Investir dans un contexte inflationniste

Mar 2, 2023

C’est sans doute la question la plus posée par nos utilisateurs : comment placer son épargne sans prendre trop de risques MAIS en visant des rendements supérieurs à l’inflation ? Comme vous le savez, les taux des livrets (dont le nôtre) augmentent, mais sans rattraper l’inflation. Nous avons donc deux suggestions et demie à vous soumettre, comme toujours, sans jargon.

La question n’est PAS vite répondue

Posons d’abord le problème clairement. 

Au moment où nous écrivons cet article, l’inflation en France est d’environ 6%. Et même si la Banque Centrale Européenne déploie d’importants moyens pour la réduire, il est probable qu’elle restera élevée pendant les trimestres à venir. Cela veut dire que tout placement qui rapporte moins de 6% (net) vous fait perdre du pouvoir d’achat. Vous me direz, c’est déjà ça, mais peut-on faire mieux ?

Les livrets bancaires (dont le livret Cashbee qui verse du 3% pendant 4 mois, suivi de 1,45%) ou encore le Livret A (à 3% mais limité à 22 950 euros par personne) ne protègent que partiellement contre l’inflation. Le contrat assurance vie en “Euros”, par définition à capital garanti, est également à ranger dans cette catégorie de placements sûrs, mais dont les rendements avoisinent péniblement les 2,5%.

Dans le même temps, investir en bourse ne garantit en rien une rémunération supérieure. Comme l’année dernière le prouve, les marchés actions peuvent corriger et faire perdre de l’argent à ceux qui doivent vendre leurs positions. En 2022, le Nasdaq américain, l’Eurostoxx 50 européen et le CSI 300 chinois ont perdu respectivement 34%, 11% et 22% ! Sans parler de la chute brutale des crypto-devises, qui ont perdu entre 50% et… 90% !

Existe-t-il des solutions qui répondent au double objectif de battre l’inflation, tout en ne prenant pas (trop) de risques ?

Pas de solution miracle

Dans les conditions de marché actuelles, la réponse courte est “non”. Toute personne qui vous dit le contraire, vous ment (ou à minima, ne rend pas compte des risques associés au placement qu’elle propose).

Car en épargne, “there is no free lunch” : rendement et risque vont de pair, le second se rémunérant par le premier. Dit autrement, plus vous visez un rendement élevé, plus il va falloir prendre des risques.

Nous pouvons néanmoins rechercher des placements qui présentent le meilleur ratio risque/rendement. Et à ce sujet, nous avons quelques suggestions à vous soumettre.

1. Les Produits Structurés 

Nous avons détaillé ce que sont les produits structurés dans des articles précédents. Pour faire court, il s’agit d’instruments financiers conçus pour délivrer un rendement attractif, sous certaines conditions prédéfinies. Ces titres incorporent typiquement également une protection (partielle ou totale) du capital investi. 

Prenons deux exemples concrets pour illustrer ces placements, souvent perçus comme plus complexes que les autres.

L’exemple d’Onyx 2, un produit structuré à capital garanti

La produit structuré Onyx 2, que nous proposons dans l’app, est une obligation émise par la banque américaine Morgan Stanley, d’une durée de 5 ans. Elle versera un rendement de 4,55% par an, si l’indice Eurostoxx Banks dépasse son niveau constaté au départ de la transaction. L’acheteur de ce produit structuré bénéficie d’une garantie en capital.

On identifie aisément l’avantage de ce produit structuré : il permet à l’investisseur d’espérer toucher 4,55% par an, tout en lui garantissant que dans le pire des cas, il récupère la totalité de sa mise. 

Pour toucher le rendement espéré, l’acheteur parie sur la bonne performance des valeurs bancaires européennes. Si celles-ci — en moyenne — montent, l’indice dépassera son niveau de départ, ce qui déclenchera le versement du rendement annuel visé. 

En revanche, si pendant les 5 ans de la vie du produit, ces valeurs bancaires, en moyenne, ne progressent jamais et finissent à un niveau inférieur au niveau observé au départ, l’investisseur ne touchera pas de coupons, mais il récupèrera son capital initialement investi.

Cette structure peut paraître magique : “pile, je gagne, face, je ne perds pas”. Elle est rendue possible par ce que les spécialistes appellent l’ingénierie financière. Dans le cas présent, l’investisseur sait qu’il ne gagnera jamais plus de 4,55% par an. Même si l’indice de référence double ou triple de valeur. Il accepte en quelque sorte d’abandonner la sur-performance éventuelle de l’indice au-dessus de 4,55%. En contrepartie de quoi, il bénéficie de la garantie de son capital. 

L’exemple de Pyrite 1, un produit structuré à garantie partielle

Pour un épargnant un peu plus sportif, nous avons également conçu un produit structuré au profil plus dynamique : Pyrite 1, une obligation émise par la banque américaine Goldman Sachs, d’une durée maximale de 10 ans. 

Ce produit structuré distribue un rendement brut de 10,2% par an, si l’indice Morningstar Luxury Goods Static Select 10 Dec 50 augmente par rapport à son niveau fixé au départ. Cet indice est constitué de 10 valeurs du secteur du luxe, dont BMW, Burberry, LVMH et L’Oréal… les grands noms.

Un tel niveau de rendement visé est possible parce que dans le cas de Pyrite 1, l’investisseur bénéficie d’une protection partielle de son capital. En occurrence, l’acheteur de titres Pyrite 1 va récupérer la totalité de son capital tant que l’indice de référence ne baissera pas de plus de 50% par rapport à son niveau initial. En revanche, si à l’échéance (dans 10 ans), cet indice baisse de plus de moitié, l’investisseur ne récupèrera que le pourcentage restant. Par exemple, si l’indice n’a jamais dépassé son niveau initial et a baissé de 70% à la fin de la 10ème année, l’investisseur ne récupérera que 30% de sa mise. 

Parce que les produits structurés visent un rendement attractif, qui se rapproche ou qui dépasse l’inflation, tout en protégeant (partiellement ou totalement) le capital investi, il nous semble qu’ils ont leur place dans un portefeuille de placement visant à protéger son pouvoir d’achat.

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2. Les fonds “All-Weather” (toute météo)

Dans la même veine, les financiers ont inventé des fonds spécifiquement conçus pour fournir des rendements positifs, quelles que soient les conditions de marché. Leur objectif ? Délivrer des performances positives régulières, “par tous temps”.

Pour simplifier, ces fonds se fixent pour objectif de fournir un rendement positif — même si souvent modestement inférieur au marché actions dans son ensemble — durant les bonnes années. En contrepartie de quoi, ils sont construits pour délivrer une performance toujours positive durant les années où ça tangue.

D’où le nom : all weather. Qu’il pleuve ou qu’il vente, vous devriez gagner de l’argent. 

Comment un fonds All Weather fonctionne-t-il ?

La société de gestion Ruffer, spécialiste du sujet, l’explique plutôt bien. Le point de départ est de préserver le capital à tout prix. Leurs gérants investissent donc systématiquement et simultanément dans des actifs de croissance (“growth”) et des actifs de protection. Lorsque tout va bien, c’est la première poche qui délivre la performance. Mais lorsque les marchés corrigent, c’est la seconde qui prend le relais. Ainsi, le fonds n’a pas besoin de prendre une vue sur l’orientation des marchés. 

La théorie est belle, mais est-ce que cela marche dans la pratique ? 

Comme nous le savons tous, les performances du passé ne sont en rien garantes des performances futures. Mais les stats de Ruffer sont plutôt impressionnantes, comme l’illustre le graphique ci-dessous, représentant l’évolution du LF Ruffer Total Return Fund.

Source : site web Ruffer, prix affichés en Livres Sterling

La performance des deux dernières années illustre bien le fonctionnement du fonds. En 2021, une année faste sur le plan boursier, le fonds Ruffer n’a réalisé une performance “que” de +8,8%. Mais en 2022, année catastrophique sur toutes les grandes places boursières, le même fonds a délivré une performance de +4,3%.

Vous souhaitez en savoir plus sur ces fonds ? Vous pouvez les retrouver sur Cashbee, parmi les solutions d’investissement accessibles dès 1000 euros.

Et l’or alors ? (une demie idée)

Ce métal précieux est souvent cité comme arme de défense contre l’inflation. Les gens ont acheté de l’or pour préserver leur épargne depuis des siècles, car l’offre d’or est relativement limitée (contrairement aux monnaies nationales, que les banques centrales peuvent imprimer, théoriquement, à l’infini). 

Malheureusement, les données historiques ne permettent pas d’affirmer que l’or protège contre l’inflation. Lors de la crise pétrolière de 1973 à 1979, l’inflation avait atteint environ 9% aux US. Durant cette période, le prix de l’or s’était apprécié de 35% par an. Une belle perf défensive !

Mais depuis, son efficacité en temps inflationniste laisse à désirer. 

De 1980 à 1984, l’inflation américaine tournait toujours autour de 6,5% par an. Mais l’once d’or a perdu 10% par an sur la même période. Une performance non seulement inférieure à l’inflation, mais aussi inférieure à celles des indices boursiers ou encore des prix de l’immobilier. Toujours aux US, l’inflation annuelle était d’environ 4,6% de 1988 à 1991, quand l’or perdait 7,6%.

Si on considère la période récente, marquée par un forte augmentation de l’inflation, on peut observer que le prix de l’or n’a qu’à peine bougé, et vers le bas : -1% en 2022.

En bref, nous ne pouvons pas inclure l’or comme une véritable arme contre l’inflation. Mais il s’agit d’une classe d’actif qui permet de diversifier son portefeuille, et qui a tendance à résister (et même à délivrer des rendements positifs) par temps de fortes craintes sur les marchés financiers. C’est notre “et demie” dans le titre.

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