Premiers pas dans l’investissement en art : comment choisir une œuvre d’art ?

Investir en art n’est pas simple

L’art fascine depuis des siècles, tant les amateurs d'œuvres artistiques que les investisseurs avertis à la recherche de rendements financiers. Jadis apanage des mécènes ou des élites, il est désormais perçu comme un actif alternatif à part entière par cette seconde catégorie d’acheteurs. L’art est, pour eux, un outil de diversification patrimoniale, voire une valeur refuge dans des contextes économiques incertains. En outre, l’art permet d’investir dans un actif qui peut vous procurer du plaisir au quotidien (par contraste à l’achat d’une action ou d’une obligation par exemple). 

Pourtant, si l’idée d’investir dans une œuvre d’art séduit, la réalité du marché peut vite dérouter les non-initiés. Le monde de l’art repose sur ses propres codes, son jargon, ses critères de valorisation, et ses risques spécifiques. 

Alors, comment éviter les pièges et faire les bons choix de placement dès le départ ? Comment investir intelligemment, avec discernement et stratégie ? Ce guide s’adresse à ceux qui souhaitent franchir le cap et qui souhaitent investir en art de façon raisonnée, en comprenant ce qui fait, ou défait, la valeur d’une œuvre.

Pour être clair, ce guide n’est pas fait pour ceux souhaitent acheter des oeuvres qui leur font envie et plaisir et qui se laissent - à très juste titre - guider par leurs goûts et leurs émotions, sans considération pour l’attractivité relative du prix d’achat, le rendement possible et la valeur future de revente visée. 

L’art comme investissement : entre passion, diversification et stratégie

Ce qui distingue l’investissement dans l’art des autres formes de placements financiers, c’est d’abord sa dimension sensible. Acheter une œuvre, c’est acquérir un objet unique, chargé de signification, souvent émotionnellement puissant. Et cela peut suffit d’ailleurs pour bon nombre d’acheteurs, passionnés par la peinture du XVIII siècle, les estampes japonaises, le street art ou encore les sculptures en métal. 

Mais au-delà de cette attraction esthétique, l’art peut aussi répondre à des logiques financières. L’indice Artprice, qui mesure les ventes aux enchères dans le monde entier, montre une croissance constante sur plusieurs décennies, avec des rendements attractifs comparés à certains produits boursiers ou obligataires.

Dans un monde où les marchés et les taux d’intérêt sont volatils, l’art apparaît comme une alternative ou un complément potentiellement intéressant aux placements à long terme traditionnels. La classe d’actifs est peu corrélée aux marchés financiers traditionnels, ce qui en fait un excellent outil de diversification. En période de crise financière, sa valeur a historiquement plutôt très bien résisté. Ce n’est donc pas un hasard si de plus en plus d’investisseurs, y compris des institutionnels, s’y intéressent.

Cependant, attention : l’art n’est pas un produit de placement standardisé. Chaque pièce est unique, et sa valeur dépend de nombreux facteurs subjectifs et contextuels. Par ailleurs, il s’agit d’une classe d’actifs peu liquide. La vente d’un Warhol ou d’un Renoir peuvent prendre des mois, sans parler des cycles de vente d'œuvres d’artistes moins connus. C’est pourquoi il est essentiel de s’appuyer sur une démarche rigoureuse (et dépassionnée) si l’on souhaite se lancer sereinement dans l’investissement en art.

Les critères à évaluer avant l’achat

Le premier réflexe d’un acheteur débutant dans une nouvelle classe d’actifs devrait être de comprendre ce qui fait la valeur d’une œuvre d’art. Le nom de l’artiste, bien sûr, est un facteur clé. Un artiste reconnu, déjà présent dans des musées ou collections publiques, dont les œuvres se vendent régulièrement aux enchères, offre un certain niveau de garantie. Par ailleurs, les ventes aux enchères constituent des références de prix réels, permettant d’évaluer l’attractivité relative du prix d’une autre œuvre du même artiste. Cela dit, certains jeunes artistes non encore cotés peuvent connaître une ascension fulgurante, à condition d’avoir le bon réseau, la bonne galerie, et une trajectoire cohérente.

La période de création joue aussi un rôle. Chez un même artiste, certaines périodes sont plus recherchées que d’autres. Par exemple, une œuvre de jeunesse ou de transition peut être moins valorisée qu’une pièce emblématique d’une série reconnue. On peut penser ici à la période bleue de Picasso, ou les œuvres d’abstraction pure de Piet Mondriaan.

La rareté de l’œuvre est un autre facteur déterminant. Les éditions limitées, les pièces uniques, ou les œuvres majeures d’un cycle particulier ont plus de potentiel qu’une production en série ou une œuvre mineure.

En outre, l’état de conservation et la provenance de la pièce sont capitaux. Une œuvre abîmée, mal restaurée ou dont l’origine n’est pas claire, peut perdre de sa valeur, voire être invendable. Il est impératif de demander les certificats d’authenticité, de vérifier les catalogues et de s’assurer que l’œuvre ne fait pas l’objet d’un litige ou d’une provenance douteuse. L'œuvre Le Salvator Mundi, adjugée à 450 millions de Dollars en 2017 parce que attribuée à Léonard de Vinci continue de solliciter les débats, car des rumeurs persistent qu’elle aurait pu être produite par un de ses élèves.

Enfin, il faut être conscient que le prix de l’art évolue aussi sous l’influence des modes et des tendances.  

Faut-il acheter seul ou passer par un expert ?

L’achat direct, que ce soit dans une galerie, chez un marchand ou lors d’une foire d’art, peut sembler séduisant. Toutefois, les risques sont nombreux pour un investisseur débutant : prix non transparents, surcote, et manque de liquidité sont des risques majeurs, sans parler du risque qu’on vous vende un faux … Il est alors plus prudent de s’entourer de professionnels. Les experts indépendants, les conseillers en art, ou certaines plateformes spécialisées offrent des services complets allant de la sélection des œuvres, leur authentification, leur placement dans une galerie et, enfin, à la revente.

Notre partenaire Matis, par exemple, sélectionne des œuvres de grande valeur sur la base de critères rigoureux, propose un cadre juridique sécurisé via des club deals, et gère tous les aspects logistiques et administratifs. C’est une solution pertinente pour les investisseurs souhaitant entrer sur le marché sans nécessairement posséder une expertise poussée. Cette façon d’investir permet également d’investir (à plusieurs) dans une oeuvre d’artistes très connus, valant plus du million d’euros et qu’on n’aurait pas pu acheter seul.

Combien investir et dans quel horizon temporel ?

L’investissement dans l’art ne devrait pas être envisagé pour un retour immédiat. Il s’agit d’un placement de moyen ou long terme, allant de 12 mois à 10 ans, mais où l’incertitude est grande. En effet, le marché est relativement peu liquide : vendre une œuvre peut prendre du temps (ou aller très vite si l'œuvre s’avère être la pièce manquante chez un collectionneur donné). C’est pourquoi il faut considérer l’art comme une classe d’actif complémentaire aux classes d’actifs traditionnels, à laquelle on peut donc consacrer une partie (mais une partie seulement) de son épargne longue mais certainement pas son épargne de précaution.

Concernant les montants, il n’est plus nécessaire aujourd’hui d’être millionnaire pour se constituer un portefeuille d’œuvres d’art. Grâce aux solutions d’investissement fractionné, ou aux achats groupés via des plateformes spécialisées, il est possible d’investir à partir de quelques milliers d’euros. Cela permet de diversifier ses actifs tout en accédant à des pièces prestigieuses.

L’art digital, une nouvelle frontière ?

Depuis l’explosion des NFTs (pour Non-Fungible Tokens) en 2021, l’art numérique a pris une place nouvelle sur le marché. Bien que la spéculation ait reculé, certaines œuvres digitales, bien encadrées juridiquement et soutenues par des artistes reconnus, offrent des perspectives intéressantes. Il s’agit néanmoins d’un marché encore jeune, très volatil, et soumis à des enjeux de propriété intellectuelle complexes. 

L’investissement en art pour diversifier (et jouir de) son patrimoine

Investir dans l’art est une démarche enrichissante, à la croisée de l’émotion, de la stratégie financière et de la culture. Mais comme tout placement, il nécessite méthode, information, et souvent accompagnement par un professionnel. Pour un investisseur débutant dans le domaine, choisir une œuvre d’art ne doit pas être un acte impulsif ou basé sur une simple attirance visuelle. Il s’agit d’un arbitrage raisonné, où il faut conjuguer passion et prudence, intuition et analyse, sensibilité et rationalité.

Avec les bons outils et un accompagnement de qualité, l’art peut devenir une composante solide d’une stratégie patrimoniale, en offrant à la fois une valorisation financière potentielle, une expérience culturelle unique, et une trace tangible dans le temps.