Alors… c'est aujourd’hui ?
La réponse courte est : Oui, sous certaines conditions. Mais nous aimerions d’abord essayer d’expliquer pourquoi la question est si souvent posée, surtout depuis quelques semaines. De nombreux indicateurs pourraient faire craindre une correction à venir sur les marchés boursiers. Il y a, sur le plan macro-économique la tension commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Il y a aussi la résurgence de la COVID, qui apparaît sur des formes plus virulentes et qui pourrait retarder la réouverture de certaines économies. La crainte de l'inflation. Et puis il y a tout simplement le fait que les marchés actions ont connu une période de hausse plus ou moins constante depuis 2009. Selon la théorie des cycles économiques, une correction serait toute naturelle.
On pourrait donc défendre qu’aujourd’hui est le pire des moments pour investir.
Mieux vaut attendre le prochain krach...
...pour acheter à un niveau plus bas et profiter de la remontée ?
C’est une idée répandue. Mais elle présente des inconvénients majeurs.
Premièrement, si on peut dire avec confiance qu’il y aura bien une correction de marché un jour, personne ne sait exactement où et quand elle aura lieu. Et en attendant qu’elle se produise, votre argent, non-investi, perds de la valeur : il ne gagne rien sur votre compte en banque et l’inflation ronge son pouvoir d’achat. Dit autrement, si vous vous êtes interdit d'investir ces six derniers mois par peur d'une correction (qui n'a pas eu lieu)... vous avez perdu une belle opportunité de vous enrichir !
Deuxièmement, l’horizon d’investissement est essentiel. Si vous aviez décidé d’investir en bourse en Septembre 2019 quand l’indice du CAC40 atteignait les 5500 points et de vendre à la fin de la même année (4600 points), vous auriez effectivement perdu plus de 16%. Mais si vous aviez — malgré cette dégringolade — maintenu votre placement, vous seriez aujourd'hui dans le vert, avec un bénéfice théorique de plus de 10% puisque le CAC40 a dépassé les 6100 points à la fin du 1er trimestre 2021.
Morale de l'histoire : les mouvements, parfois violents mais brefs, ne devraient pas inquiéter outre mesure l’investisseur à long terme. Bon nombre d’épargnants se laissent influencer par les titres parfois alarmistes de la presse lorsque les marchés baissent. Ils cèdent à la panique, vendent à perte, alors que la bonne décision était en fait... de ne rien faire. Notre conseil est donc de raisonner sur la même période de temps que votre investissement. Si vous voyez à 10 ans, ne prenez pas de décisions toutes les 10 semaines.
Donc on peut investir quand on veut ?
Aujourd’hui est un bon jour pour investir, meilleur que demain, mais à quelques conditions. La plus importante est de ne pas avoir besoin de l’argent investi à un court terme, disons dans les 3 ans à venir. Pour ces durées-là, il vaut mieux placer son épargne en fonds monétaires ou sur un super livret rémunéré (via Cashbee, par exemple).
La seconde (qui découle de la première) est qu’il ne faut pas investir votre premier euro mis de côté. Constituez d'abord une épargne de précaution, dans laquelle vous pourrez taper en cas de coup dur — sans interrompre vos investissements long terme et risquer de perdre gros.
Dernier point, qui mériterait un article à lui tout seul : di-ver-si-fiez vos investissements. Mais on s’éloigne.
Faire confiance aux pros ?
Le monde est peuplé de prétendus "gourous" de la finance, dont certains vendent leurs services (et prédictions) à prix d'or. Des entreprises comme E-toro proposent même de reproduire automatiquement les positions de boursicoteurs à succès.
C’est une fausse bonne idée de leur faire confiance. Pour le prouver, une équipe de chercheurs de Dow Jones a évalué la performance des 2862 gestionnaires de fonds qui avaient affiché les meilleures performances en 2010. Sur ces 2862 fonds, seuls 2 ont généré une sur-performance en 2011. En d’autres termes, les experts ne savent pas mieux que quiconque ce que le marché va faire et comment les prix vont évoluer. Personne ne le sait.
La question n’est donc pas tant d'investir au bon endroit, mais de le faire tôt, car au moins votre argent sera mis au travail tout de suite.
Alors je m’y mets !
Une bonne approche consiste à mettre de côté et investir régulièrement, par exemple 100€ par mois. Parfois, vous investirez au mauvais moment — c'est le jeu — mais il y aura forcément de très bons points d’entrée. Et les belles histoires compensent souvent les petites déconvenues. À condition d’être mesuré et de diversifier ses placements (ne pas jouer “all-in”).
Pour illustrer ce point, imaginons que vous ayez investi en bourse juste avant la crise de 1929. Sans rajouter à vos placements, il vous aurait fallu plus de 25 ans pour récupérer votre investissement initial. Mais si vous aviez continué d’investir en bourse en début d’année tous les ans après cela, vous auriez récupéré votre mise en moins de 7 ans, et généré beaucoup de bénéfices dans les années suivantes.
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