10 placements pour 2023

Dec 20, 2022

L’année 2022 fut compliquée pour les investisseurs. Il était possible d’envisager l’augmentation de l’inflation, mais moins évident de deviner l’ampleur de son envolée. Difficile aussi de prévoir un conflit armé aux frontières de l’Union Européenne et la poursuite des mesures sanitaires draconiennes imposées en Chine. Collectivement, ces événements ont causé une correction significative et simultanée sur les marchés actions et obligataires. 

Le contexte reste compliqué à lire, mais — forts des quelques leçons apprises en 2022 — nous nous livrons à nouveau à l’exercice de la prédiction. Voici nos 10 propositions d’investissement pour 2023. 

Notez bien qu’il ne s’agit que de suggestions ! Rendez-vous dans 12 mois, en espérant que nous ferons mieux qu’en 2022.

1. Le livret Cashbee

Risque : nul

Le livret rémunéré Cashbee a fait ses preuves. Sans risques, accessible en permanence et totalement gratuit, sa rémunération a fortement augmenté en 2022. Notre banque partenaire My Money Bank a tenu compte de la hausse des taux directeurs pour accroître progressivement le taux d’intérêt versé sur ce compte bancaire, qui est aujourd’hui de 3% pendant 4 mois, puis de 1,2%.

Nous anticipons que la Banque Centrale Européenne (BCE) continuera de relever ses taux, afin de lutter contre l’inflation. Le taux d’intérêt sur le Livret Cashbee pourrait donc, lui aussi, être ajusté à la hausse durant l’année à venir. Un support idéal pour l’épargne de précaution des Français.

2. Les produits structurés

Risque : faible pour les produits structurés à capital garanti

Ce sont les produits à la mode ces jours-ci. Car la remontée des taux et la forte volatilité des marchés financiers permettent à ceux qui conçoivent ces placements qui combinent plusieurs types d’actifs de construire (ou de “structurer”) des placements qui visent un rendement attractif. Tout en protégeant partiellement ou totalement le capital investi. Longtemps réservés aux investisseurs fortunés, ils sont aujourd’hui accessibles dès 1000 euros, via notre application. 

Il existe une multitude de variantes au sein de ce secteur (et pour tout savoir sur les produits structurés, n’hésitez pas à consulter notre article sur le sujet). Pour cet exercice nous retenons le produit structuré Onyx 1, qui vise un rendement de 6% par an, sur une durée maximale de 10 ans, émis par la Société Générale. Son capital est garanti à l’échéance, et vous pouvez y souscrire jusqu’au 17 février 2023.

3. La dette subordonnée perpétuelle d’EDF

Risque : faible 

De nombreuses entreprises ont recours à la dette pour financer leurs activités. Parmi les différentes formes de dette il existe la dette subordonnée. En cas de difficultés financières, celle-ci n’est remboursée qu’une fois que tous les autres créanciers de l’entreprise ont été remboursés. Comme le prêteur de la dette subordonnée prend plus de risques, il a droit à un taux d’intérêt supérieur à celui versé sur la dette “traditionnelle”.

EDF a régulièrement recours à la dette subordonnée. Elle a ainsi levé 1 milliard d’euros dans ce format le 6 décembre dernier, en émettant des obligations perpétuelles (donc sans date d’échéance prédéfinie), versant un intérêt annuel de 7,5%, si EDF veut bien. Car oui, pour cette émission obligataire, EDF a le droit de suspendre le versement des intérêts quand elle estime que son état financier l'oblige de se serrer la ceinture.

De même, EDF a le droit - mais pas l’obligation - de rembourser ces obligations à partir de la 6ème année, en décembre 2028. Si elle n’exerce pas ce droit, le taux d’intérêt change et passe à un taux de référence à 5 ans (qui est aujourd’hui de 2,64%), plus une marge de 4,86%. 

Il nous semble très peu probable qu’EDF, détenue à 86% par l’État français, n’honore pas ses dettes, y compris celles qui sont légalement subordonnées à sa dette traditionnelle. Et cela quelle que soit la situation financière. Même si sa dette n’est pas garantie par la France, nous estimons que si EDF décidait de ne pas verser une partie des intérêts qu’elle doit à ses créanciers, cela aurait de graves conséquences pour la réputation de la France auprès d’investisseurs internationaux. Il s’agit donc (selon nous) d’une opportunité pour viser un rendement de 7,5% l’an, avec un risque faible sur le capital investi.

Attention, cela n’empêche pas qu’en cas de revente de cette obligation avant son remboursement éventuel, le prix du titre puisse être inférieur (ou supérieur) à l’investissement initial, notamment selon l’évolution des taux d’intérêt. Nous évaluerons donc la pertinence de cet investissement dans un an : versement du premier coupon de 7,5%... ou pas ?

4. Les valeurs bancaires Européennes

Risque : modeste

Une idée reprise de l’année dernière. Le raisonnement fondamental n’a pas changé : les taux directeurs ont grimpé, et continueront probablement d’augmenter, ce qui permet aux banques de prêter à des tarifs plus élevés. Tant qu’elles continueront à ne verser aucun intérêt sur les comptes courants et des intérêts très faibles sur leurs livrets, leurs marges devraient en bénéficier. 

Le risque est qu’elles pourraient devoir faire face à des défauts de plus en plus nombreux (en cas de récession économique) et que les activités de marché et de conseil en fusion et acquisitions, très profitables jusqu’en 2021, puissent souffrir d’un contexte incertain.

Mais nous renouvelons néanmoins notre conviction, aussi parce que de nombreuses valeurs bancaires s’échangent à des prix historiquement attractifs, autour d’une fois la valeur comptable de leurs actifs. La référence retenue pour cette suggestion est l’indice Stoxx Banks EUR, à un prix de 91,50 euros.

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5. All weather fund (ou portefeuille “tout-terrain”)

Risque : modeste

Le succès de bon nombre de nos suggestions dépendra de la vitesse avec laquelle les banques centrales gagneront la bataille contre l’inflation. Si cette victoire est rapide, ce sera positif pour les actifs risqués, comme les actions par exemple. Dans le cas contraire (une inflation persistante qui force les banques centrales à maintenir les taux à des niveaux élevés pendant longtemps) une récession économique pourrait se déclencher, et sévèrement entamer la performance des marchés actions.

C’est pour faire face à des scénarios aussi incertains que le concept d’All Weather Funds (littéralement, des fonds pour tous les temps) a été inventé. Leur objectif est de délivrer un rendement positif, quelle que soit la météo des marchés financiers. Typiquement, dans un contexte favorable, ces fonds délivrent une performance positive inférieure au marché actions, mais en contrepartie ils sont censés délivrer une performance positive même lorsque les marchés financiers corrigent.

Parmi les fonds de ce type, se distingue notamment le All Weather Fund de Ruffer. Celui-ci a délivré une performance de +11,92% en 2020, + 8,48% en 2021 mais surtout il est à presque +4% pour l’année en cours.

6. Les Aristocrates du Dividende (Coca Cola et Enbridge)

Risque : modeste

C’est un thème qui a relativement bien fonctionné l’année dernière et que nous reprenons. Nous anticipons que les taux d’intérêt resteront élevés en 2023 (et peut-être plus longtemps que les intervenants de marché l’anticipent aujourd’hui). Dans un tel contexte, les actions des Aristocrates du Dividende, ces sociétés cotées en bourse qui versent des dividendes tous les ans égaux ou supérieurs à l’année précédente, depuis 25 ans ou plus, devraient être favorisées.

Nous avions joué ce thème l’année dernière en choisissant L’Oréal et Roche, ce qui ne fut pas optimal. Nous changeons notre fusil d’épaule et proposons Coca Cola (cours d’action : 62,50 USD) et Enbridge (à 51,50 CAD) pour 2023. Le premier est mondialement connu. Il nous semble que la société continuera de vendre ses boissons gazeuses, quelles que soient les conditions économiques. 

Enbridge est une société canadienne d’infrastructure énergétique. Elle distribue pétrole, gaz naturel et de plus en plus d’énergie renouvelable à travers le continent nord américain. 

L’historique des dividendes versés par Enbridge est enviable. Et à 0,89 centimes par trimestre, il représente un rendement de presque 7% quand on le reporte au cours de l’action aujourd’hui.

7. Le marché actions indien

Risque : élevé

Nous sommes restés à l’écart des marchés émergents en 2022, craignant que la hausse des taux les impacte plus fortement que les marchés développés. Nous n’avons pas eu tort. Mais il nous semble qu’il s’agit de devenir plus nuancé et sélectif à leur sujet.

En effet, à côté des économies qui croulent sous la dette (Argentine, plusieurs nations africaines…) il existe aussi des pays émergents où la croissance économique est relativement forte, poussée non seulement par la demande des pays développés (ce qui crée une certaine dépendance vis-à-vis de ces pays acheteurs de biens et de services), mais aussi par la demande interne. L’Inde fait partie de ces pays. 

Attention, la thématique a déjà été identifiée depuis quelques années. Les actions en Inde ont affiché une performance de +18,6% en 2020, +28,8% en 2021 et sont en hausse de +7,2% à la fin novembre. Mais nous pensons qu’elles pourraient à nouveau performer l’année prochaine. Nous retenons le Dalton India Ucits Fund comme référence, dont la part vaut 18 211 euros aujourd’hui. 

8. La tech chinoise

Risque : très élevé

Les valeurs technologiques chinoises ont fortement corrigé en 2022. Les actions des géants du e-commerce Alibaba, Tencent et Meituan ont respectivement perdu 27%, 32% et 23% depuis le début de l’année. Depuis son plus haut en octobre 2020, l’action Alibaba a perdu plus de 70%. Cette chute a de multiples causes, à commencer par un environnement politique hostile aux sociétés jugées trop dominantes. Les autorités chinoises ont muselé Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, suspendu l’introduction en bourse de sa filiale Ant Financial et restreint la liberté stratégique de la société. Par ailleurs, la tension géopolitique entre les US et la Chine limite l’accès des sociétés technologiques chinoises aux semi-conducteurs produits à l’étranger. Enfin, la politique draconienne du “zéro-Covid” a pesé sur l’économie chinoise dans son ensemble. 

Les fortes corrections subies par ces valeurs de la tech chinoise s’expliquent donc assez simplement. Mais 1. cela ne veut pas dire qu’elles ne valent plus rien, et 2. nous pensons que le récent relâchement des restrictions sanitaires pourrait signaler une attitude plus positive du gouvernement chinois vers les champions de son économie. Le risque politique est très difficile à mesurer, nous rappelons donc que cet investissement est “sportif”.

Nous prenons le China Technology ETF proposé par le gestionnaire Invesco comme référence. Sa part vaut 42,80 US Dollar aujourd’hui.

9. Les Fallen Angels (les anges déchus)

Risque : très élevé

Dans la même veine, penchons-nous sur les valeurs qui ont le plus souffert en 2022. Et si les marchés financiers avaient été trop émotifs à leur sujet, causant une chute excessive de leurs valorisations ? 

Nous pensons que cela peut être le cas, notamment à l’endroit des entreprises dont les valorisations avaient explosé en temps de confinement… pour retomber brutalement quand le monde est revenu à la “normale”. 

La leader mondial de la signature électronique, Docusign, ou encore le créateur de sites Web, Wix, font partie des ces Fallen Angels : l’action du premier est tombé de plus de 310 Dollars (en septembre 2021) à 54 Dollars aujourd’hui, le second a atteint un pic de 353 Dollars en février 2021, pour s’échanger à 78 Dollars aujourd’hui. En baisse de 83% et 78% respectivement depuis leur plus hauts, le prix des deux actions ont récemment entamé un léger rebond, et il nous semble que les solutions innovantes proposées par les deux sociétés représentent toujours aujourd’hui un fort potentiel de croissance.

10. L’action Crédit Suisse

Risque : extrêmement élevé

Dans le prolongement de ce qui précède, mais en poussant le raisonnement à fond, nous vous suggérons de considérer l’action de la banque helvète Crédit Suisse. Attention : cette suggestion ne s’adresse qu’à ceux qui n’ont pas peur de perdre leur chemise.

Crédit Suisse va mal, très mal. La direction des risques a pendant longtemps été défaillante, ce qui a causé de grosses pertes (Greensill, Archegos, …). Elle a été accusée de faciliter le blanchiment d’argent et le trafic de drogue dans plusieurs pays. L’ancien PDG a espionné son numéro deux, avec qui il était en froid pour une sombre histoire de voisinage (les arbres dans le jardin de l’un cachaient la vue du lac de Genève de l’autre). Par conséquent, la banque a nommé en juillet dernier son 3ème PDG en 5 ans. Pensant bien faire, elle a nommé l’ancien PDG de la Banque Lloyds, connu pour sa rigueur, comme président de son Conseil de Surveillance. Il n’a tenu que quelques mois et a dû démissionner à son tour, quand il s’est avéré qu’il avait abusé du jet privé de la banque, tout en ignorant des règles strictes de confinement sanitaire… pour assister à la finale de Wimbledon.

Bref, la banque souffre, et a entamé une restructuration fondamentale. Au programme : abandon des activités de banque d’affaires, pour concentrer l’essentiel de ses ressources sur les segments banque privée en Europe et en Asie, et la banque de détail en Suisse. 

Pour implémenter cette stratégie, elle doit lever des capitaux frais, tour de force qu’elle a péniblement réussi à faire il y a quelques semaines. Autant dire que la banque n’est pas sortie de l’auberge, ni certaine de retrouver le chemin de la profitabilité. 

Néanmoins, il nous semble que la direction actuelle a au moins le mérite d’avoir pris des mesures draconiennes qu’il aurait sans doute fallu appliquer plus tôt. Et d’établir une feuille de route crédible. Par ailleurs, il nous semble difficilement envisageable que la Suisse laisse tomber la seconde banque du pays. Enfin, les activités domestiques de la banque sont très saines. Pour peu qu’elle arrive à regagner en crédibilité sur le plan international, sa marque et sa réputation historique de banque privée devrait pouvoir lui permettre de faire croître son activité de gestion de fortunes. 

L’action vaut 2,73 francs suisses aujourd’hui et a perdu 68% depuis le 1er janvier. 

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