Les investisseurs les plus légendaires

Aug 30, 2021

En finance, les investisseurs extra-ordinairement compétents sont des stars adulées. Certains cherchent le devant de la scène, d’autres opèrent de préférence dans l’ombre. Tous ont permis à leurs investisseurs de s’enrichir, en générant des rendements largement supérieurs à la moyenne. Qui sont ces gourous de l’épargne et comment ont-ils réussi à battre les marchés ?

Des résultats impressionnants, grâce à des approches radicalement différentes

La liste des investisseurs ayant marqué l’histoire de la finance est relativement longue. Nous avons donc été obligés de faire une sélection. Notre liste se focalise (à une exception près) sur ceux qui ont délivré des rendements élevés sur des durées longues, prouvant ainsi leur capacité de surperformer dans tout type d’environnements de marché, favorables et adverses. Ils y sont parvenus en adoptant des stratégies innovantes, souvent (initialement) contestées et à contre-courant du consensus. Ils en ont tiré les bénéfices mais ont aussi contribué à l’évolution de la finance, au bénéfice du plus grand nombre.

Nous sommes arrivés à une liste de huit investisseurs légendaires. Que nous avons divisé en deux groupes : les légendes confirmées et les prétendants, afin de produire deux articles digestes, plutôt qu’un récit probablement trop long.

Warren Buffett, ou le Sage d’Omaha

Si nous n’avions pas peur des aiguilles, nous pourrions considérer se faire tatouer son visage sur notre corps.

Bon, nous exagérons peut-être un peu, mais notre admiration pour Warren Buffett est sans bornes. Troisième homme le plus riche du monde, il a bâti sa fortune estimé à 110 milliards de dollars en investissant judicieusement depuis la fin des années 60.

À 90 ans, il continue de gérer son portefeuille via la société Berkshire Hathaway. Cotée en bourse, n’importe quel épargnant peut donc jouir de son expertise, en se procurant des actions de cette entreprise.

Son secret ? Une approche sélective, fondée sur l’analyse financière de sociétés dont le modèle d’affaires est facile à comprendre et difficile à répliquer. Combiné à un sens du timing exceptionnel : il a su prendre des risques quand le monde semblait s’écrouler, et résister à toute tentation quand les marchés s’emballaient. D’où des participations très importantes dans Coca Cola, Disney, Bank of America (acquise en pleine crise financière) ou encore Apple… et une montagne de cash de plus de 140 milliards de dollars, à déployer quand la prochaine opportunité se présentera.

Outre le rendement élevé que Buffett a délivré pour ses investisseurs, il adore partager ses conseils, décrire ses meilleurs placements, et expliquer les quelques erreurs qu’il a pu commettre. Il est sans doute un des financiers qui a le plus contribué à la vulgarisation de l’investissement.

Ses observations très terre-à-terre, comme “On ne voit qui s’est baigné nu que lorsque la mer se retire” ou “Ne testez jamais la profondeur d’une rivière avec vos deux pieds”, font l’objet de plusieurs recueils, dont nous ne pouvons que vous recommander la lecture. Pour ses meilleurs conseils, c’est ici.

John (Jack) Bogle, le fondateur de Vanguard

Jack Bogle est né en 1929, juste avant la Grande Dépression, qui ruina sa famille. Renvoyé d’une société de gestion en 1974, il fonde la sienne. Vanguard est né. À sa mort en 2019, celle-ci est devenue la seconde plus grosse société de gestion du monde, avec plus de 4000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Ce succès fulgurant s’explique par une conviction forte et une idée radicalement innovante. Bogle prône l’investissement à très long terme, sans essayer de battre le marché en sélectionnant des titres particuliers, tout en minimisant les frais de gestion. L’objectif étant de profiter de la tendance à la hausse des marchés actions dans leur ensemble, sur des périodes longues.

Pour y parvenir, il invente le fonds indiciel à bas coût, le précurseur des fameux ETF, qui ne fait que répliquer la performance d’indices boursiers. Pour l’économiste Paul Samuelson, cette invention mérite sa place aux côtés de celles de “la roue, l’alphabet et l’imprimerie.”

L’approche de Bogle - acheter un marché dans sa totalité via un indice - est à l’opposée de celle de Buffett, qui cible des sociétés spécifiques susceptibles de surperformer l’indice boursier. Mais les deux investisseurs légendaires prônent la patience et le placement à très long terme. Et ils partagent le goût du bon sens et le désir de vulgariser la finance, en utilisant un langage clair.

Bogle résuma ainsi ses huit règles simples pour tout investissement :

  1. Sélectionnez des fonds à bas coût
  2. Analysez avec soin les coûts additionnels des conseils d’investissement
  3. N’accordez pas trop d’importance à la performance passée d’un fond
  4. Utilisez la performance passée pour déterminer la régularité et le niveau de risque
  5. Méfiez vous des gestionnaires “stars”
  6. Méfiez vous de la taille du fonds
  7. N’achetez pas un trop grand nombre de fonds
  8. Achetez votre portefeuille de fonds et ne le vendez pas

Nous ne pouvons qu’admirer la pertinence de ces conseils !

George Soros, l’homme qui a fait plier la Banque d’Angleterre

Si Jack Bogle grandit au sein d’une famille modeste, George Soros part lui véritablement de rien. En effet, sa famille échappe à la déportation sous l’occupation nazie de sa Hongrie natale, pour s’installer en Angleterre. Après avoir été maître nageur, vendeur de souvenirs et porteur de bagages, il finit par se forger un nom dans le monde de la gestion d’actifs, avec une méthode de placement disruptive.

Soros s’intéresse à la macro-économie et cherche à identifier (et profiter) de grands déséquilibres économiques. Dans les années ‘80, il considère ainsi la flambée de la bourse Japonaise comme étant insoutenable dans la durée. Malheureusement pour lui, il mise trop tôt sur l'éclatement de cette bulle financière pour maximiser ses gains.

Ce n’est que partie remise. Quelques années plus tard, Soros s’intéresse à la position difficile de la livre Sterling au sein du mécanisme de change européen. Pour lui, le taux de change de la livre contre les autres devises atteint des niveaux bien trop élevés, maintenus de façon artificielle et déconnectée de l’économie réelle. En 1992, il vend donc massivement la devise anglaise à découvert, déclarant ainsi la guerre à la Bank of England. Le 16 septembre 1992, son fonds a vendu pour plus de 10 milliards de dollars en livres et force la vénérable Banque d’Angleterre à dévaluer sa monnaie. En ce “mercredi noir”, Soros empoche plus d’un milliard de dollars de gains. Sa réputation, ainsi que sa fortune personnelle, sont faites.

Il est indéniable que ce style d’investissement agressif exige beaucoup de sang-froid et de courage. Prendre des positions contre des acteurs aussi puissants qu’une banque centrale sur la base de ses convictions forcent le respect. Cette volonté de prendre des risques significatifs afin de viser des rendements hors du commun a contribué à la naissance des hedge funds. Ces fonds spéculatifs représentent aujourd’hui un segment important de la gestion d’actifs. Pour son rôle de pionnier, Soros mérite amplement sa place dans ce classement.

David Swenson, gérant du fonds de dotation de l’Université de Yale

Deux jours avant son décès au mois de mai, David Swenson donnait encore son cours habituel sur l’investissement aux étudiants de la prestigieuse Université de Yale. Il y était également responsable de la gestion du fonds de dotation, ayant pris ces responsabilités additionnelles en 1985, à l’âge de 31 ans.

Le fonds de dotation collecte et investit les dons, typiquement en provenance des anciens étudiants, afin de financer une partie des salaires des professeurs, les bourses d’étudiants et le maintien des locaux de l’université.

Quand Swenson prend les rênes du fonds de Yale, les encours de celui-ci s'élèvent à 1,3 milliards de dollars. En juin 2020, le fonds atteignait 31,2 milliards, ayant généré un rendement annuel moyen de 12,4%. Une performance largement supérieure à la moyenne d’autres fonds de ce type. Il contribue dorénavant pour plus du tiers au budget de l’université.

Le secret de Swenson ? Il conclut très vite que l’horizon de placement d’un fonds de dotation est particulièrement long. Son horizon d’investissement se calcule en dizaines d’années. Il peut donc se permettre d’investir dans des classes d’actifs bien plus volatiles et moins liquides, comme par exemple l’immobilier, le capital risque et les fonds spéculatifs.

Rechercher une diversification bien au-delà des marchés actions et obligataires classiques est révolutionnaire à l’époque. L’investissement en classes d’actifs dits “alternatifs” s’est avéré tellement puissant, que depuis, de nombreux fonds de dotation ont copié cette méthode.

Lui aussi a mis sur papier sa philosophie d’investissement, dans un livre au titre évocateur de “Pioneering Portfolio Management”. Un peu sec peut-être, mais écrit par un professeur passionné qui a redéfini les conventions de l’épargne longue, presque malgré lui.

Que faut-il retenir ?

Ces quatre légendes de l'épargne montrent qu'on peut avoir des approches très différentes afin d'obtenir de (très) bons rendements. Stratégies différentes, mais fondées sur des principes partagés. Leurs résultats sont indéniablement le fruit d'une combinaison de bon sens, d'analyses prudentes et réfléchies, de force de conviction et de patience. Autre point commun : ils ont tous contribué à la vulgarisation de la finance, en partageant leurs expériences et conseils sans jargon et termes techniques. À travers cet article, Cashbee souhaite, à son très humble niveau, en faire autant !

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