Le produit d’épargne star en France regagne encore en popularité depuis le début de l’année. Pourquoi tant d’intérêt pour ce produit vieux de plusieurs siècles ?
Un taux d’intérêt (enfin) attractif
La collecte de janvier 2023 est la plus importante depuis le même mois en 2009, où les Français avaient collectivement versé plus de 18 milliards sur le même support — merci la crise financière. En parallèle, les épargnants ont également déposé presque 2 milliards d’euros sur leurs Livrets de Développement Durable et Solidaire (LDDS), le cousin du Livret A. Il est clair que les épargnants s’intéressent à nouveau aux supports de placements réglementés, sûrs et accessibles à tout instant.
Source : CDC, Le Cercle de l'Épargne
La récente hausse des taux stimule les dépôts
Et il n’y a pas de doutes : cet appétit est stimulé par l’annonce en janvier du relèvement du taux d’intérêt versés sur ces livrets, de 2 à 3 %.
Cette hausse, proportionnellement importante, amène le taux d’intérêt à son niveau le plus élevé depuis 15 ans, à partir du 1er février. Alors qu’il était encore à son plus bas historique de 0,50% en janvier de l’année dernière !
Visuellement, le 3% attire le regard, surtout que cette rémunération est sans risques et associée à une épargne qui reste parfaitement liquide. On peut retirer les fonds déposés sur un Livret A quand on veut.
Un taux attractif, pour un placement sans risques
Par ailleurs, ce niveau de rémunération est attractif relativement aux autres solutions de placement sans risques.
- Les comptes courants ne versent aucun intérêt ;
- Le contrat assurance vie en euros a versé environ 2% en moyenne en 2022 (et les retraits — appelés “rachats partiels”dans le monde assurantiel — requièrent souvent une démarche plus longue qu’un simple retrait du Livret A) ;
- Les livrets d’épargne bancaires des grandes enseignes bancaires versent un intérêt faible, typiquement de l’ordre de 0,15%.
- À noter qu’il existe aussi des “super livrets”, dont celui de Cashbee, qui méritent votre considération. Ils ne souffrent pas du plafonnement à 22 950€ du livret A, mais leurs bénéfices sont imposables.
Se protéger contre l’inflation ?
Au-delà de l’attractivité faciale d’une rémunération à 3%, l’accroissement des dépôts sur le Livret A est sans doute aussi une conséquence des craintes légitimes des Français sur leur pouvoir d’achat. Celui-ci souffre de l’inflation, qui a fortement augmenté l’année dernière.
Pour se protéger contre les effets de l’inflation, les Français ont transféré des liquidités qui dormaient sur leurs comptes courants (et qui n’étaient donc pas rémunérées) vers des supports sûrs, mais sur lesquels l’argent travaille.
Plutôt logique, non ?
Absolument, mais dans la vraie vie, les humains ne se comportent pas toujours de façon parfaitement logique. Dans le domaine des finances personnelles par exemple, la Banque de France a constaté que les dépôts à vue — l’argent qui dort sur des comptes courants — ont plus que doublé, de 257 milliards d’euros à la fin de 2014 à plus de 543 milliards d’euros en juillet 2022. Dans un contexte où l’inflation était quasiment nulle, les épargnants ont choisi de déposer des centaines de milliards d’euros sur des comptes bancaires qui ne leur rapportaient rien.
Mais depuis l’été dernier, le comportement des ménages a changé, car se protéger contre l’inflation est redevenu une problématique tangible. Et transférer de l’argent du compte courant vers son Livret A est une mesure relativement efficace pour résoudre le problème. Ainsi, l’encours des dépôts sur les comptes courants s’est réduit de presque 19 milliards d’euros au quatrième trimestre 2022.
Une démarche facile… mais insuffisante
Le virement vers le Livret A (ou les Super Livrets) est facile mais ne suffit malheureusement pas pour totalement se protéger contre l’inflation. En effet, le rendement de 3% ne suffit pas pour complètement compenser la hausse des prix à la consommation, qui est de l’ordre de 5% environ. Dit autrement, le rendement réel du Livret A reste bien négatif.
Le Livret A : un placement sans risque et accessible
Alors, pourquoi ce comportement qui n’est que partiellement efficace contre l’inflation ? Parce que le Livret A, tout comme les Super Livrets d’ailleurs, offre deux avantages supplémentaires par rapport à de nombreuses autres formes de placement. Les dépôts y sont sûrs et l’épargne n’est pas bloquée.
Dans un contexte incertain (mouvements sociaux probables, récession économique possible, guerre en Ukraine, …), les Français cherchent à renforcer leur bas de laine. Ils préfèrent consommer moins que de puiser dans leurs réserves. Et sont encore trop incertains pour oser investir en bourse, même sur des supports modérément risqués.
Le Livret A est plafonné
Le Livret A est donc une bonne solution pour l’épargne de précaution des Français. Celle dont on doit pouvoir disposer en cas de coup dur. Mais rappelons que sa rémunération ne s’applique que sur les 22 950 premiers euros déposés. Au-delà de ce montant, il faut trouver d’autres supports pour son épargne.
Les Super Livrets à la rescousse
C’est là où les Super Livrets constituent une solution alternative pertinente. Les meilleurs, dont celui de Cashbee, versent dorénavant 3% pendant plusieurs mois, suivie d’un taux très largement supérieur à celui versé par les grandes enseignes bancaires.
Le taux boosté des premiers mois peut être soumis à une limite de montant également, mais celle-ci est typiquement bien supérieure au plafond du Livret A. Dans le cas du livret Cashbee par exemple, le taux de 3% s’applique jusqu’à 150 000 euros.
Les dépôts sur ces Super Livrets se retrouvent bien sur des livrets ouverts auprès de banques françaises, supervisées par la Banque de France. À ce titre, ils bénéficient de la garantie du Fonds de Garantie des Dépôts à hauteur de 100 000 euros par personne par banque.
La rémunération de ces super livrets ne permet toujours pas de contrer pleinement les effets rongeurs de l’inflation, mais c’est radicalement mieux que de laisser dormir son argent sur un compte courant (ou sur le livret d’épargne d’une grande banque).
Le Livret A… finance le nucléaire ?
Grâce à la collecte record, les encours sur le Livret A ont atteint un maximum historique : plus de 380 milliards d’euros. Auxquels il faut rajouter les 136 milliards de plus déposés sur le LDDS.
Source : CDC, le Cercle de l'Épargne
Et ces encours vont probablement continuer de monter : le premier semestre est historiquement favorable au Livret A. Ce qui pose la question : que vont devenir ces nombreux dépôts ?
Selon la loi, cet argent doit être utilisé en priorité pour financer la construction de logements sociaux. Mais un débat a commencé sur l’utilisation possible de ces fonds pour financer de nouvelles centrales nucléaires. Une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Nous vous laissons en juger.
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