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Le « Shutdown » : quand l’Amérique appuie sur pause, … faute d’accord budgétaire

Publié le :
01.10.2025
Mis à jour le :
01.10.2025

Ça y est, c’est reparti pour un tour. La date limite du 1er octobre étant dépassée sans qu’un accord ait pu être trouvé entre Républicains et Démocrates, les États-Unis entrent dans un nouveau « Shut Down » (ou mise en pause), où des pans entiers de l’administration se mettent à l’arrêt, faute de budget. 

Nous pourrions être soulagés d’apprendre que la France n’est pas le seul pays au monde où les décideurs politiques ont du mal à trouver un accord sur les finances de l’État. Sauf que quand la locomotive économique du globe tousse, le monde risque de s’enrhumer.

Il est donc pertinent de comprendre l’origine et l’impact potentiel du Shutdown outre-Atlantique, pour les Américains, mais aussi pour les épargnants et investisseurs étrangers. Explications.

Comment survient le « Shutdown »

Aux États-Unis, la « maison commune » fédérale nécessite un budget voté chaque année par le Congrès (Chambre des représentants et Sénat) avant le 1er octobre, date de début de l’exercice fiscal. Ce budget permet notamment à l’administration de fonctionner. 

Si les élus républicains et démocrates ne parviennent pas à un accord pour autoriser ces crédits, le gouvernement ne peut plus financer ses services non essentiels. Résultat : arrêt immédiat et automatique des activités dites « non indispensables », par la mise en congé sans solde de centaines de milliers de fonctionnaires. Dans la pratique, cela se traduit par la fermeture de parcs nationaux, de musées, et de certaines fonctions administratives, comme le Bureau des statistiques.

Pour être clair, le FBI, la CIA, l’armée, les pompiers et les aiguilleurs du ciel continuent de travailler, tout comme les services de santé et de l’éducation nationale. Mais certains fonctionnaires verront le versement de leurs salaires différé.

Impact financier historique … et probable cette fois-ci

Depuis 1976, les États-Unis ont connu une vingtaine de « shutdowns ». Si certains n’ont duré que quelques heures ou jours, d’autres ont eu un impact économique non négligeable.

Le plus long shutdown a eu lieu entre décembre 2018 et janvier 2019, durant 35 jours, lorsque le Président Trump remplissait son premier mandat. Il a coûté environ 11 milliards de dollars à l’économie américaine, selon le Congressional Budget Office. Dont 3 milliards de dollars n’ont jamais pu être récupérés. Il avait été causé notamment par un désaccord sur le financement du mur que le Président souhaitait construire entre les États-Unis et le Mexique.

Le shutdown de 2013 était lié à l’opposition des Républicains au programme médical Obamacare, et a duré 16 jours. Il a amputé le PIB américain d’environ 0,6% au trimestre concerné, soit une perte d’environ 24 milliards de dollars. La création d’emplois a également été freinée sur cette période.

Selon plusieurs économistes, en moyenne, chaque semaine de shut down réduit la croissance trimestrielle du PIB de 0,1% à 0,3%, selon des économistes analysant les impacts à l’automne 2025. Cette perte se traduit notamment par une consommation amoindrie, des retards dans le paiement des employés publics et des perturbations dans les commandes passées par les administrations.

Plus indirectement, ces blocages pourraient entraîner une hausse des taux d’intérêt américains — ce qui pèse sur les crédits immobiliers, la consommation et l’investissement — et un affaiblissement du dollar par perte de confiance des investisseurs.

Les conséquences pratiques en 2025

Il est attendu qu’environ 420 000 fonctionnaires jugés essentiels (forces de l’ordre, sécurité aéroportuaire, prisons, hôpitaux) travaillent sans être payés immédiatement. Les autres, près de 380 000 agents, seraient envoyés en congé sans solde, ce qui ralentirait sans doute la consommation locale.

L’incertitude de ces consommateurs sera d’autant plus grande cette fois-ci que le Président Trump a laissé entendre qu’il pourrait profiter de la situation pour licencier une partie des fonctionnaires, renvoyés chez eux faute de budget.

On peut donc craindre un plus grand impact que d’habitude sur le comportement des consommateurs concernés.

Par ailleurs, le secteur touristique souffrirait avec la fermeture de parcs nationaux et musées fédéraux, impactant une part non négligeable de l’économie américaine.

Comment en sortir ?

Le seul moyen de mettre fin au shutdown est un accord bipartisan au Congrès autorisant le budget, soit via un compromis sur les lignes budgétaires, soit par un vote d’une résolution de continuité (financement temporaire). En cas d’impasse prolongée, la situation économique se dégrade, la pression médiatique monte et les électeurs finissent par désigner des responsables. 

L’histoire montre que la politique américaine, malgré ses affrontements, finit généralement par trouver un terrain d’entente avant un coût trop lourd. Et sans grande surprise, les deux parties se rejettent la responsabilité du shutdown.

L’impact du shutdown sur les investisseurs internationaux et les bons réflexes

Le « shutdown » américain ne concerne pas seulement les citoyens et institutions sur place, il résonne aussi fortement auprès des investisseurs internationaux. En période de blocage budgétaire, l’incertitude politique américaine accroît la volatilité des marchés financiers et peut influencer les décisions d’allocation d’actifs. 

Concrètement, les investisseurs étrangers, face au risque d’un arrêt prolongé des services gouvernementaux, tendent à délaisser les actifs jugés les plus risqués, comme les actions américaines, et à privilégier des valeurs refuges telles que les obligations d’État les plus sûres ou l’or. En anticipation du shutdown, le cours de l’once d’or a d'ailleurs atteint un nouveau record, à plus de 3 800 $ l’once, représentant une hausse de plus de 44% en un an. 

Cette fuite des capitaux vers la prudence peut aussi entraîner une hausse des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis, les investisseurs obligataires se détournant d’un marché incertain. Au-delà d’un impact sur le coût de financement de la dette du pays, cette hausse des taux d’intérêt impacte aussi les coûts des emprunts et le financement des entreprises à l’échelle mondiale qui souhaitent s’endetter en dollar.

Enfin, le ralentissement économique provoqué par le shutdown sera sans doute pris en compte par la Federal Reserve. La banque centrale des États-Unis pourrait y voir un facteur qui favorise une ou plusieurs réductions des taux directeurs, visant à soutenir l’activité économique. Mais une baisse des taux courts pèserait aussi sur le dollar, qui pourrait s’affaiblir - encore un peu plus - contre les autres grandes devises internationales comme l’euro.

Pour les investisseurs, les bons réflexes consistent à suivre de près l’évolution politique américaine et à diversifier leurs portefeuilles afin de limiter l’exposition aux risques systémiques liés à ces impasses budgétaires. La prudence recommande aussi de surveiller le comportement des marchés obligataires et les indicateurs de stress financier, tout en gardant en tête que ces crises politiques se résolvent généralement avant de provoquer des dégâts trop profonds, même si leur impact reste significatif à court terme.

En résumé, face à un « shutdown », mieux vaut garder son calme, vérifier ses positions, et se rappeler que l’instabilité politique américaine est un facteur de risque cyclique que les marchés intègrent de longue date, sans que cela ne justifie de paniquer. Une gestion avisée et une diversification adaptée demeurent les meilleurs remparts face à ces épisodes.

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