Les banquent ne partagent pas

Jul 25, 2023

Selon une étude de l’agence de notation S&P, les grandes banques n’ont pas fait bénéficier les dépôts de leurs clients de la hausse des taux, pourtant significative, enclenchée par les banques centrales depuis le début de l’année dernière. Explications et conséquences.

Forte hausse des taux directeurs dans le monde

Depuis le début de 2022, la Federal Reserve aux US, la Banque d’Angleterre au Royaume-Uni, puis la Banque Centrale d’Europe pour la zone euro, ont radicalement changé de politique monétaire. En effet, face à l’envolée de l’inflation, elles ont significativement augmenté les taux directeurs, qui étaient alors au plus bas. 

En simplifiant un peu, les banques centrales fixent le taux auquel les banques commerciales peuvent se financer auprès d’elles. Mais aussi le taux auquel les banques commerciales sont rémunérées si elles placent leurs excédents de liquidités à la banque centrale.

Lien (théorique) entre taux directeurs et intérêts versés aux clients des banques

Lorsque les banques centrales augmentent les taux directeurs, cela impacte négativement le coût auquel les banques commerciales peuvent se financer. 

Cela a deux conséquences logiques : 

Augmentation des taux d’intérêts facturés aux clients emprunteurs

Comme leur coût de financement auprès de la banque centrale a augmenté, elles doivent prêter à des niveaux plus élevés aussi. Pour protéger leurs marges commerciales. Fini les prêts immobiliers à taux zéro. Il faut désormais s’attendre à environ 3,75% pour un prêt à 15 ans, et à 25 ans, les propositions inférieures à 4% sont très rares.

Hausse des intérêts versés aux clients épargnants

Mais la banque centrale n’est pas la seule source de financement des banques commerciales. Elles collectent aussi des dépôts, notamment auprès de la clientèle individuelle, c’est-à-dire des gens comme vous et moi. Or, tant que ces dépôts dorment sur un compte courant, ils ne coûtent rien à la banque. Ces dépôts deviennent donc de plus en plus attractifs, par rapport aux autres alternatives de financement. 

Pour stimuler la collecte de ces dépôts, les banques commerciales pourraient augmenter le taux d’intérêt qu’elles proposent sur leurs livrets d’épargne. Sur papier, tant qu’elles versent des intérêts inférieurs au taux directeur que leur facture la BCE, elles sont gagnantes. Or ce taux est aujourd’hui fixé à 4%, pour les banques de la zone Euro.

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Dans la pratique, qu’en est-il ?

Des coûts d’emprunt en hausse

Dans les faits, il est indiscutable que les banques ont significativement revu leurs offres de prêts à la hausse. Que ce soit pour les prêts immobiliers, les prêts à la consommation ou les prêts aux entreprises, en 18 mois, les tarifs facturés aux clients ont fortement augmenté. Au passage, c’est normal et l’objectif visé par les banques centrales, qui souhaitent renchérir le coût du crédit, pour ainsi freiner la croissance économique … et l’inflation des prix.

Les banques réticentes à mieux rémunérer les dépôts

Quant aux intérêts versés aux épargnants, l’histoire est bien plus contrastée. L’agence de notation S&P a étudié les grandes banques aux US, au Royaume-Uni et de la zone euro pour calculer la proportion de la hausse des taux directeurs que celles-ci ont transféré aux clients. Dit autrement, S&P a comparé la hausse des taux directeurs avec la hausse des intérêts versés sur les livrets d’épargne.

Et ce graphique édifiant, publié dans le Financial Times, permet de clairement visualiser la réticence et la lenteur avec lesquelles les banques ont transposé la hausse des taux directeurs à leurs livrets d’épargne. 

Quelques observations clés : 

  • Dans aucun pays les dépôts bénéficient ne serait-ce que de la moitié de la hausse des taux directeurs. Dans le meilleur des cas (au Royaume-Uni), la compétition entre banques pour les dépôts des épargnants les a conduit à partager (en moyenne) 43% de la hausse des taux directeurs avec les déposants.

  • Aux US, cette proportion de partage tombe à un quart de la hausse des taux directeurs, et pour la zone Euro, ce chiffre tombe à un cinquième.

  • En France, les grandes banques commerciales sont relativement un peu plus généreuses et ont partagé un peu plus du tiers de la hausse des taux avec leurs clients. Mais n’oublions pas qu’elles doivent faire face à la concurrence du Livret A, une spécificité française, dont le taux a récemment atteint le niveau très alléchant de 3%.

L’attrait grandissant des Super Livrets

Une période faste pour les banques

Le constat est sans appel, les grandes banques commerciales essaient de minimiser les augmentations de taux qu’elles appliquent aux livrets d’épargne.Tout en appliquant rapidement de fortes hausses aux taux auxquels elles prêtent de l’argent. 

L’effet de ciseaux est très bénéfique pour leur profitabilité. Et avant de critiquer les banques commerciales, souvenons-nous qu’elles viennent de traverser une période de vaches maigres, où les taux directeurs - pour les banques de la zone euro - étaient négatives. Donc le moment est venu de se refaire.

Par ailleurs, cela devrait permettre aux banques de réaliser des profits sur leurs activités traditionnelles (prêts), alors que les activités de marché et de conseil sont en forte baisse.

Pour les particuliers, un conseil : faire son marché

Mais le bonheur des banques ne fait pas celui de l’épargnant particulier. Qui a du mal à faire travailler son épargne liquide, par manque de taux d’intérêts attractifs. 

À moins que …

Nous vous rappelons que le graphique ci-dessus reflète des moyennes. Et si en moyenne, les grandes banques rechignent à suivre le mouvement de hausse des taux directeurs, d’autres acteurs, et notamment les banques spécialisées, le font avec enthousiasme.

Ce qui explique des écarts importants entre les taux proposés par les grandes enseignes, et ceux de certaines banques, qui proposent des livrets bien plus attractifs pour l’épargnant, aussi appelés “super livrets”.

Le compté rémunéré de My Money Bank, notre banque partenaire par exemple, est accessible dès 10 euros. Et en y souscrivant via notre appli, vous bénéficiez de 4% pendant plusieurs mois, suivi de 2,50%. Sans véritable limite de montant.

Pourquoi ? Parce que contrairement aux grandes enseignes bancaires, My Money Bank ne dispose pas d’un réseau d’agences bancaires à travers le territoire. Et elle ne passe pas à la télévision tous les soirs non plus pour faire de la publicité. Mais elle a pourtant besoin des dépôts des épargnants pour financer son activité. Elle a donc décidé de se distinguer par l’attractivité de son offre pour les attirer.

C’est un exemple parmi d’autres qui soulignent notre conseil plus fondamental : dans un contexte de hausse des taux (et d’inflation), il est est pertinent et de plus en plus rentable pour l’épargnant de faire son marché et de comparer les offres des différentes banques.

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