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IFI « improductif » : l’imposition des placements dormants

Publié le :
13.11.2025
Mis à jour le :
13.11.2025

Les patrimoines des Français fortunés pourraient bientôt subir un sérieux coup de balai fiscal. Exit l’ancien IFI uniquement centré sur les actifs immobiliers improductifs : un amendement voté à l’Assemblée nationale en novembre 2025 élargit l’assiette de “fortune taxable” à une nouvelle catégorie d’actifs, celle des investissements dits “improductifs”. Dès 2026, le fisc pourrait bien venir tambouriner à la porte de votre épargne de précaution… et même du matelas de sécurité que vous pensiez intouchable sur vos livrets ou vos fonds euros.​

Quelles différences avec l’ancien IFI ?

Le changement de paradigme serait significatif. Sous le régime IFI classique de 2018-2025, seuls les biens immobiliers détenus par des particuliers ou sociétés civiles immobilières étaient concernés, au-delà d’un patrimoine immobilier net de 1,3 million d’euros.

La nouvelle version de l’impôt, portée par une alliance parlementaire inédite, ratisse bien plus large et inclut :

  • Biens immobiliers non loués
  • Liquidités sur comptes courants, livrets bancaires, comptes à terme
  • Fonds euros en assurance vie
  • Investissements en crypto monnaies
  • Objets précieux et de collection : or, œuvres d’art, voitures de collection, yachts, avions…

Par ailleurs, le legs du barème IFI disparaît. Place à un taux unique de 1 % appliqué sur la fraction de patrimoine supérieure à 1,3 million d’euros, au lieu du taux progressif de 0,5 % à 1,5 % avant réforme.​

Barème et abattements : tout ce qu’il faut retenir

Le seuil de taxation reste inchangé à 1 300 000 € de patrimoine net taxable, après abattements. L’abattement sur la résidence principale évolue et passe à 1 000 000 €, au lieu de 30 % du prix sous l’ancien IFI.

Enfin, le taux appliqué est fixé à 1 % sur la part excédant ce seuil, alors qu’avant le taux de l’IFI était progressif, de 0,5 % à 1,5 % selon le montant concerné. Cette évolution possible de l’IFI pénalise donc surtout les patrimoines situés entre 2 et 5 millions d’euros, le plafonnement à 1 % jouant à la baisse pour les patrimoines les plus élevés.

Plusieurs placements sûrs et très populaires dans le viseur

L’évolution de l’IFI vise expressément les placements considérés comme étant “improductifs”. Il s’agit en l’occurrence de plusieurs placements les plus répandus en France, appréciés pour leur très faible niveau de risque et leur liquidité.

Parmi les dépôts “improductifs” ciblés par cette réforme, citons notamment :

  • Livret A, LDDS, PEL, livrets bancaires classiques, comptes courants et comptes à terme.

  • Contrats d’assurance vie en fonds euros.  

  • Objets de collection : or, œuvres d’art, voitures, yachts. Collectionneur de voitures d’exception ? Si la valeur excède le seuil de patrimoine, elle sera désormais incluse dans la base imposable.

Calcul pratique : comment s’appliquera le nouvel IFI ?

Prenons un exemple concret. Un foyer détient une résidence principale valorisée à 2 000 000 €, et a placé 900 000 € sur un fonds euros en assurance vie, déposé 400 000 € sur des livrets bancaires, et possède 100 000 € en œuvres d’art.

  • Patrimoine brut taxable : 3 400 000 €
  • Abattement résidence principale : – 1 000 000 €
  • Patrimoine net taxable : 2 400 000 €
  • Fraction imposable (au-delà du seuil de 1 300 000 €) : 1 100 000 €
  • Impôt sur la Fortune Improductive annuel : 11 000 €

Mais si l’épargnant fait un arbitrage de ses fonds euros vers des unités de compte au sein de son contrat d’assurance vie, la charge de l’IFI baisse considérablement et tombe à 2 000 € (car le patrimoine net taxable tombe à 1 500 000 €, base imposable de 200 000 €).​

Pourquoi cette réforme ? Les arguments du législateur

L’évolution de l’IFI est une des solutions visant à augmenter les recettes fiscales, dans un contexte de déficit budgétaire significatif.

Par ailleurs, le nouvel impôt a vocation à pousser l’épargne vers les actifs jugés “dynamiques”, c’est-à-dire perçus comme étant productifs pour l’économie française (entreprises, immobilier locatif). 

Selon le gouvernement, le dispositif générerait seulement 500 millions d’euros de recettes, mais les promoteurs de la réforme estiment son rendement potentiel à près de 4 milliards.​

Qu’est-ce qui pourrait changer ? Les limites et les risques

Vous aurez observé que nous utilisons le conditionnel à de nombreuses occasions dans cet article. Car si cette modification législative a bien été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, le texte doit encore passer devant le Sénat, avant de revenir à l’Assemblée pour une possible adoption définitive. 

Or, le Sénat, à majorité de droite, pourrait considérablement modifier ou même supprimer la disposition. Chaque étape pourrait revoir la définition de l’assiette, les seuils, les exonérations, et donc modifier l’impact pour les contribuables concernés.

D’autant plus que les arguments pour rejeter tout ou partie de cette évolution fiscale ne sont pas sans fondement.

Premièrement, des voix s’élèvent pour contester le caractère “improductif” de l’investissement en fonds euros et des dépôts sur les livrets bancaires. 

Rappelons que les sociétés d’assurance déploient les fonds versés sur leurs fonds euros pour investir dans des actifs diversifiés, mais qui incluent typiquement une proportion significative d’obligations d’État. Les fonds euros contribuent ainsi au financement de l’État, dont les besoins en la matière sont importants et pressants.

Rappelons aussi que les dépôts à la banque permettent à cette dernière de prêter aux ménages et aux entreprises qui en ont besoin. Enfin, soulignons que les dépôts sur le Livret A servent spécifiquement à financer la construction de logements sociaux. 

Deuxièmement, l’adoption du nouveau format de l’IFI poussera les épargnants fortunés vers des solutions de contournement. Elle est donc susceptible de stimuler les arbitrages de fonds euros vers des investissements en unités de compte. Ce qui réduirait mathématiquement l’impact de la mesure, en termes de recettes fiscales supplémentaires générées.

Les stratégies d’optimisation à garder en tête

La procédure législative n’ayant pas encore été complétée, il est important de ne pas agir dans l’urgence ou sous l’effet de la panique. Notamment parce qu’il n’est pas exclu que les caractéristiques de ce nouvel impôt puissent évoluer avant l’adoption définitive de la loi.

Il est néanmoins pertinent pour les contribuables soumis à l’IFI de réfléchir aux stratégies d’optimisation fiscale possibles.

Comme évoqué ci-dessus, l’arbitrage du fonds euros vers les unités de compte arrive en tête, car il permettrait de réduire mécaniquement la base taxable. Naturellement, il s’agira de sélectionner ces unités de compte en fonction de son profil de risque, son horizon de placement et ses convictions personnelles.

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