Français et finances : où en sommes-nous ?

À l’occasion de la Journée internationale de l’épargne, il est temps de faire un point sur la culture financière des Français. Entre fierté déclarée et failles profondes, notre compréhension des notions clés dans le domaine des finances personnelles fait l’objet d’un consensus : il reste encore beaucoup à faire.

Où se situent les Français dans le monde ?

La France participe régulièrement aux enquêtes internationales menées sous l’égide de l’OCDE et d’experts comme Annamaria Lusardi, pionnière de la mesure globale de la littératie financière. D’après la dernière enquête coordonnée de l’OCDE, les Français obtiennent un score moyen de 62,25 % sur les questions de base, ce qui les place autour de la 14ᵉ place sur 39 pays étudiés, juste sous la moyenne européenne. Des pays comme l’Allemagne, la Suisse ou les Pays-Bas affichent des niveaux nettement supérieurs à 70 %, voire 80 %.

La célèbre batterie de questions d’Annamaria Lusardi, dite « les trois questions clés », révèle que seulement 31 % des Français répondent correctement aux questions fondamentales sur les intérêts composés, l’inflation et la diversification des risques — un niveau stable, mais qui peine à progresser depuis 10 ans.

En quoi consiste le test Lusardi ?

Ce test, élaboré par Annamaria Lusardi en partenariat avec Olivia Mitchell, est conçu pour mesurer rapidement le niveau de connaissance financière élémentaire. La simplicité de ces trois questions est essentielle : elles permettent d’évaluer la compréhension des concepts fondamentaux qui façonnent une bonne gestion de l’argent.

Voici ces trois questions, avec leur formulation exacte :

1. Supposez que vous avez 100 € sur un compte d’épargne avec un taux d’intérêt annuel de 2%. Après 5 ans, combien pensez-vous que vous aurez dans le compte si vous laissez l’argent fructifier ?

• Plus de 102 €
• Exactement 102 €
• Moins de 102 €
• Je ne sais pas
• Je refuse de répondre

2. Imaginez que le taux d’intérêt de votre compte d’épargne est de 1% par an et que l’inflation est de 2% par an. Après 1 an, pourriez-vous acheter :

• Plus qu’aujourd’hui
• Exactement la même chose
• Moins qu’aujourd’hui
• Je ne sais pas
• Je refuse de répondre

3. Selon vous, cette affirmation est-elle vraie ou fausse ? "Acheter une seule action d’une entreprise offre généralement un rendement plus sûr qu’un fonds d’actions."

• Vrai
• Faux
• Je ne sais pas
• Je refuse de répondre

Et voici les bonnes réponses :

• La première question évalue la compréhension de l’intérêt composé, c’est-à-dire la capacité à calculer la croissance de l’épargne sur plusieurs années. La réponse correcte est « Plus de 102 € ».
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• La deuxième question porte sur l’impact de l’inflation, et la bonne réponse est « Moins qu’aujourd’hui », car une inflation de 2% érode la valeur réelle du capital.
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• La troisième question teste la compréhension du risque en finance : il est généralement vrai que les actions sont plus risquées qu'un fonds d’investissement, plus diversifié, donc la réponse correcte est « Faux ».

Vous les aviez ? Les réponses à ces questions en disent beaucoup sur la capacité à gérer son argent au quotidien, à planifier sa retraite, et à s’adapter à une économie mouvante.​

Évolutions positives mais lentes

La bonne nouvelle, c’est que le score moyen des Français progresse doucement : de 60,85 % en 2021 à 62,25 % en 2023. Une tendance encourageante, mais qui demeure modeste comparée aux attentes. L’éducation financière est encore trop souvent laissée au bon vouloir des familles ou de recherches personnelles.

Qui sont les meilleurs élèves ?

Les pays nordiques dominent le palmarès. La Suède et la Norvège affichent les taux de littératie financière les plus élevés, avec seulement 29 % d’analphabètes financiers (contre 48 % en France). Le Royaume-Uni et l’Allemagne complètent ce top 5 européen.

Cette réussite s’explique par une éducation financière précoce, fournie à l’école, et un accès facilité aux outils bancaires et d’investissement éducatifs.​

Des écarts criants selon l’âge, le sexe et le revenu

La littératie financière varie fortement selon l’âge, le sexe et le niveau de revenu des répondants :

• Âge : les jeunes adultes (18-24 ans) ont le score le plus faible, autour de 35 %, tandis que les 35-44 ans atteignent un pic autour de 50 %. Les seniors repartent légèrement à la hausse (49 %), potentiellement parce que les personnes à la retraite peuvent consacrer plus de temps aux finances personnelles.​
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• Sexe : les femmes stagnent en moyenne à 55 %, contre 63 % pour les hommes. Elles sont aussi 33 % plus susceptibles de déléguer les décisions financières, ce qui influe sur leur indépendance économique.​
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• Revenu et niveau d’études : les hauts revenus et cadres obtiennent des notes nettement supérieures (autour de 70 %), tandis que moins d’un quart des bas revenus maîtrisent les bases, ce qui peut les exposer plus facilement à la précarité et à la dette.

Pourquoi la connaissance financière est-elle vitale ?

Il ne s’agit pas juste de « savoir faire des maths ». Une bonne maîtrise de ses finances permet de mieux préparer sa retraite, de savoir choisir ses placements, et d’éviter les pièges du surendettement. Ce sont les socles d’une vie sereine face aux aléas économiques.

La France a conscience de cet enjeu : près de 75 % des Français regrettent de ne pas avoir appris à gérer leur argent à l’école, et souhaitent que l’éducation financière devienne une priorité nationale.

Avançons ensemble pour démocratiser l'investissement

Pour que chacun puisse faire fructifier son épargne et préparer son avenir, il reste un travail considérable à faire pour diffuser les bases financières auprès de tous, et notamment auprès des jeunes, des femmes et des catégories modestes. Dans un monde où les marchés financiers et les produits d’épargne évoluent sans cesse, cette connaissance est la clé d’une plus grande égalité sociale et d’une meilleure justice économique. C'est d'ailleurs l'objectif que nous nous sommes fixés chez Cashbee, dont les équipes travaillent au quotidien pour favoriser l'éducation financière du plus grand nombre et ainsi démocratiser l'accès aux meilleurs investissements.

Alors, ce 31 octobre, en cette Journée mondiale de l’épargne, pourquoi ne pas tester vos compétences avec le test Lusardi et, pourquoi pas, faire le premier pas vers une meilleure maîtrise de votre argent ?

Sources : OECD INFE 2023, Annamaria Lusardi Financial Literacy Test, institut Elabe, statistiques OCDE