Vous commencez à épargner avec pour objectif de faire fructifier vos économies ? Alors cet article est pour vous. Avec, pour commencer, une douche froide : il est fort peu probable que vous bénéficierez des rendements que vos parents ont pu réaliser. Ce qui ne fait que renforcer l’importance des recommandations qui vont suivre.
Des grands principes à connaître, mais qui ne suffiront pas
Les grands classiques de l’investissement intelligent
Les grands principes de l’investissement dont il faut avoir connaissance sont des classiques :
- Commencez à investir le plus tôt possible, cela donnera le plus de temps possible pour que l’effet des intérêts composés se fasse sentir ;
- Méfiez-vous des commissions et autres frais, qui pèsent sur votre rendement net ;
- Diversifiez vos placements ;
- Ne cherchez pas à “timer” le marché, même les plus grands experts ont du mal ;
- Ne succombez pas aux émotions de crainte et de panique qui peuvent vous envahir quand ça tangue.
Ce sont des principes très utiles, qui vous permettront de bien débuter votre vie d’investisseur. Malheureusement, vous devrez tenir compte d’un élément nouveau, qui s’applique aux jeunes épargnants néophytes dans le domaine des placements financiers : selon toute probabilité, vos investissements ne vont pas rapporter autant que ceux de vos parents.
En investissement, un âge d’or vient de se terminer
Les quatre décennies précédant 2021 furent exceptionnelles pour tous ceux qui avaient de l’argent à placer. Sur cette période, l’indice actions monde a affiché un rendement annuel réel (c’est-à-dire corrigé de l’inflation) de 7,4%, même si on tient compte de la crise financière de 2008. Et les marchés obligataires ont également performé, fournissant un rendement réel annuel de 6,3%.
Par contraste, sur les huit décennies précédentes, les marchés actions ont généré des gains réels de 4,3% (par an) alors que les marchés obligataires n’ont fait qu’égaliser l’inflation. C’est-à-dire qu’ils n’ont généré aucun rendement réel.
Nous n’avons pas de boule de cristal, mais il est fort probable que pour les décennies à venir, les rendements réels seront inférieurs à ce que nous avons connu jusqu’en 2021.
Un contexte radicalement différent
Le contexte macro-économique a fondamentalement changé, au moins de trois façons :
Premièrement, une bonne partie de la performance financière récente résulte de la globalisation de l’économie mondiale. Or la crise du Covid, la transition énergétique et les tensions géo-politiques conduisent naturellement à une relocalisation partielle des activités économiques.
Deuxièmement, l’inflation est de retour. Elle est de nouveau en baisse, après avoir atteint des pics en 2022, mais une période longue où l’inflation est tout simplement absente n’est pas à l’ordre du jour.
Troisièmement et surtout, nous sortons d’une période très longue durant laquelle les taux d’intérêts étaient, directionnellement, orientés à la baisse. L’inverse est vrai aujourd’hui.
Par conséquent, les choix d’investissement seront plus complexes pour les jeunes investisseurs. Trois questions se posent à eux :
- Combien mettre de côté ?
- Comment placer cette épargne, dans des marchés financiers probablement moins porteurs ?
- Comment le faire en parfaite adéquation avec ses valeurs morales ?
Les dangers pour les investisseurs qui débutent aujourd’hui
Le danger du biais historique
Dans toute proposition commerciale d’un placement financier, c’est écrit noir sur blanc : “la performance du passé n’est pas un indicateur de la performance future”. On y est tellement habitué qu'on n’y prête pas nécessairement attention. Il n’empêche qu’il est difficile d’ignorer les longues années durant lesquelles les marchés financiers ont fourni des rendements (très) élevés.
De nombreux épargnants, jeunes et moins jeunes, anticipent, de façon consciente ou pas, que les rendements moyens des dernières décennies vont forcément se matérialiser dans les années à venir. Il en résulte qu’un certain nombre d’entre eux finissent par ne pas épargner suffisamment. Parce qu’ils partent du principe (fallacieux) que les retours sur investissement à venir les aideront à constituer une partie (trop) importante de leur patrimoine futur.
Les rendements inhabituellement élevés du passé augmentent la probabilité de rendements modestes à venir
Pour saisir ce second danger, le plus simple est probablement d’analyser la longue descente des taux d’intérêts, entamée dans les années 1980. Puisque les prix des obligations évoluent inversement à l’évolution des taux d’intérêts, cette baisse a conduit à des gains importants pour les détenteurs d’obligations. Mais plus les taux d’intérêts se sont rapprochés de zéro, et moins il est possible d’envisager des gains en capitaux dans le futur. Alors oui, les taux longs sont de nouveau positifs (environ 4,50% pour le US Treasury à 10 ans). Mais le point de départ dans les années 1980 était des taux d’intérêts supérieurs à 15% sur la même maturité ! Autrement dit, la possible appréciation des obligations est bien moins grande aujourd’hui qu’elle ne le fut à l’époque.
Côté actions, le contexte n’est pas dissimilaire. Certes, les cours de bourse ont fortement corrigé en 2022. Mais en 2023, une grande partie de cette chute des cours a été rattrapée. Alors même que les profits des entreprises n’ont pas, en moyenne, explosé et que très peu d’analystes prévoient qu’ils le feront dans le contexte économique actuel. Or, sans augmentation considérable et prolongée dans le temps des profits, les seules issues possibles sont une nouvelle correction boursière, ou des années de stagnation des cours de bourse. Évidemment, nous parlons en moyenne, et il y aura sûrement des entreprises cotées qui connaîtront une ascension fulgurante de leurs profitabilité et donc de leurs cours de bourse. Mais quand même …
Dans un contexte de marché difficile à lire et peu enviable, il est d’autant plus important de prendre les bonnes décisions d’investissement.
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Ouvrir un livretQuelques avantages structurels pour les nouveaux investisseurs
Si le contexte est complexe, les investisseurs débutants disposent tout de même de certains avantages par rapport aux générations d’investisseurs qui les ont précédés.
Tout d’abord, ils disposent d’un meilleur accès à l'information financière et aux actualités. Grâce aux réseaux sociaux, les blogs (The Interest, …), les newsletters (dont certaines sont gratuites, comme la nôtre!), mais aussi grâce aux chaînes de télévision (Bloomberg TV, BFM ,...) et journaux (Investir, Capital, Challenges, …) dédiés à l’investissement.
Ensuite, la concurrence et l’innovation rendent l’accès aux placements beaucoup plus accessible et moins coûteux. Les ETFs (Exchange Traded Funds) permettent d’investir dans des indices boursiers divers, avec des montants modestes. Des plateformes d’épargne digitale, comme Cashbee par exemple, permettent d’investir depuis son smartphone et d’accéder à des classes d’actifs auparavant réservées aux élites, comme par exemple le private equity ou encore les produits structurés.
Les écueils à éviter
Garder trop de cash
En France, culturellement, les épargnants n’aiment pas le risque. Ici, comme ailleurs, il arrive donc fréquemment qu’ils préservent une trop grande proportion de leurs économies en liquidités, qui ne rapportent rien ou quasiment rien. Ce qui est néfaste pour le pouvoir d’achat dans un contexte inflationniste. Et ce qui vous fait passer à côté de l’appréciation des marchés financiers lors que la bourse décolle, comme ce fut le cas en 2023. C’est ce qu’on appelle le coût d’opportunité.
Il se trouve que les jeunes conservent - proportionnellement - plus de leur épargne en cash que les générations plus âgées. Une étude par le gestionnaire d’actifs Vanguard démontre ainsi qu’aux US, à la fin de 2022, la génération Z (personnes nées après 1996) détenait 29% de leur épargne en cash, contre seulement 19% des baby-boomers (nés entre 1946 et 1964).
La réticence à détenir des obligations
Toujours selon la même étude, les membres de la génération Z ne détenaient que 5% d’obligations dans leurs portefeuilles (vs. 20% pour les baby-boomers). Et cela peut se comprendre lorsqu'on tient compte de l’état des marchés financiers dans lequel la génération Z a grandi.
Pendant de longues années suivant la crise financière, les obligations étatiques émises par les grandes puissances économiques ne donnaient quasiment aucun rendement. Il y a même eu plusieurs années consécutives où les rendements sur ces actifs obligataires étaient négatifs !
Mais les choses ont bien changé, et les rendements sur les obligations ont significativement augmenté. Notamment sur celles émises par des entreprises. Statistique importante : ils dépassent considérablement le niveau de l’inflation, pour donner un rendement réel positif.
Attention à la mode de l’ESG
Nous sommes fans de l’investissement responsable et sommes convaincus que l’allocation de l’épargne peut et doit jouer un rôle dans la transition énergétique et la protection de la planète.
Mais nous pensons aussi que l’investissement responsable n’est pas un secteur uniforme et qu’il peut s’avérer coûteux de suivre cette thématique de placement aveuglément. Il est facile de se faire avoir par une approche marketing qui fait appel à vos valeurs morales.
Malheureusement, il en est ainsi pour de nombreux fonds labellisés ESG (pour Environnement, Social et Gouvernance). Car la distinction entre des fonds ESG et des fonds “traditionnels” n’est pas si grande. Dans les faits, selon une récente étude de la prestigieuse université d’Harvard Business School, les fonds labellisés ESG facturent des commissions plus importantes que les fonds classiques, mais 68% de leurs placements sont investis dans les mêmes actifs que les fonds traditionnels.
Encore une fois, cela ne veut pas dire que tous les fonds “verts” sont (trop) chers ou pas assez responsables. Cela veut simplement dire qu’il s’agit de faire ses recherches dans ce domaine, si c’est un facteur qui compte pour vous. Et de reconnaître que cela peut conduire à une perte d’opportunité (financière) parce que vos placements verts vont probablement exclure des secteurs (armement, extraction de pétrole, …) qui pourraient être générateurs de rendements (financiers) attractifs.
Difficile de changer ses habitudes en investissement
Dernier élément de conseil pour le jeune investisseur qui débute. De façon générale, quand une personne adopte des habitudes, difficile d’en changer plus tard. Il en est de même en investissement.
L’étude de Vanguard le montre d’ailleurs. Les générations qui ont investi proportionnellement beaucoup en actions, durant les années de forte hausse boursière, maintiennent des allocations importantes vers cette classe d’actifs des décennies plus tard.
Il est donc fort probable que les jeunes investisseurs d’aujourd’hui adoptent des stratégies qu’ils continueront à suivre lors des décennies à venir.
Il nous semble qu’il est alors d’autant plus important d’adopter les principes fondamentaux (listés en début d’article), de reconnaître le contexte de marché actuel comme étant différent de celui qui a prédominé depuis 1980 et d’éviter les écueils identifiés ci-dessus.
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