Système bancaire: une brève histoire

Oct 2, 2019

Aujourd’hui, la banque est partout où est l’argent, c’est à dire vraiment partout. Mais on ne s’interroge que rarement sur la raison de son omniprésence dans la société moderne. Pour comprendre l’importance — et le bien fondé — du système bancaire, il faut en comprendre l’histoire, et remonter quelques millénaires en arrière jusqu’aux origines de la monnaie.

Le troc

Dans sa version primaire, le commerce consistait à échanger un bien contre un autre, par exemple: une certaine quantité de vin contre une quantité jugée équivalente de blé. Ainsi, le vigneron pouvait faire son pain, et le fermier pouvait boire un coup. Le problème inhérent à ce fonctionnement était que l’équité de l’échange était subjective : je peux considérer que 100 kilos de blé valent 20 litres de vin, là où vous pouvez penser que cela en vaut 10 ou 50. Mais plus gênant encore: il fallait, pour que l’échange ait lieu, que chaque partie veuille se procurer le bien proposé en face. Je ne vais pas vous donner du blé si je ne veux pas de votre vin, et inversement.


On a donc commencé, aux alentours du vingtième siècle avant J.-C. (la date exacte est sujette à débat), à trouver des matières étalons, grâce auxquelles on pourrait quantifier la valeur d’autres bien de manière plus simple et objective. C’est ce qu’on appelle les unités de compte. Il en existait de toutes sortes: naturelles, comme l’ambre, la jade, les métaux précieux ou le sel (d’où vient d’ailleurs le mot salaire); agricoles, comme le bétail, le cacao, les épices; artisanales, comme la ferronnerie, le tissu ou l’ébénisterie. Mais ici aussi, un problème est rapidement apparu : celui de la faible portabilité de ces unités de compte. Si par exemple, je voulais acheter un bien d’une grande valeur, il fallait que je déplace suffisamment d’unités de compte (disons 30 sacs de sel) pour payer le vendeur. Si vous vous souvenez de la réplique d’Obélix qui demande “combien ça fait en menhirs”, vous voyez où est le problème.

La monnaie scripturale et fiduciaire

Afin de s’épargner la peine de transporter ces tonnes de marchandises, on a alors commencé à écrire leur valeur plutôt que de la déplacer. Le nombre limité d’instruits permettait à l’époque de concentrer ce savoir dans un petit groupe de personnes dignes de confiance (les scribes), qui garantissaient par leurs écrits qu’untel détenait bien tant de richesse, sans que ce dernier eut à se trimballer un troupeau de bétail partout où il allait. Si un achat était réalisé, on écrivait l’opération sur une tablette, et la propriété des richesses était ainsi transmise de l’acheteur au vendeur — sans forcément que la richesse soit physiquement déplacée!

Peu de temps après néanmoins, sont apparus deux inconvénients : celui de la comptabilité et avec lui, celui de la confiance. Si la seule preuve de ma richesse se trouve quelque part sur la tablette d’un scribe, et que cette écriture me donne le droit à une richesse que je n’ai pas physiquement en ma possession… Il y a beaucoup de place à l’erreur. Cette marge d’erreur ne pouvait qu’augmenter à mesure que les échanges se multipliaient. Est donc née la monnaie fiduciaire (1), dont les premiers embryons apparaissent au 16e siècle avant notre ère, en Chine, avec l’usage d’une étoffe tamponnée qui deviendra l’ancêtre billet de banque. L’idée était simple: il fallait représenter la richesse sur objet léger, afin de la rendre palpable MAIS transportable facilement. C’est dans cet objectif que sont progressivement crées les pièces de monnaie, qui serviront de principal support au commerce mondial pendant les 10 à 15 premiers siècles de notre ère.

Les bons au porteur

Une condition demeure pour garantir la stabilité d’un tel système: une autorité qui inspire la confiance (celle de l’Etat ou de l’Eglise notamment) doit garantir la valeur de ces monnaies. Sans quoi l’expression “payer en billets de Monopoly” prendrait tout son sens: on pourrait décréter qu’un objet de valeur nulle puisse soudain valoir beaucoup, et inversement. Qui plus est, il faut que les richesses, matérielles, fiduciaires ou scripturales, puisse être maintenues en sécurité (garanties). Deux phénomènes menacent cet équilibre aux alentours du 15e siècle. Premièrement, l’abondance de métaux précieux en provenance des colonies provoque un phénomène de dépréciation (2) de la monnaie : il y a trop de métaux disponibles, leur rareté, et donc leur valeur diminuent. Deuxièmement, l’instabilité des régimes politiques en place, notamment en Angleterre et aux Pays-Bas fait peu à peu diminuer la confiance des marchands dans la capacité de l’Etat à garantir la sécurité de leurs biens.

En réaction, les aristocrates et bourgeois de l’époque retirent leurs richesses de la surveillance de l’Etat, et les placent (souvent sous forme de métaux précieux) chez les orfèvres. Les orfèvres deviennent alors des sortes de garants, et délivrent, en contre partie des biens déposés chez eux, des reçus qui assurent à leurs propriétaires la possession des biens en coffre, et leur permettent au besoin de les retirer — moyennant un droit de garde modique. Progressivement, ces reçus évoluent d’un titre de propriété nominatif et descriptif, à un titre anonyme et numéraire: on ne décrit plus les biens gardés en coffre mais leur valeur monétaire, et ces bons deviennent transmissibles (au porteur). Les orfèvres sont alors devenus des banques de dépôts : ils fournissent la monnaie et en garantissent l’équivalence en métaux précieux.

Le crédit

Devenus pour certains de larges institutions, les orfèvres se rendent bientôt compte que le stock de métaux précieux dans leurs coffres ne diminue pas, ou pas en dessous d’un certain seuil. En effet, la confiance générale dans le système fait que les détenteurs de bons au porteur n’en demandent que rarement la conversion en or ou en argent: “il est en sécurité, j’ai un papier qui me le prouve, pourquoi le retirer?”. À cela s’ajoute la démocratisation du modèle bancaire. De plus en plus de gens déposent leur or, et la somme des nouveaux dépôts compense bientôt celle des retraits réguliers. Pour 10000 unités de monnaie en circulation (la valeur faciale des bons au porteur), il arrive que 2000 unités d’or suffisent à faire l’équivalence (la couverture métallique de ces bons). Ce qui laisse en permanence 8000 unités d’or en sommeil dans les coffres. Les orfèvres ont tôt fait de flairer l’opportunité et vont bientôt émettre des bons, non plus en échange de dépôts réels, mais en échange de titres de dette : c’est un crédit (3) ! Et c’est comme ça que la valeur faciale des titres en circulation dépasse bientôt la valeur réelle du stock métallique détenu: les banques créent de l’argent non plus sur la base des stocks d’or, mais sur ce qu’elles estiment nécessaire pour couvrir métalliquement la totalité des titres.

Formulé simplement, le crédit repose sur le discours suivant: “Vous ne vous servez pas de tout votre stock d’or, nous en prêtons une partie à d’autres en créant de l’argent, qu’ils nous (et vous) remboursent avec des intérêts”. Ainsi, de nouveaux moyens de paiement sont créés et l’économie prospère plus rapidement.

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1. Pour comprendre la différence entre monnaie scripturale et monnaie fiduciaire, imaginez une panne informatique mondiale. Tous vos comptes bancaires sont perdus, il n’existe donc plus aucune écriture qui prouve votre richesse — la tablette du scribe a disparu: vous n’avez plus de monnaie scripturale. Si en revanche vous avez des billets de banque chez vous, même en cas de coupure de courant, vous disposez toujours d’une preuve matérielle de votre richesse: il vous reste de la monnaie fiduciaire. Bon, dans la vraie vie, si telle une panne informatique survenait, ces billets ne vous serviraient tout de même pas à grand chose, mais au moins vous connaîtriez la différence entre monnaie fiduciaire et monnaie scripturale, ce qui enchanterait vos soirées au coin du feu. 2. Dans sa version simplifiée, l’inflation est le phénomène de dépréciation d’une unité d’argent. Si on pouvait hier acheter un bien 0,5€, et qu’il faut aujourd’hui 1€ pour acheter le même, alors l’euro aujourd’hui ne vaut que la moitié de celui d’hier. L’argent a perdu de la valeur, ce qui augmente symétriquement la valeur du bien : à salaire égal, il faut travailler deux fois plus pour se le payer. 3. Pour aller au bout du raisonnement: si une banque constate qu’elle peut couvrir la monnaie qu’elle émet avec seulement 20% — un cinquième — de cette valeur en métal, elle peut alors émettre 5 fois la valeur faciale de ce qu’elle a physiquement dans ses coffres. Valeur faciale dont 4/5 sera créée et constituera un crédit.

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