Les 10 placements pour 2022: on fait le point

Dec 15, 2022

Heureusement qu’en introduction de notre liste des 10 placements à considérer, le 2 décembre 2021, nous avions précisé qu’il ne s’agissait QUE de suggestions, et que le contexte nous semblait compliqué. Un an après, il faut bien confronter nos idées à la réalité, ne serait-ce que pour en tirer quelques leçons.

Pour relire notre argumentation pour chacune de nos idées, n’hésitez pas à consulter notre article de l’année dernière ici. 

Revoyons maintenant nos 10 idées une par une, de façon dépassionné et auto-critique !

1. Le compte rémunéré Cashbee 

Risque : inexistant

Bien joué, bonne pioche. Car non seulement il a bien joué son rôle de support sans risque, mais en plus, dans un contexte de hausse des taux, sa rémunération a naturellement augmenté. En décembre dernier, notre livret rapportait 2% pendant les 3 premiers mois, suivi de 0,6%. Aujourd’hui, c’est 3% pendant 4 mois (dans la limite de 150 000 euros), puis 1,2%. Certes, nous sommes encore en dessous de l’inflation, mais au moins l’argent travaille et reste toujours accessible.

Note : 18 / 20. Alors que les marchés financiers ont été fortement chahutés, et que de nombreuses classes d’actifs, dont notamment les actions et les obligations, ont souffert de corrections significatives, le livret Cashbee a délivré ses promesses de sécurité et d’accessibilité. Mieux, son taux a été relevé à plusieurs reprises durant l’année et figure systématiquement parmi les meilleures offres de marché.

2. Les obligations indexées sur l’inflation 

Risque : faible

L’idée sous-jacente était d’identifier des placements dont la valeur augmente avec l’inflation, afin de bénéficier de sa hausse. L’indice “ICE BofA Euro Inflation-linked Government Index” constitue un outil pour le faire. Depuis un an, cet indice a perdu 5,2%. Il perd bien moins que les indices obligataires traditionnels, mais ce ne fut pas un pari gagnant. Pour cela il aurait fallu se couvrir contre le risque de taux, ce que nous n’avions pas précisé dans notre note initiale.

Note : 11/20 L’idée était pertinente, mais nous avons failli dans son exécution. Pour pleinement profiter d’une hausse de l’inflation, il s’agit d’isoler cet élément le plus possible. Or un indice constitué d’obligations indexées sur l’inflation vous expose aussi à l’évolution des taux d’intérêt. Pour rappel : les taux d’intérêt et les prix des obligations évoluent en sens inverse. 

3. L’immobilier en pierre-papier

Risque : faible à modéré

Notre thèse était, et reste, que l’immobilier résiste traditionnellement bien à l’inflation. Et nous avions identifié la montée de l’inflation comme un des principaux risques pour l’investisseur en 2022. 

Cela se vérifie partiellement pour Cashbee Immo investi dans les OPCI Pierre Europe (Sofidy) et Diversipierre (BNPParibas), dont les prix n’ont que légèrement baissé au 30 novembre. Pierre Europe accuse une baisse de 4,6% et Diversipierre de 2,74%. Cette légère baisse s’explique notamment parce que les OPCI investissent obligatoirement en partie dans des titres cotés de sociétés foncières, aux côtés de leurs placements dans des actifs immobiliers. C’est la baisse des valorisations des sociétés cotées qui a pesé sur la performance des OPCI sélectionnés. 

En revanche, notre placement Équilibre, composé à 50% du fonds Euro Netissima et à 50% de SCI (Société Civile Immobilière), c'est-à-dire de fonds investis à 100% directement dans l’immobilier, affiche des performances nettement positives. En effet, les SCI sélectionnées affichent à date des perfs de +3,67% (pour SC Capimmo) et +4,77% (pour SC GF Pierre).

Note : 14 / 20

4. Les aristocrates du dividende

Risque : moyen

Notre thèse pour cette alternative se résumait ainsi : nous craignions une potentielle correction des marchés actions (nous n’avons pas été déçus) et préconisions de privilégier des actions défensives, connues pour leurs historiques de versement de dividendes. Des valeurs connues comme des “Aristocrates du Dividende”. Nous avions alors choisi comme référence L’Oréal et Roche, dont les actions valaient 403 euros et 384 francs suisses respectivement.

Le 12 décembre, ces deux actions valent 351 euros et 370 francs suisses respectivement, en baisse de 13% et 3,6% respectivement. Mais nous aurions touché un dividende de 4 euros sur l’action l’Oréal et de 9,30 francs suisses sur l’action de Roche. 

La bonne conviction, mais pas les meilleurs choix parmi les valeurs verseurs de dividendes. Dans le secteur du luxe Hermès et LVMH sont approximativement stables par rapport à leurs cours d’il y a 12 mois. Dans le secteur pharmaceutique, Novartis est en hausse de 15% environ.

Note : 12/20. Excellente idée mais mauvais choix dans les valeurs de référence. 

5. Les valeurs bancaires européennes

Risque : moyen

Notre raisonnement était le suivant : si les taux se mettent à monter, les grandes banques de détail en profiteront — car elles prêteront à des niveaux de taux plus élevés, tout en essayant de ne pas rémunérer les dépôts. Par ailleurs, en termes de multiples, le secteur bancaire nous paraissait attractif (relativement aux autres secteurs).    

Nous n’avions pas indiqué nos banques préférées, donc prenons comme référence l’indice des valeurs bancaires en Europe, le STOXX Banks EUR. Celui-ci s’affichait à 96 euros environ il y a un an. Aujourd’hui il s’échange à un prix de 92,65 euros, en baisse de 3,5% sur 12 mois.

L’indice sur-performe donc bien l’indice actions Européen général, l’Eurostoxx 50 (en baisse de 8,3%). Les banques bénéficient bien des taux plus élevés, mais leurs activités de conseil sont en forte baisse, car le volume des fusions et acquisitions et d’introductions en bourse est en chute libre. Et les anticipations d’une possible récession font craindre une baisse plus générale du chiffre d’affaires des banques ainsi qu’une potentielle hausse du nombre de défauts.

Bref, une idée pas idiote, mais nous avions sous-estimé le risque accru de récession.

Note : 11/20, il aurait fallu pousser le raisonnement plus loin, mais l’idée pourrait potentiellement payer en 2023 ?    

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6. L’eau 

Risque : élevé

La thématique est des plus simplistes : nous sommes de plus en plus nombreux sur terre et l’eau est une ressource de plus en plus rare. Sur le long terme, les sociétés qui se focalisent sur son traitement et sa distribution devraient réussir.

Nous avions choisi comme références le Water Fund, géré par les équipes de Pictet (dont la part cote aujourd’hui à 454 euros vs. 509 euros il y un an) et le Thematics Water Fund (151 euros aujourd’hui vs 164 euros il y a un an). Des placements en baisse de 11% et 8% respectivement, mieux que l’indice S&P500, mais un peu moins bien que le CAC 40.

Sans rien enlever à la pertinence de la thématique, il est clair aujourd’hui que la baisse générale des valorisations n’a pas épargné les entreprises actives dans ce secteur. 

Note : 10/20. La performance de ce placement nous rappelle qu’il ne suffit pas d’identifier des entreprises et/ou des secteurs porteurs. Encore faut-il pouvoir y investir à des conditions attractives. 

7. La cybersécurité 

Risque : élevé

Le raisonnement sous-jacent était le suivant. Les cyber-attaques sont en hausse constante, il s’agit, pour utiliser des termes crus, d’un secteur en plein boom. Logiquement, le besoin de se protéger contre des attaques de plus en plus sophistiquées devrait suivre. En conséquence, le secteur de la cybersécurité devrait poursuivre son expansion fulgurante. 

Pour miser sur cette théorie, nous avions sélectionné le First Trust Nasdaq Cybersecurity ETF et le Prime Cyber Security ETF, dont les parts s’échangent aujourd’hui à 41 dollars et à 46 dollars respectivement (vs 50 et 59 dollars, en décembre dernier). Soit une performance de -18% et -22%.

Note : 8 / 20. La correction des marchés financiers a notamment affecté le secteur de la tech et des sociétés en forte croissance (aussi appelés “growth stocks”). Car la hausse des taux est traditionnellement perçue comme un facteur qui pèse sur les sociétés en forte expansion, ayant de gros besoins de financement. Les sociétés spécialistes en cybersécurité constituent un sous-segment de cette catégorie. Être actif sur un marché en croissance constante ne suffit pas pour se protéger contre des évolutions fondamentales de marché. 

8. Le crédit carbone

Risque : élevé

L’idée de ce placement repose sur l’importance grandissante que la protection de l’environnement et de la planète prend dans la vie d’une entreprise. Que ce soit sous la pression de leurs actionnaires ou des gouvernements, les sociétés cotées sont de plus en plus nombreuses à afficher leurs ambitions en termes de neutralité carbone. Ce qui force un nombre croissant d’entre elles d’acheter des crédits carbone, afin de contrebalancer leur empreinte carbone. 

Pour exploiter cette thématique nous avions suggéré le KraneShares Global Carbon ETF, dont la part valait 48 dollars, le 2 décembre 2021. Aujourd’hui elle en vaut autant. Donc un placement théorique qui aurait préservé sa valeur dans un contexte morose et compliqué.

Note : 15/20. Analyse juste, identification du bon support pour “jouer” la thématique identifiée et préservation du capital dans une année de fortes corrections méritent une bonne note.

9. Les actions chinoises 

Risque : très élevé

Nous vous avions prévenu, cette stratégie d’investissement était à très haut risque. Les actions chinoises avaient déjà beaucoup corrigé, l’idée était de miser sur leur potentiel rebond. Mais nous avions souligné qu’il pourrait être encore trop tôt de s’aventurer sur ces valeurs.

Parmi les valeurs possibles, nous avions retenu l’action d’Alibaba, qui s’échangeait alors à un prix de 122,50 dollars, après une belle dégringolade de son plus haut de 309 dollars, atteint en octobre 2020.

Nous avions raison de nous méfier. L’action ne vaut que 90 dollars aujourd’hui (sachant que son prix a touché un plus bas de 63 dollars en octobre de cette année). Donc une baisse de plus de 25%.

Note : 8 / 20. La suggestion n’était pas idiote, mais elle démontre combien il est difficile de “timer” le marché. L’évolution de l’action d’Alibaba, comme pour les autres mastodontes chinois de la tech, dépend de nombreux facteurs qu’un investisseur individuel aura du mal à évaluer, qui incluent notamment les décisions du parti communiste chinois sur le plan de sa politique étrangère ou encore en termes de lutte contre la pandémie du Covid. Pour preuve, notre timing (achat en décembre dernier), nous fait constater une baisse de 25%. Celui ou celle qui a acheté la même action le 22 octobre dernier (au cours plancher de 63 dollars) est en hausse de 43% !

10. Les crypto-actifs

Risque : très élevé

Nous vous avions présenté les choses ainsi : “si de plus en plus d’investisseurs se positionnent à l’achat, et que l’utilisation pratique de (certaines) crypto-devises s’étend, cela devrait soutenir une hausse des cours, toutes choses étant égales par ailleurs.” 

Spoiler alert, les choses ne sont absolument pas restées égales ! On peut même dire que le contexte pour les crypto devises s’est radicalement détérioré. Nous nous sommes donc totalement plantés, et espérons que vous excuserez notre manque d’expertise dans ce domaine particulier des marchés financiers.

Pour référence, le 2 décembre, un Bitcoin valait 50166 euros et un Ethereum 4040 euros. Aujourd’hui, ces mêmes cryptos s’échangent à 16300 euros et 1200 euros respectivement, en baisse de 68% et de 70% respectivement.

Note 0 /20 : La leçon est claire. Il ne faut jamais investir dans un actif qu’on ne comprend pas. Nous pourrions nous défendre en arguant que nous n’aurions pas pu prévoir les faillites en cascade d’acteurs importants et soi-disant infaillibles dans le secteur (dont la plateforme FTX notamment). Mais nous ne le ferons pas. Notre seule consolation est que nous avions fortement recommandé de ne consacrer qu’une toute petite partie de son épargne à ce type de placement, à très haut risque et volatil, et que nous avions pris la décision de ne pas le proposer dans l’application Cashbee.

Nos conclusions de l’époque tiennent (plus que jamais) la route

La diversification

Sans recopier des paragraphes entiers de notre article initial, nous avions bien souligné le niveau de risque de chaque alternative de placement. Et on voit bien comment un investisseur aurait pu beaucoup perdre s’il avait tout misé sur la suggestion la moins performante (en occurrence, les cryptos). 

À l’inverse, notre liste démontre aussi la pertinence de bien diversifier ses placements. Ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier permet de se protéger contre une performance désastreuse d’un seul actif. 

L’investissement à long terme s’évalue… sur le long terme

2022 était sans doute parmi les années les plus compliquées à naviguer pour les épargnants. Car les marchés actions ont autant souffert que les marchés obligataires (alors que dans de nombreux scénarios, l’un compense les corrections de l’autre). Un portefeuille dit défensif, largement exposé aux obligations étatiques avec une modeste exposition actions monde n’a pas protégé l’investisseur prudent en 2022.

Mais n’oublions pas que les placements à long terme ne peuvent s’apprécier sur une durée de douze mois. Leur performance doit s’analyser sur l’horizon de placement qui est le leur, et qui se compte en plusieurs années, voire en plusieurs dizaines d’années.

La puissance des versements réguliers

Notre exercice théorique a mis à nu l’importance du timing de vos investissements, car il présume que nous avons effectué tous nos placements au début du mois de décembre dernier. Qui fut - par hasard - un moment proche du plus haut historique, à partir duquel les valeurs de nombreuses classes d’actifs ont commencé à dégringoler.

Si nous avions déployé notre capital fictif par tranches égales mensuelles, notre performance sur l’année aurait été bien meilleure. Car nous aurions profité du rebond de plusieurs de nos placements depuis le milieu de l’année. 

Personne ne possède de boule de cristal, et l’évolution des marchés financiers durant l’année 2022 souligne l’avantage de l’investissement régulier dans le temps. Notamment pour l’épargnant qui ne peut ou qui ne souhaite pas y consacrer trop de temps.

Notons que la mise en place de ce que les experts appellent des versements libres programmés est très facile à faire (en quelques clics sur l’appli Cashbee par exemple), et qu’une fois en place, votre effort d’épargne est relativement indolore, car pleinement automatisé.

En conclusion, nos 10 propositions n’ont pas toutes évité la forte correction qui a frappé les marchés financiers. Certaines (le livret, le crédit carbone, aristocrates des dividendes...) ont plutôt bien résisté, d’autres se sont avérées moins défensives qu’espéré (la pierre papier, l’eau, la cybersécurité) et une fut désastreuse (crypto).

Cela ne nous décourage pas, et nous préparons déjà nos 10 suggestions pour 2023 !

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