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Doit-on s'attendre à un krach boursier ?

Publié le :
28.07.2025
Mis à jour le :
30.07.2025

Le spectre d’un krach financier hante régulièrement les esprits des investisseurs et de nombreux observateurs économiques, surtout lorsque les marchés évoluent à des sommets historiques et que certains signaux de vulnérabilité se multiplient. 

Or plusieurs marchés clés, comme l’indice boursier américain phare S&P 500, et plusieurs classes d’actifs, comme les crypto-devises, ont récemment atteint des sommets importants.

La question « Doit-on s’attendre à un krach ? » revient donc naturellement très régulièrement sur le devant de la scène, alimentée par une série d’indicateurs qui inquiètent experts et particuliers. 

Sans avoir de boule de cristal, nous proposons d’analyser des éléments objectifs nourrissant ces craintes, afin d’évaluer le plus objectivement possible les risques d’une correction significative des marchés financiers. 

Mais aussi d’expliquer pourquoi, malgré tout, la stratégie qui consisterait à s’écarter totalement des actifs risqués, comme les actions et les obligations de crédit, peut s’avérer tout aussi risquée, si l’on prend en compte le coût d’opportunité.

Des indicateurs qui suscitent la crainte d’une correction majeure

Les multiples de valorisation anormalement élevés

L’un des premiers motifs d’inquiétude réside dans le niveau actuel des valorisations boursières. Le ratio cours/bénéfices (qu’on désigne aussi par l'abréviation PER, pour Price Earnings Ratio) moyen du S&P 500, par exemple, s’établit à environ 21.5x fin juin 2025, très au-dessus de sa moyenne historique de 15.8x. Il s’approche du niveau atteint au début des années 2000, juste avant l’éclatement de la bulle technologique. 

Cette élévation du PER n’est pas un simple épiphénomène : elle témoigne d’une confiance importante dans la croissance future des résultats des entreprises, mais elle laisse aussi peu de marge à la déception en cas de mauvaise nouvelle économique ou de révision à la baisse des prévisions de bénéfices.

Pour beaucoup d’analystes, des marchés qui se négocient à des multiples très supérieurs à leur moyenne historique présentent une sensibilité exacerbée à la moindre mauvaise surprise, et augmentent donc la probabilité d’un choc de correction brutal.

Prenons un exemple récent. À l’occasion de l’annonce des résultats financiers du second trimestre 2025, le PDG d’ASML a mentionné sa difficulté à prédire le carnet d’ordres 2026 pour leur machines ultra-sophistiquées que sa société produit. Cela a suffi pour faire perdre environ 10% à l’action d’ASML, le jour de l’annonce.

Le phénomène de FOMO et la spéculation débridée

Un autre signe préoccupant est le retour en force du « FOMO » (Fear Of Missing Out, ou la crainte de louper le coche) dans le comportement des investisseurs. Cette année, la progression exceptionnelle de certains segments boursiers, notamment la technologie et l’intelligence artificielle, s’explique largement par une poussée d’achats motivée par la peur de « manquer » le prochain rallye. 

Le phénomène se traduit par l’envolée de certaines valeurs de la tech. Le cours de bourse de Nvidia a plus que doublé depuis avril 2025, et la capitalisation boursière du producteur de puces électroniques dépasse 4 trilliards de dollars. 

Dans la même veine, nous pouvons aussi observer l’attrait massif pour les introductions en bourse (IPOs) récentes et l’appétit accru des particuliers pour les actions dites « mèmes » ou à la trajectoire irrationnelle. 

Enfin, soulignons la demande pour les entreprises cotées qui changent d’activité pour simplement construire des portefeuilles de crypto-devises. La société Strategy (ex-MicroStrategy) vaut plus de 100 milliards de dollars en bourse, alors qu’elle ne détient que 50 milliards de dollars environ de bitcoins.

Cette euphorie irrationnelle rappelle des épisodes passés comme la bulle Internet, et laisse craindre que la phase « euphorie » du cycle boursier ne précède, comme souvent, une phase de sévère correction.

Pourquoi le FOMO est-il risqué ? Les études comportementales montrent que la peur de rater une opportunité pousse à des décisions précipitées, alimente la formation de bulles et provoque des phénomènes d’emballement suivis de paniques lorsque la tendance se retourne.

L’explosion de l’endettement pour investir

Les indicateurs de recours au crédit (effet de levier) pour spéculer sur les marchés ne cessent de grimper en 2025. Que ce soit sur l’immobilier, les actions ou les produits financiers complexes, les montants empruntés par les investisseurs atteignent des niveaux records, tirés par la recherche de rendement et un accès facilité aux financements alternatifs. 

Les crédits accordés à l’investissement immobilier sont les plus élevés depuis deux ans, tandis que l’appétit pour le private lending et l’investissement à effet de levier connaît une croissance continue.

Une telle généralisation de l’endettement expose le système financier à une réaction en chaîne : plus l’effet de levier est élevé, plus un retournement violent risque de précipiter des ventes forcées, amplifiant la correction.

Cryptomonnaies au plus haut : symptôme d’euphorie ?

Le marché des cryptomonnaies, une fois de plus, flambe en 2025. Le Bitcoin a récemment atteint un nouveau record historique, en dépassant les 120 000 dollars. Cette envolée, soutenue par une vague d’adoption institutionnelle mais aussi par l’arrivée constante de particuliers, est considérée par certains comme un baromètre de l’excès de confiance, voire de l’exubérance irrationnelle des marchés financiers. 

On note également que la volatilité caractéristique de ces actifs n’a pas découragé l’afflux massif de nouveaux entrants, ni l’accumulation de leviers spéculatifs sur des produits dérivés cryptos.

Or, historiquement, la montée synchronisée de multiples classes d’actifs vers leurs plus hauts constitue un signal d’alerte pour les risques de correction généralisée.

Volatilité : des phases anormalement basses… suivies de pics

Un autre indicateur surveillé de près est la volatilité implicite, mesurée notamment par l’indice VIX.

Depuis un pic à plus de 40 début avril, on remarque que l’indice VIX, qu’on appelle aussi l’indice de la peur, est retombé sous son niveau moyen à un peu plus de 15 au 28 juillet 2025. Un niveau aussi bas peut laisser croire à une absence de risques. Mais le graphique ci-dessus montre aussi comment la volatilité peut faire son retour de façon abrupte, quand une annonce politico-économique perturbe le scénario rose et surprend les investisseurs. Ce retour ponctuel de la volatilité illustre à quel point les marchés restent fragiles et susceptibles d’accélérer violemment en cas de choc.

Une volatilité durablement faible crée une illusion de sécurité, incitant à la prise de risques excessifs. Lorsqu’un événement inattendu survient, la transition vers une forte volatilité peut provoquer des ventes massives et auto-entretenues.

Analyse macro-psychologique : de la confiance à la vulnérabilité

Les marchés ne sont jamais « rationnels » au sens strict. Sir John Templeton rappelait déjà : « Les bull markets naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l’optimisme et meurent dans l’euphorie. » 

La période actuelle, portée par la technologie, la dynamique haussière des cryptos et des valorisations record, correspond — selon le schéma de Templeton — à cette étape terminale d’euphorie où le risque de rupture est maximum.

La psychologie collective, amplifiée par les réseaux sociaux et le trading mobile, accentue la dissémination et la vitesse des réactions de marché. Cela renforce la probabilité d’un retournement brutal dès que la confiance collective vacille.

Pourquoi l’absence totale du marché n’est pas une stratégie optimale : le coût d’opportunité

Qu’est-ce que le coût d’opportunité ?

Quand on lit ce qui précède, on pourrait vouloir se mettre à l’abri d’une correction éventuelle et “tout vendre”, afin de placer la totalité de son épargne sur des supports sûrs, comme le Livret A, le fonds en euros ou un livret bancaire.

Le coût d’opportunité désigne la différence entre le rendement potentiel du choix effectué et celui du meilleur choix alternatif auquel on renonce. Appliqué à la finance, cela signifie que rester en dehors des actifs risqués équivaut à renoncer aux gains potentiels que procurerait le placement dans ces actifs (actions, immobiliers, etc.) par rapport à un actif sans risque ou à la détention de liquidités.

Pourquoi sortir complètement du marché est souvent perdant

Premièrement, prévoir le bon moment pour sortir puis ré-entrer sur le marché est notoirement impossible à réaliser de façon répétée. Nombre d’études montrent qu’une grande partie des rendements à long terme est réalisée lors de quelques sessions de hausse fulgurante ; les rater pénalise lourdement la performance globale. En termes anglo-saxons, le market-timing est impossible à réaliser, même pour les pros.

Par ailleurs, même après des corrections sévères, les marchés d’actions ont historiquement toujours fini par rebondir et atteindre de nouveaux sommets. Quitter le marché pendant ces périodes, c’est risquer de rater les premières phases du rebond, souvent les plus profitables.

En outre, détenir du cash pour se « protéger » peut s’avérer illusoire quand l’inflation érode le pouvoir d’achat et que les taux réels restent négatifs. En effet, les actifs sans risque (Livret A, comptes rémunérés) rapportent typiquement, mais pas toujours, juste de quoi compenser l’inflation. Ils ne rapportent pas de quoi égaler les rendements historiques des actions (typiquement 10% par an en moyenne, sur de longues périodes pour le S&P 500).

Illustration du coût d’opportunité

Prenons un exemple concret. Si un investisseur choisit de rester à l’écart du marché, il doit considérer le rendement qu’il aurait pu obtenir sur l’indice S&P 500 sur la même période. Reprenons la formule classique :

Coût d’opportunité = rendement de l’option écartée – rendement du choix effectué

Si, pendant un an, le S&P 500 avance de 8% alors que les liquidités rapportent 2%, le coût d’opportunité de ne pas être investi en actions s’établit à 6%. Sur plusieurs années, ce différentiel cumulatif pénalisera lourdement la constitution de patrimoine.

Vigilance, discipline et diversification plutôt que prédiction ou panique

Impossible de prédire le retournement du marché

C’est impossible de prédire le retournement du marché actuel de sa tendance haussière. Oui, les conflits géopolitiques sont nombreux, les déclarations de Trump peuvent surprendre et les droits de douane vont sans doute finir par peser sur la santé économique mondiale.

Mais on peut aussi argumenter le contraire : les banques centrales ont vaincu l’inflation galopante et l’IA permettra sans doute de réaliser d’importants gains en productivité dans tous les secteurs de l’économie, ce qui est de nature à soutenir la profitabilité des entreprises.

Stay calm and keep investing ?

Alors que faire dans ce contexte de marché, complexe à analyser. Investir comme si de rien n’était, ou adopter une stratégie plus prudente, quitte à abandonner une partie de la rentabilité visée ?

Pour nous, il n’y a pas de réponse universelle à cette question. La clé reste dans la discipline, et de :

  • Constituer son épargne de précaution, qu’il s’agit de faire travailler sans prendre le moindre risque de perte en capital. Cette poche vous permettra de faire face au coup dur inattendu, et donc d’investir sereinement toute épargne supplémentaire afin de viser des rendements plus attractifs (en prenant des risques mesurés) ;
  • Reconnaître ses biais émotionnels (FOMO, aversion aux pertes…) ;
  • Diversifier ses portefeuilles pour limiter la casse éventuelle en cas de forte baisse des marchés financiers ; 
  • Fuir les effets de mode, et faire uniquement des placements en ligne avec votre stratégie d’investissement 
  • Ne jamais miser plus que ce que l’on peut se permettre de perdre
  • Se souvenir que rester totalement à l’écart des classes d’actifs risqués présente un coût d’opportunité bien réel au fil du temps

En résumé, si les signes de vulnérabilité abondent et justifient plus que jamais la prudence, anticiper et attendre un krach comme unique issue probable du marché n’est jamais une stratégie gagnante. 

Rester investi, adapter la gestion du risque et accepter la volatilité comme inhérente à la croissance des marchés demeurent, historiquement, la méthode la plus robuste pour traverser tempêtes et embellies.

Et si vous souhaitez en discuter avec un expert, n'hésitez pas à prendre contact avec les nôtres.

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