Le Black Friday sur les marchés financiers

Nov 22, 2022

Ce vendredi 25 novembre c’est le Black Friday, le jour où — notamment aux États-Unis — de nombreux marchands cassent les prix dans des proportions rares. Mais est-ce que le concept des “super-soldes” peut également s'appliquer aux marchés financiers à cette date ? Cette année, il semble que oui.

Les actions en soldes ?

La forte correction récente

Depuis le début de l’année, l’indice S&P 500 des actions américaines a perdu un peu plus d’un cinquième de sa valeur. À la bourse du Nasdaq, où sont notamment cotées les GAFAM, la correction est plus prononcée encore : l’indice a chuté de presque un tiers. Si on se penche sur des titres individuels, les actions d’Amazon, de Netflix et de Meta ont perdu respectivement 48, 58 et 70% de leurs valeurs. 

Le phénomène est particulièrement prononcé aux États-Unis, mais c’est aussi vrai du reste des places financières dans le monde. L’indice Kospi en Corée du Sud a perdu 19% depuis le début de l’année, le Dax allemand est en baisse de 9% sur la même période et le CAC 40 de 8%.

Résultat : des opportunités

Nous sommes bien dans une situation qui s’apparente aux soldes. Une action de Paypal coûtait 200 dollars au début de l’année, aujourd’hui vous pouvez l’acheter pour moins de 85. Idem pour la société Docusign, leader en signatures électroniques. Son action valait plus de 150 dollars en janvier, contre moins de 50 aujourd’hui.

Le secteur technologique, longtemps parmi les plus appréciés des investisseurs, est celui qui affiche des baisses de valorisation les plus significatives. On peut donc dire que OUI, les actions technologiques sont en solde.

Mais comme nous le savons tous, ce n’est pas parce qu’un objet est en solde qu’il s’agit nécessairement d’une bonne affaire.

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Comment identifier les bonnes affaires ?

Si nous savons que les cours des actions ont bien baissé en 2022, qui nous dit qu’ils ne continueront pas leur chute en 2023 ? 

Personne. C’est impossible de répondre à cette question. En revanche, nous pouvons essayer de https://www.cashbee.fr/lexique/action si les cours actuels représentent un prix d’achat attractif, par rapport à la valeur intrinsèque de l’entreprise. Dit autrement, est-ce qu’au niveau des cours actuels, les actions sont sous, ou sur-valorisées ?

Le “value investing” 

Certains investisseurs se spécialisent dans cette approche, on les appelle les “value investors”. À l’inverse des investisseurs orientés sur la croissance (“growth”), leur objectif n’est pas de dénicher la petite pépite à forte croissance dont tout le monde parlera bientôt. Ils cherchent au contraire à investir dans des titres mal aimés, mal compris ou délaissés par le marché — ceci, malgré des performances solides. Il suffit ensuite d’attendre que les faits leur donnent raison, et que la demande pour ces valeurs augmente.

L’inventeur du concept est l’auteur Benjamin Graham, qui a exposé sa stratégie d’investissement dans un livre culte — du moins, pour votre serviteur — intitulé “The Intelligent Investor” (ou l’Investisseur Intelligent). 

Les cours et livres de Graham ont notamment inspiré son apprenti, le désormais multimilliardaire Warren Buffett, qui a construit sa fortune en appliquant méthodiquement les conseils de son mentor. 

Comment identifier les actions soldées ?

Ces deux investisseurs légendaires évaluent l’attractivité d’une société donnée notamment selon deux critères. 

Premièrement, le ratio entre les revenus de la société et le prix de son action. Le fameux “Price Earnings Ratio'' ou PER pour les intimes. Une façon simple de comparer la valeur d’une entreprise avec ses profits. C’est un peu comme juger la valeur d’un attaquant en divisant son prix par le nombre de buts qu’il marque.

Deuxièmement, le ratio entre la valeur comptable de la société et le prix de son action. Ce second ratio, aussi appelé le Price-to-Book, permet de comparer la valeur de l’entreprise à la valeur de ses actifs. Typiquement, il s’agit de la valeur de ses usines, de ses machines, du stock de marchandises ou encore de sa marque.

L’attractivité (théorique) des actions technologiques

Les valeurs technologiques longtemps très “chères”

Sur la base de ces deux ratios — et la précision est importante — les grandes entreprises technologiques comme Apple, Google et Netflix étaient surévaluées pendant de longues années.

En effet, leurs actions s’échangeaient en moyenne à 38 fois les revenus et 12 fois la valeur comptable. Ces deux ratios sont à comparer à ceux du marché des actions américaines dans son ensemble, en incluant les autres secteurs de l’économie. Ainsi, pour l’indice Russell 1000, qui inclut toutes les industries, les mêmes ratios n’atteignaient que 24 fois les revenus et 4 fois la valeur comptable.

Et les multiples des grandes sociétés de la tech étaient encore plus éloignés des niveaux ciblés par Benjamin Graham, qui cherchait des sociétés dont les actions s’échangent à moins de 15 fois les revenus et moins d’une fois et demie la valeur comptable.

Pourquoi les ratios des sociétés technologiques se sont-ils autant envolés ?

Cela se justifie en partie par leurs caractéristiques intrinsèques. Des sociétés comme Alphabet, Meta ou Zoom ne possèdent typiquement que peu d’actifs comptables (usines etc.), et énormément d’actifs intangibles, comme par exemple des logiciels et du capital humain. Par ailleurs, elles ont tendance à grossir très rapidement. Lorsqu'on compare le prix de leurs actions contre leurs revenus actuels, cela sous-estime structurellement la valeur des revenus futurs.

Mais la chute récente des cours a forcément impacté les multiples. Qui sont devenus plus raisonnables, par rapport au passé. Et peut-être même attractifs pour certaines valeurs spécifiques.

En prenant le PER comme seul point de référence, Alphabet, le parent de Google, s’échange désormais à 17 fois les revenus et Meta, anciennement Facebook, à seulement 9 fois les revenus. Comprenons-nous bien, cet article n’a pas pour objectif de recommander telle ou telle action à l’achat. Mais le constat est indiscutable, les actions des sociétés technologiques sont beaucoup moins chères qu’au début de l’année. Si (et seulement si) elles repartent à la hausse un jour, l’achat de leurs actions aujourd’hui “en solde” se justifiera. Mais il faudra probablement s’accrocher entre-temps, car de nombreux indicateurs pointent vers une potentielle récession économique.

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