Les investisseurs qui pourraient devenir légendaires

Sep 6, 2021

La semaine dernière nous vous avons présenté quatre légendes incontestables de l’investissement. Warren Buffet, Jack Bogle, George Soros et David Swenson sont à la finance ce que Pelé, Cruyff, Platini et Zidane sont au football. Ils sont officiellement entrés au Panthéon de l’épargne, pour leurs prouesses passées et inscrites dans l’Histoire. Mais si on prolonge le parallèle footballistique, qui sont alors les équivalents de Messi et Ronaldo aujourd’hui ? Et existe-t-il un M’Bappé tricolore qui pourrait prétendre atteindre les sommets de la profession ?

Commençons par les prétendants !

Chris Hohn, l’activiste qui fait trembler les PDGs

Chris Hohn effectue ses placements à travers sa société d’investissement The Children’s Investment Fund (TCI), ou, le “fonds d’investissement des enfants”. Ne vous y méprenez pas, derrière ce nom tout gentil se cache un investisseurs froidement rationnel et, selon de nombreux dirigeants de sociétés, plutôt agressif. Le nom traduit simplement le fait qu’une partie des profits qu’il génère est allouée à la fondation de sa femme, qui cherche à aider des enfants démunis.



Sa tactique ? L’activisme. Sir Chris, anobli en 2014 pour ses activités philanthropiques, aime bien identifier les sociétés cotées qui, selon lui, devraient “faire mieux”. Il en devient actionnaire pour faire part de ses suggestions — typiquement à travers une lettre adressée aux dirigeants qu’il partage simultanément avec le presse. Généralement, le licenciement du PDG et d’autres cadres supérieurs fait partie de ses premières recommandations. Après tout, selon Hohn, ils sont responsables de la sous-performance de l’entreprise dans son collimateur.


En 2012, TCI entre au capital de Safran, au moment où la société propose de racheter Zodiac à 29,47 euros par action. Selon les calculs de Hohn, Zodiac ne vaudrait pas plus de 10 euros par action. Il réclame le départ de Ross McInnes, le PDG de Safran, ou a minima que la rémunération de celui-ci soit indexée sur la réalisation des objectifs liés à l’acquisition de Zodiac. Pour la bonne forme, il menace également les membres du conseil de surveillance de poursuites judiciaires. Finalement, Safran finit par emporter Zodiac à un prix révisé à la baisse de 25 euros par action.



Pour TCI l’affaire est plutôt rentable : entré chez Safran à un prix autour de 30 euros par action, le fonds bénéficie pleinement de l’appréciation de l’action, aujourd’hui cotée à 107 euros.

En procédant ainsi, TCI a généré plus de 27 milliards de dollars de gains pour ses investisseurs depuis 2004. Amplement suffisant pour faire partie de notre liste de prétendants !

Masayoshi Son, le milliardaire derrière Softbank

Issu d’une famille d’immigrés Coréens au Japon, Masayoshi Son a longtemps dissimulé son nom de famille pour éviter la discrimination. Sa famille l’envoie d’ailleurs faire ses études aux US. Diplôme en poche, il devient entrepreneur dans les télécom, via la société Softbank, qu’il crée à son retour à l’empire du soleil levant.

L’entrepreneur à succès est aussi un investisseur affuté. En 2000, il investit 20 millions de dollars dans une plateforme de commerce digitale qui vient de se monter en Chine. Il apprécie l’ambition de son jeune fondateur … un certain Jack Ma, à la tête d’Alibaba !

Ce placement très rentable fait de Son un milliardaire, qui va dorénavant se focaliser exclusivement sur les investissements technologiques. En 2016, il crée VisionFund, le plus grand fonds de capital-risque au monde, avec 100 milliards de dollars à sa disposition. Le fonds détient aujourd’hui des parts dans certaines des plus belles success stories entrepreneuriales, telles qu’Uber, Revolut, Klarna ou encore DoorDash.

Pour nous, ces paris visionnaires et très profitables lui permettent de prétendre au statut d’investisseur légendaire. Mais pour atteindre ce graal, il faudrait limiter le nombre de faux pas majeurs qu’il a pu aussi commettre. Comme par exemple les milliards de dollars investis dans WeWork, dont le modèle d’affaires révolutionnaire visant à transformer l’immobilier de bureaux continue à être déficitaire.

John Paulson, auteur du plus beau coup du siècle

Si vous ne l’avez pas lu, “The Greatest Trade Ever” de Grégory Zuckerman se lit comme un roman. Il raconte comment une poignée investisseurs et notamment un certain John Paulson anticipent la crise financière de 2008… et font le placement de leur vie pour en tirer profit.


Dans le cas de Paulson, il réalise le coup du siècle en pariant contre les sub-primes, les emprunts immobiliers de pauvre qualité dont les défauts en masse provoquent la crise mondiale. Parmi les rares investisseurs à identifier la défaillance possible de cette classe d’actifs, il a la force de conviction d’orienter la totalité des fonds qu’il gère selon cet axe. Il fait tapis.

Dans la seule année 2007, et alors que les marchés financiers s’écroulent, les profits réalisés par Paulson sur cet unique investissement atteignent un record de 15 milliards de dollars. Suffisant pour que Hollywood en face un film intitulé “The Big Short”.  

Depuis ce trade légendaire, la perf délivrée par Paulson & Co., le nom de son fonds éponyme, est moins époustouflante, mais reste positive, avec des paris contre la dette Grecque en 2010 par exemple.

Ray Dalio, un trader avec des “Principles”

Les traders ne sont pas nécessairement connus pour leur sens de la prose. Et pourtant, “Principles : Life & Work” écrit par Ray Dalio en 2017, est devenu un bestseller du New York Times, et est élu œuvre de l’année chez Amazon, dans la catégorie “business”.

Dans son livre, Dalio donne un aperçu des stratégies d’investissement que lui et son équipe chez Bridgewater Associates déploient pour générer des rendements impressionnants. De 1991 à 2007 son fonds n’affiche une performance négative qu’à 3 occasions, qui ne dépasse jamais -4%. Et en 2008, alors que la crise financière fait chuter les cours de bourse, le fonds principal de Bridgewater affiche une performance nette positive de 9,5%.

Bien sûr, cette performance s’explique en grande partie par la capacité d’analyse poussée et algorithmique de Bridgewater, visant à identifier (puis à parier sur) des tendances macro-économiques. Mais une partie du succès indéniable du fonds provient de principes de gestion innovants que Dalio impose. Dont notamment la “radical transparency” ou la transparence radicale, avec laquelle les équipes s’échangent des informations et s’évaluent entre eux. Sans retenue, sans fausse modestie et sans prendre de gants, afin de prendre les meilleures décisions, sans sentiments. De son propre aveu, ce n’est pas une méthode de travail adaptée à tous, mais c’est celle qu’il applique avec zèle au sein de Bridgewater. C’est entre autres ce qui a contribué à faire de Bridgewater le plus important fonds du monde, avec 160 milliards de dollars sous gestion. Et de Ray Dalio, une des plus grandes fortunes du monde.

Qui sont les stars montantes françaises ?

En France, savoir investir et réussir en finance ne sont pas nécessairement perçus comme des critères pour devenir célèbres. Au-delà des dynasties bancaires établies par les familles Lazard et Rothschild au siècle dernier, pas facile de faire une liste des financiers français qui essaient de (ou pourraient) changer le monde de l’épargne.

Néanmoins, nous pensons qu’Antoine Flamarion et Mathieu Chabran, fondateurs de la société de gestion Tikehau, méritent une mention. Lancés en 2004, les deux entrepreneurs sont aujourd’hui à la tête d’un groupe coté en bourse, qui gère plus de 30 milliards d’euros, investis dans des classes d’actifs aussi diverses que la dette privée, l’immobilier, ou encore le capital risque. Au temps où les licornes telles que BlaBlaCar, Vestiaire Collective et Meero sont mises sur un pied d’estale, soulignons que ces deux financiers ont bâti une société dont la capitalisation boursière s’approche des 4,5 milliards d’euros. Cocorico !


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