Les valorisations boursières montent : est-ce dangereux ?

Feb 20, 2024

La montée des indices boursiers est très concentrée 

Trois des Sept Magnifiques tirent les US

Un peu dans la continuité de l’année dernière, la poursuite de la hausse des cours de bourse est très concentrée aux États-Unis. Elle fut propulsée l’année dernière par la hausse des cours de bourse des Magnificent Seven, les sept mastodontes de la tech que sont Alphabet (parent de Google), Apple, Amazon, Meta, Tesla, Nvidia, et Microsoft.

Depuis, Tesla dévisse après avoir ajusté fortement ses perspectives de ventes pour l’année en cours, et Apple a perdu de sa superbe à cause du ralentissement de ses ventes en Chine notamment.

Mais les prix des actions des sociétés les plus exposées à la thématique de l’Intelligence Artificielle, c’est-à-dire Meta, Microsoft et surtout Nvidia, ont continué de grimper. Ainsi, la capitalisation boursière de cette dernière s’est adjugée plus de 50% depuis le début de l’année ! Nous ne sommes qu’en février. 

Et si cela ne vous impressionne pas, sachez que cette hausse représente pas loin de 600 milliards de Dollars, soit la valeur boursière combinée de L’Oréal, Hermès, Stellantis et BNPParibas.

La belle progression de ces trois entreprises représente à elle seule plus de la moitié de la progression de l’indice S&P 500, comme l’illustre le graphique ci-dessous, publié dans le Financial Times. C’est-à-dire que les 497 autres valeurs boursières incluses dans l’indice américain représentent, collectivement, moins de la moitié de la hausse du marché à date.

La concentration de la performance boursière est plus forte en Europe

En Europe, le contraste entre les valeurs qui tirent la bourse et les autres est encore plus saisissant. En effet, en date du 9 février, en excluant la hausse des cours de bourse de :

  • ASML (producteur néerlandais de machines ultra-sophistiquées qui permettent la fabrication de puces électroniques), 
  • Novo Nordisk, la société pharmaceutique danoise, leader dans le domaine des médicaments visant la perte de poids, et 
  • SAP, le fournisseur de logiciels allemand,

la hausse de près de 2% de l’indice dans son ensemble se serait traduit par … une baisse de 0,3%. L’image est un peu plus nuancée aujourd’hui, mais cela reste parlant.

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Le risque d’une (violente) correction boursière

Les krachs boursiers du passé

Étudions brièvement les krachs boursiers du passé, pour voir si les conditions de marché de l’époque présentent des similitudes avec l'environnement de marché actuel.

De prime abord, nous pourrions notamment nous pencher sur l’éclatement de la bulle internet, à la fin des années 1990. Des jeunes sociétés, promettant de révolutionner des secteurs entiers de l’économie grâce à l’internet, ont vu leurs valorisations boursières exploser. Pour retomber brutalement lorsque la bulle a éclaté.

La violente correction avait été déclenchée par les déclarations d’Alan Greenspan, à l’époque le président de la Federal Reserve. Pour lui, les cours de bourse des sociétés comme pet.com était représentatif de l’“exubérance irrationnelle” des investisseurs. Il faut dire qu’à cette époque de plus en plus de jeunes entreprises, très déficitaires, étaient valorisées sur la base du nombre de clics (passages sur leurs sites web) qu’elles généraient …    

L’engouement actuel pour les quelques entreprises technologiques très axées sur l’IA est-il comparable à l’appétit aussi insatiable qu’infondé de l’époque pour toute entreprise visant à disrupter l’économie mondiale grâce à l’essor de l’internet ?

Après tout, au cours de bourse actuel, les actions de Nvidia s’échangent à plus de 100 fois les bénéfices. Ce multiple est légèrement au-dessus de 20 pour l’indice S&P 500 … 

On peut répondre à la question ci-dessus d’au moins trois façons :

L’IA est une véritable révolution économique

La première consiste à voir la vie en rose et de croire au scénario optimiste. Si le déploiement rapide de l’Intelligence Artificielle va véritablement conduire à une nouvelle révolution technologique, alors les acteurs qui y occupent une place prépondérante seront les grands vainqueurs de demain.

Nvidia aux US et ASML en Europe en feront sans doute partie, car la demande pour les puces électroniques puissantes, nécessaires pour faire tourner les modèles d’IA restera forte pendant des décennies.

Dans ce scénario, il est logique que les multiples de ces sociétés atteignent des sommets, puisque les revenus futurs de ces leaders continueront de croître.

La correction technique

Le problème est qu’il n’est pas encore certain que l’IA - certes très en vogue - soit aussi disruptif que cela. Si les premières applications de cette technologie sont prometteuses, il existe encore de grands doutes sur les risques qu’elle peut engendrer. Par ailleurs, si les applications de l’IA sont vraiment aussi vastes que ses plus fervents fans le prétendent, il faudra tenir compte des licenciements de masse qu’elle pourrait provoquer. Qui pèseraient sans doute sur la santé de l’économie mondiale.

Dans un tel scénario, deux issus possibles.

Premièrement, les investisseurs, conscients de s’être laissés emporter un peu trop loin, calment leur enthousiasme actuel. Ils réduisent leurs volumes d’achat et font stagner la progression des cours, voire même les font retomber modestement.

Mais en même temps, ils tiennent compte du fait que Microsoft, Meta et Alphabet sont de solides entreprises, très profitables. Qui génèrent des bénéfices gigantesques grâce à leurs activités “traditionnelles”. Comme vendre de la pub sur les réseaux sociaux (Meta) ou sur les moteurs de recherche (Alphabet) ou gérer des données dans le Cloud (Microsoft).

Le melt-down

Alternativement, l’enthousiasme actuel se révèle être similaire à cette “exubérance irrationnelle” dont parlait Alan Greenspan en 1996. Et dans ce cas là, il faut craindre l’étincelle qui mettra le feu aux poudres, déclenchant une baisse considérable des cours de bourse des géants de la tech. 

Qui causerait une nervosité plus générale parmi les investisseurs, conduisant à son tour à une correction plus large de la bourse. 

Sans que ce soit la définition officielle, on parle typiquement d’un krach boursier lorsque les cours de bourse s’effondrent de 20% ou plus en quelques jours. 

Sans boule de cristal, que faire ?

Nous ne pouvons pas prédire le futur. Nous ne savons pas lequel de ces trois scénarios possibles se rapprochera le plus de la réalité. Donc nous en revenons aux fondamentaux.

Diversifier ses placements / son portefeuille

Ne pas mettre tous ses oeufs dans un même panier. C’est un conseil de grand-mère, auquel nous croyons, notamment si vous n’êtes pas un expert financier et que vous ne pouvez pas consacrer une grande partie de votre temps quotidien à vos affaires financières et la gestion de votre patrimoine. 

Il est bon de combiner des placements visant des rendements élevés (comme par exemple des investissements en actions) avec des investissements plus prudents, certes moins profitables, mais qui résistent en cas de correction de marché. Dans cette seconde catégorie, nous pensons notamment aux obligations.

Cette diversification peut aussi se faire au sein d’une même classe d’actifs. La partie de votre portefeuille dédiée aux actions, peut inclure des valeurs dites “de croissance” (les growth stocks) mais aussi des valeurs plus défensives, dites de valeur (les value stocks). Les actions de Nvidia et de Meta se retrouvent dans la première catégorie, ceux d’Engie, de BNPParibas et de Coca Cola plutôt dans la seconde.

Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut vendre vos actions Nvidia (si vous faites partie de ceux qui en possèdent). Mais simplement qu’il est prudent de ne pas acheter que des actions de Nvidia.

Comprendre ses investissements

Dans un marché haussier, il est parfois tentant de suivre les conseils de son jeune collaborateur qui vient de doubler sa mise en pariant sur une crypto-devise avec un nom ludique, ou sur une action d’une entreprise qui promet de disrupter le monde. 

Mais avant de céder à la tentation, faites quelques vérifications simples. Pas besoin d’avoir un doctorat en science pour comprendre le modèle d’affaires d’une entreprise (d’où est-ce qu’elle tire ses revenus ?), sa rentabilité (est-ce qu’elle est profitable, depuis combien de temps et est-ce que ces profits sont en croissance d’année en année ?) et son orientation stratégique.

Et si vous ne comprenez pas un investissement et/ou les risques qui y sont associés, alors, soit n’y allez pas, ou, si vous y allez, acceptez le fait que vous jouiez au loto.

Éviter le market timing

Évidemment, la technique idéale serait de rester investi et de profiter de la hausse des marchés jusqu’à la prochaine correction. Et de vendre ses positions juste avant que la baisse ne s’enclenche. 

Malheureusement, cela revient à prédire les marchés. Ce que les plus grands professionnels et les investisseurs légendaires admettent ne pas savoir faire. 

Donc tenter de “timer” le marché, afin de trouver les meilleurs points d’entrée, pour vendre au plus haut, n’est pas réaliste. Et essayer de le faire est au mieux futile, et au pire, financièrement désastreux. Nous recommandons plutôt l'inverse, c'est-à-dire de mettre de côté et d'investir régulièrement, de telle sorte à compenser les investissements qui se font proches des plus hauts, par des placements qui se feront à des points d'entrée plus favorables. On appelle cela le technique du Dollar Cost Averaging.

Les produits structurés à la rescousse ?

Enfin, nous pensons que dans un contexte où l'on peut être tiraillé entre la possible poursuite de la hausse du marché boursier et une potentielle correction à venir, les produits structurés ont un rôle à jouer.

Les produits structurés sont conçus pour délivrer un rendement cible (par exemple 10% par an) sous certaines conditions. En contrepartie de la limitation des gains possibles - 10% l’an dans cet exemple -, l’investisseur bénéficie typiquement d’une protection partielle ou totale sur son capital investi. C’est-à-dire que pour un produit structuré à capital garanti, dans le pire des scénarios, l’investisseur est certain de retrouver le montant initialement placé à l’échéance du placement.

Pour un investisseur qui craint une possible correction boursière, mais qui souhaite viser des rendements supérieurs à l’inflation, allouer une partie de son portefeuille à ce type de produit peut faire sens.

Attention, il s’agit de produits relativement complexes, qu’il s’agit de bien comprendre (selon notre recommandation ci-dessus !). Nous y avons donc consacré plusieurs articles explicatifs.

Si vous souhaitez voir quelques exemples de produits structurés, notre site en propose. Bonne lecture !

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