Comment les taux directeurs impactent notre vie?

Jun 21, 2022

Depuis le début de l’année, l’inflation et le pouvoir d’achat sont sur toutes les lèvres. Faire le plein d’essence, faire le marché, se faire plaisir, tout est plus cher. Dans le contexte des élections législatives, tous les courants politiques ont donné leur avis sur comment il faudrait protéger le pouvoir d’achat des Français. 

Dans la réalité, l’arme principale pour lutter contre l’inflation (et donc la perte de pouvoir d’achat) n'est pas dans les mains des gouvernements, mais plutôt des banques centrales — la BCE, en ce qui concerne l'Europe. Ce sont ces banques qui établissent le niveau des taux directeurs. Pourtant, l’importance de ces taux directeurs sur notre quotidien est souvent mal comprise. Il est temps de faire le lien entre taux directeurs et la vraie vie, - la nôtre - sans jargon.

C’est quoi un taux directeur ?

Le lien entre banques commerciales et la banque centrale

Commençons par le début. Pour comprendre à quoi servent les taux directeurs, il faut d’abord s’intéresser aux banques traditionnelles et aux banques centrales.

En simplifiant un peu, les banques commerciales collectent vos dépôts et l’épargne de ceux qui en ont, pour les prêter aux entreprises ou aux particuliers qui en ont besoin. Les banques commerciales tiennent en quelque sorte le rôle d'entremetteurs, entre ceux qui ont de l'argent et ceux souhaitent emprunter.

Toujours en simplifiant, quand les banques reçoivent trop de dépôts et que la demande d’emprunt est faible, elles apportent l’excédent à la Banque Centrale Européenne, la BCE, par obligation réglementaire. À l’inverse, si les gens épargnent peu et que la demande pour emprunter est forte, alors les banques commerciales empruntent l’argent à la banque centrale. 

La banque centrale fixe les conditions auxquelles elle prête de l’argent aux banques traditionnelles et auxquelles elle rémunère les dépôts qu’elle reçoit de leur part. Ces conditions sont exprimées sous forme de taux directeurs.

Des taux directeurs élevés freinent l’économie

On voit bien combien le niveau des taux directeurs est déterminant. Pour grossir le trait, imaginez que la banque centrale décide de les fixer à des niveaux très élevés de 10% par an par exemple. 

Les banques commerciales auraient tout intérêt à apporter la totalité de leurs dépôts à la BCE. Après tout, cette banque centrale dépend de l’Union Européenne. Elle ne fera donc pas défaut. Et en plus d'être un placement sûr, il rapporte gros ? Pourquoi se priver ?

Dans ce scénario fictif, les banques n’auraient aucun intérêt à prêter, ni aux entreprises, ni aux personnes ayant besoin d’un crédit conso ou d’un emprunt immobilier. L’économie s’arrêterait probablement net, et le marché de l’immobilier ainsi que la consommation s’effondreraient. Plus personne ne voudrait ou ne pourrait acheter quoi que ce soit à crédit.

Des taux directeurs très bas, voire négatifs, stimulent l’économie

Prenons maintenant le scénario inverse. Imaginons que la BCE souhaite stimuler l’activité commerciale des banques et donc leur avancer de l’argent à des tarifs attractifs. Allons même plus loin : imaginons qu’elle avance de l’argent gratuitement (à taux zéro) et qu’elle facture les dépôts excédentaires que les banques lui apporteraient, si elles n’arrivent pas à les prêter aux entreprises ou aux particuliers. 

Figurez-vous que nous sommes dans cette situation étonnante depuis quelques années. Car le taux directeur de la BCE est aujourd’hui fixé à -0,50%. Cela signifie que les dépôts excédentaires des banques commerciales sont facturés par la banque centrale… À qui les banques traditionnelles sont pourtant obligées d’apporter leurs surplus de liquidités !

Dans ce contexte, les banques sont très motivées pour 1. ne pas attirer trop de dépôts et 2. prêter le plus possible à leurs clients, pour éviter, ou tout au moins réduire la facture de la BCE.

Pour minimiser les dépôts, c’est (relativement) simple. Il n’y a qu’à réduire les intérêts proposés sur leur produits d’épargne au maximum. Chez les grandes enseignes bancaires, le compte d’épargne sur livret bénéficie d’un taux d’intérêt de… 0,1%. Plusieurs banques ont par ailleurs arrêté de proposer certaines formes de dépôts rémunérés (comme des comptes à terme). Enfin, elles ont augmenté les “frais de tenue de compte”, pour compenser le coût des taux négatifs imposés par la BCE. 

Pour maximiser les volumes de prêts, ce n’est pas très compliqué non plus. Il suffit de réduire les taux d’emprunt. Notamment sur les produits les plus sûrs, comme les prêts immobiliers contractés par les particuliers, désireux de devenir propriétaires. Très concrètement, c’est parce que la BCE a abaissé ses taux directeurs à des niveaux historiquement bas, que la plupart des banques commerciales proposent des crédits immobiliers à 20 ans à des taux moyens de 1,55%. Avec la possibilité pour certains clients d’emprunter à 15 ans à moins de 1% !

Mais la fête est finie.

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La BCE change de stratégie, les taux directeurs repartiront à la hausse

Le rôle de la BCE est de viser 2% d’inflation

En théorie, ce n’est pas l’état de l’économie européenne dont devrait se préoccuper en priorité la BCE. Son mandat est de faire évoluer les taux directeurs de telle sorte que l’inflation soit d’environ 2%.

Depuis des années, elle a pu fortement baisser ses taux, car cet objectif était largement respecté. L’inflation était quasi-nulle, malgré les baisses de taux successives qui ont amené les taux directeurs en Europe à devenir négatifs pour la première fois.

Mais l’inflation est récemment (et violemment) repartie à la hausse. Les programmes de relance post-Covid ont eu un effet positif sur la consommation des ménages. Mais dans le même temps, l’approvisionnement en biens de consommation s’est ralenti et est devenu imprévisible. Pensez aux délais de livraison pour un véhicule neuf, aux matériaux pour les travaux à domicile ou encore à la Playstation 5... Pensez au prix de certaines matières premières comme le blé, le pétrole, le gaz. En cause : de graves problèmes logistiques, dûs au reconfinement d'une partie de la Chine, à la guerre en Ukraine et tout simplement au fait que la consommation est repartie très brutalement.

Dans ce contexte, les prix grimpent. Le pain, l’essence, les loyers... En Europe, l’inflation pour le mois de mai a atteint plus de 8%. Très largement au-dessus des 2% visés.

La BCE est obligée de réagir

Par conséquent, la BCE a récemment annoncé qu’elle commencerait à augmenter ses taux directeurs en juillet. En commençant par +0,25%, et en précisant qu'elle ne s’arrêtera pas là.

En termes imagés, elle a alerté tout le monde qu’elle allait progressivement fermer le robinet de l’argent frais. Et en anticipation de cette remontée des taux, les marchés financiers ont déjà réagi, violemment eux aussi. Le taux de l’emprunt d’État français à 10 ans est ainsi passé de zéro au début de l’année à plus de 2% récemment.

Car les investisseurs institutionnels savent que lorsque la banque centrale relève ses taux, les banques commerciales commencent progressivement à répercuter cette hausse sur leurs clients. Elles deviendront plus sélectives dans leurs prêts. Et factureront, à leur tour, l’argent qu’elles prêtent à des tarifs plus élevés. Dit autrement, les taux d’intérêt proposés par les banques vont monter.

Des taux directeurs aux taux d’intérêts de la vrai vie

Le coût du crédit va monter

Le gouverneur de la banque de France l’a ouvertement déclaré récemment : les taux des emprunts immobiliers vont grimper. Il a aussi rappelé que les niveaux récents très bas étaient exceptionnels. Historiquement, des taux entre 2 et 3% pour des emprunts immobiliers classiques n'avaient en effet rien d’extraordinaire.

Si vous envisagez d’acheter un appartement ou une maison, vous risquez donc de voir le coût de votre emprunt augmenter dans les semaines à venir. Les premiers ajustements à la hausse ont déjà eu lieu. Pour le crédit à la consommation, même combat.

Une bonne nouvelle, pour les épargnants

Mais la hausse des taux directeurs a aussi des effets bénéfiques. Car si les emprunts deviendront sans doute plus chers, les banques vont aussi vouloir attirer plus de dépôts. 

Et selon la loi de l’offre et de la demande, il faudra pour cela (un jour) augmenter le niveau des intérêts qu’elles versent sur les comptes d’épargne. 

Ce sont les banques dites spécialisées, qui ne possèdent pas d’agences bancaires et qui ont pourtant besoin de dépôts qui ont tendance à être les plus réactives à l’évolution des taux directeurs. Les premières d’entre elles, dont notre partenaire My Money Bank, viennent d’ailleurs de relever leurs taux. Ainsi, My Money Bank, via l’appli Cashbee, rémunère désormais le livret d’épargne à vue de 3% pendant 3 mois*, suivi de 0,7%. Sans véritable limite de montant. 

* Dans la limite des 75 000 premiers euros déposés. Le taux de 3% des deux premiers mois est soumis aux prélèvement fiscaux et sociaux en vigueur alors que le complément de rémunération du troisième mois est offert sous forme de bonus Cashbee.

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