3700). Dans les semaines suivantes l’Euro Stoxx 50 monte fortement pour atteindre, disons, 4300. Les termes et conditions définitives du produit structuré sont alors déterminés. Et le niveau de la barrière plancher en dessous duquel l’investisseur est à risque n’est plus de 2220, mais de 2580 (60% de 4300).

Fiscalité des produits structurés

Les fonds à formule détenus sur un contrat assurance vie, un PEA, ou un compte titres suivent la fiscalité spécifique de leur support. La fiscalité dépend de leur nature : revenus mobiliers (coupons d’actions ou d’obligations,) ou plus-values mobilières lors des cessions (fiscalité des plus-values mobilières).

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