Définition d'un krach boursier
Alors que de nombreux marchés actions sont à leurs niveaux records ou s’en approchent, certains investisseurs s’inquiètent des valorisations atteintes et d’une possible correction des cours de bourse actuels, voire même d’un krach boursier. On dit que c’est quand il fait beau qu’il faut acheter un parapluie, donc penchons-nous sur les krachs boursiers, et comment les naviguer, alors que les marchés sont - dans leur ensemble - orientés à la hausse.
Qu’est-ce qu’un krach boursier ?
Commençons par le début, comment reconnaît-on un krach ? Un krach boursier est une chute rapide, significative et (relativement) généralisée des cours de bourse sur un marché financier. On parle alors d’une correction brutale et sévère qui affecte la grande majorité, ou même la totalité des titres qui s’échangent sur un marché donné. Par conséquent, cette baisse des cours plus ou moins généralisée se traduit par une baisse de l’indice boursier, tel que le Dow Jones, le CAC 40 ou l'Eurostoxx 600.
La correction est généralement exprimée en pourcentage pour refléter l'ampleur de la dépréciation des cours de bourse. Il n’y a pas de pourcentage de baisse spécifique qui fait qu’une correction de marché soit définie comme un krach. Un krach se caractérise par une chute marquée et rapide des cours de bourse. Donc une baisse de 10% ou plus en une seule journée est bien un krach, alors qu’une descente progressive de 20% d’un indice boursier sur une période de 6 mois ne l’est pas.
Qu’est-ce qui déclenche un krach ?
Il est impossible de prévoir un krach à l’’avance. Si c’était le cas, les intervenants de marché vendraient leurs positions avant que le krach ne se produise (et provoqueraient ainsi le krach !).
Par définition, un krach boursier se produit quand un grand nombre d’investisseurs souhaitent vendre, en même temps, des quantités importantes d’actions, à un moment où la demande pour ces titres est faible, ou inexistante.
Qu’est-ce qui peut créer ce contexte de marché, très particulier ? Il peut se manifester pour diverses raisons, telles que des crises économiques, des événements géopolitiques majeurs (comme une guerre), des bulles spéculatives qui éclatent, et/ou des crises financières. Souvent, il est impossible de pointer du doigt un évènement spécifique, déclencheur d’un krach. Cela s’apparente plutôt à une ou plusieurs gouttes d’eau, qui font déborder le vase, et qui, à un moment donné, peut faire souffler un vent de panique parmi les intervenants de marché.
La psychologie de l'investisseur pendant un krach
Éviter la panique : pourquoi c'est plus facile à dire qu'à faire
De nombreux experts financiers vous le diront, en cas de fortes turbulences sur les marchés financiers, ne paniquez pas ! Oui, sauf que c’est bien plus facile à dire qu’à faire.
Tout d’abord, de nombreux investisseurs ne sont pas des experts financiers. Et pour eux, il est difficile de rester serein quand ça tangue fort. Imaginez-donc de voir vos économies fondre comme neige au soleil sur l’écran de votre ordinateur…
Surtout que la nature humaine n’aime pas l’inaction. Nous avons envie de prendre le contrôle, en agissant. Le terme technique pour décrire ce phénomène est le biais d’action. Ce biais nous pousse à “faire quelque chose”, même si c’est contre productif.
Et c’est ainsi que de nombreux investisseurs se décideront de vendre, par crainte de pertes encore supérieures à celles qu’ils réaliseront en allégeant leurs portefeuilles d’actions.
Ce qui mécaniquement ajoute des ordres de vente, dans un marché où l’offre dépasse déjà la demande de beaucoup. Cela revient à ajouter de l’huile sur le feu, et ne fera que renforcer la baisse des cours de bourse et donc amplifier la sévérité du krach boursier en cours. Nous sommes dans un cercle vicieux qui alimente la correction boursière.
L'importance de la discipline et de la perspective à long terme
Et pourtant …
Tout en reconnaissant qu’il est difficile de le faire, nous insistons sur le fait qu’il faut rester discipliné en pleine tourmente. Et se souvenir que lorsque que vous avez investi dans telle ou telle action ou Fonds Commun de Placement, vous l’avez fait pour viser un rendement attractif sur le long terme. Cet horizon de placement se compte obligatoirement en années. Or, sur ces durées longues, il est statistiquement très probable qu’il y aura des moments de tension et de volatilité, et donc des périodes de baisse de marché.
Quand la panique s’empare des marchés financiers, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si la thèse d’investissement qui nous a poussé à faire certains placements est toujours valide. Mais si c’est le cas, il s’agira alors de rationnellement lutter contre notre instinct et le biais d’action, pour … ne rien faire et attendre que l’orage passe.
En bref, quand d’autres paniquent, il s’agit de rester discipliné et de se souvenir de la perspective à long terme de nos placements.
Comment faire pour atteindre cette zénitude, dans des conditions de marché anxiogènes ? Pour nous, il s’agit notamment de se préparer en amont d’un possible krach.
Comment se préparer avant le krach ?
Établir une épargne de précaution
Notre première recommandation est de constituer votre épargne de précaution, avant de commencer à investir à long terme. En effet, afin de pouvoir rester serein durant les crises financières, il faut pouvoir se souvenir que vos investissements sont faits à long terme, avec des économies dont vous n’avez pas besoin à court terme.
Pour cela, il faut donc dans un premier temps mettre de côté une poche d’argent, disponible en cas d’urgence, pour faire face aux dépenses inattendues. Cette épargne s’appelle l’épargne de précaution, et celle-ci ne doit jamais être mise à risque, et rester toujours accessible.
Il n’existe pas de règles mathématiques, mais la plupart des experts s’accordent pour suggérer que cette poche d’argent soit équivalente à une somme représentant 3 à 6 mois de salaire (selon votre situation familiale).
Une fois cette épargne de précaution constituée, vous savez que vous avez de quoi faire face aux dépenses inattendues. Vous pouvez donc - en théorie - dormir tranquillement, même quand la valeur de vos placements à plus long terme souffrent, à cause d’un marché qui corrige brutalement.
L'importance de la diversification de votre portefeuille
Lors d’un krach, la plupart des actions sur un marché donné seront en baisse. Mais il est très rare qu’elles le soient toutes. Donc en investissant dans un portefeuille diversifié d’actions, vous pourriez atténuer le choc sur votre portefeuille.
Mais la diversification la plus efficace contre un krach boursier, c’est d’avoir un portefeuille diversifié par classe d’actifs, qui comprend notamment des actifs susceptibles de monter en valeur dans des contextes de marchés volatils. Parmi ces classes d’actifs “anti-krach”, nous pensons notamment aux valeurs refuges traditionnelles, comme l’or, les obligations étatiques de courte durée ou le franc suisse. Certains pourraient argumenter qu’il faudrait y ajouter les crypto-devises (mais nous avons nos doutes sur le sujet).
La valeur ajoutée des investissements contra-cycliques
L’or (ou les métaux précieux plus largement) et les obligations étatiques de courte durée sont ce que l’on appelle aussi des placements contra-cycliques. C’est-à-dire des investissements dont la valeur est susceptible de monter dans les crises économiques ou financières. Car dans ces types d’environnement, la demande pour des actifs prudents et qui préservent le capital augmente naturellement.
Dans cette même catégorie d’investissements contra-cycliques, nous pouvons ajouter trois autres types de placement :
Les actions défensives
Les actions dites défensives sont celles de sociétés dont les modèles d’affaires sont (relativement) indépendants de la santé économique du ou des pays dans lesquels la société opère. Ainsi les entreprises qui vendent des produits de consommation de base, ou qui fournissent des soins de santé ou encore des services publics sont perçues comme étant résistantes aux ralentissements économiques. Leurs produits et services sont indispensables quel que soit l'état de l'économie, ce qui les rend moins sensibles aux fluctuations économiques. Durant des périodes de ralentissement économique, leurs actions auront tendance à mieux performer.
L’immobilier locatif
L'immobilier locatif est parfois considéré comme un placement contra-cyclique. La théorie sous-jacente est que tant que les locataires occupants continuent de payer leurs loyers, le placement en immobilier locatif continue de délivrer le rendement espéré, quelles que soient les conditions de marché. Mieux, les loyers sont souvent ajustés en fonction de l’inflation. Maintenant, cette théorie ne marche dans la réalité qu’à condition que les locataires continuent de verser leurs loyers. Or, dans un contexte de crise économique grave, il est probable que celle-ci conduise aussi à des défauts de paiements de la part de certains locataires. L’immobilier locatif est donc bien un placement qui peut - mais sans assurance certaine - résister en temps de crise.
Fonds de couverture ou “short”
Certains fonds communs de placement sont conçus pour être contra-cycliques, c’est-à-dire spécifiquement construits pour délivrer une performance positive quand les marchés baissent. Ils y parviennent de différentes façons, mais notamment en prenant des positions de vente à découvert (qu’on appelle aussi des positions “shorts” dans le langage financier). Cette stratégie consiste à emprunter des actions afin de les vendre au marché. Si le cours de ces actions baisse dans les jours qui suivent, le gérant du fonds peut alors les racheter à un prix inférieur auquel il les a vendus initialement, générant ainsi des gains.
Inversement, si le cours des actions monte, la même procédure conduira à des pertes pour le gérant du fonds, obligé d’acheter les actions déjà vendues à un cours plus élevé. Ainsi, on comprend bien que cette stratégie n’est gagnante que dans un marché orienté à la baisse.
Inclure un ou plusieurs placements contra-cycliques dans un portefeuille permet donc d’atténuer l’impact d’un krach boursier. Car la valeur des actifs contra-cycliques montera, pour contrebalancer la baisse des cours des actions. Mais ces stratégies de couverture ont un coût. Car, par construction, les actifs contra-cycliques ne délivrent pas de rendements attractifs dans un contexte de marché “bull” (c’est-à-dire orienté à la hausse).
Stratégies d'investissement pendant un krach
Pourquoi vendre pourrait être votre pire ennemi
Ce qui nous amène au comportement à adopter, une fois qu’une correction boursière, ou même un krach boursier soit en cours. Répétons-le, aussi difficile que cela puisse être, ne cédez pas à la panique. Détournez-vous des écrans qui affichent les cours de bourse en rouge.
Car les statistiques historiques sont claires, les krachs boursiers ont tous été suivis par des rebonds de marché qui ont permis aux indices de retrouver, puis de dépasser les niveaux atteints avant la crise financière.
Alors il est vrai que le temps nécessaire pour retrouver les niveaux de départ peuvent être plus ou moins longs, et s’étaler de quelques jours à plusieurs années, mais l’observation fondamentale est bien que les krachs boursiers finissent par s'essouffler et s’inverser.
En vendant une partie ou la totalité de vos positions, vous pourriez vous sentir soulagé dans un premier temps. Mais statistiquement, les chances sont grandes pour que les cours rebondissent. Racheter les positions que vous aviez vendu dans un contexte baissier peut alors vous coûter cher. Cela reviendrait à vendre bas, pour acheter haut …
Bref, vendre dans la panique pourrait bien s’avérer être votre pire ennemi.
Les opportunités d'achat pendant la chute des marchés
Vous préférez faire vos achats au prix fort ou quand il y a des soldes ? Rationnellement, c’est la seconde réponse qui l’emporte. Si ce principe s’applique pour les biens de consommation et les vêtements, il n’y a aucune raison pour qu'il ne s’applique pas en bourse.
D’ailleurs, c’est bien en ces termes que le milliardaire et investisseur légendaire Warren Buffett décrit les phases de fortes corrections boursières. Il y voit une opportunité pour acheter des actions de belles sociétés très performantes, à prix cassé.
Car pendant les krachs, les actions de sociétés pourtant saines et profitables sont entraînées par le sentiment baissier qui domine. Dans la panique, certains investisseurs liquident leurs portefeuilles d’investissement de façon aveugle, et jettent le bébé avec l’eau du bain.
C’est à ces occasions que des investisseurs calmes et rationnels peuvent véritablement saisir des affaires. Prenons exemple sur Warren Buffett. Il a saisi l’opportunité de la crise financière en 2008 pour acheter des actions de plusieurs grandes banques américaines au plus bas et pour des milliards de dollars. Comme les cours de bourse de ces grandes institutions ont depuis fortement rebondi, il a pu réaliser des profits significatifs, en restant calme dans la tourmente.
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Reconnaître les signaux de reprise du marché
Identifier le moment où un krach se termine et le rebond s’entame est tout aussi difficile que d’identifier le moment où la correction s’initie. Il est important de reconnaître que la fin d'un krach boursier n'est reconnue que rétrospectivement, une fois que les cours de bourse ont déjà commencé à se redresser.
Pire, lors des phases de baisse violente, il existe souvent des mouvements de hausse de courte durée qui peuvent faire croire à un rebond durable, mais qui ne sont que des brèves interruptions de la baisse du marché. Les Anglais appellent cela le “dead cat bounce” (ou le rebondissement du chat mort), basé sur l’image que même un chat mort rebondira si sa chute est suffisamment longue et rapide.
Néanmoins, il existe quelques indicateurs qui peuvent signaler que la baisse généralisée des marchés est en train de s’inverser. En effet, un krach boursier est typiquement caractérisé par des volumes d’échange de titres initialement élevés, qui se tarissent, notamment à cause de l’absence ou de la faiblesse de la demande. C’est quand cette demande renaît (de la part d’investisseurs désireux de reprendre des positions à des cours de bourse nettement plus bas) que les volumes de transaction augmentent. Donc un accroissement du volume d’échange précède typiquement le rebond du marché.
Comment et où ré-allouer vos ressources
Faut-il profiter de la fin d’un krach boursier pour repositionner votre portefeuille d’actions ? Cela dépend … notamment de votre aisance en finance et du temps que vous souhaitez consacrer à vos placements.
Si vous investissez par le biais de fonds indiciels, qui répliquent les grands indices boursiers comme le S&P 500 ou la Nasdaq aux États-Unis, ou encore l’Eurostoxx 600 en Europe, aucune raison de changer de stratégie.
Mais si vous sélectionnez vous-même (ou avec l’aide de conseillers financiers) des actions de sociétés spécifiques, il peut être pertinent de réévaluer la thèse d’investissement qui vous a fait choisir telle ou telle action. Surtout que les krachs peuvent affecter certains secteurs plus brutalement que d’autres. Ainsi, pendant la crise financière de 2008, ce sont les cours de bourse des grandes institutions financières qui ont le plus dévissé. Créant ainsi une opportunité rare pour se positionner dans ce secteur à des prix historiquement bas … qui ont beaucoup rebondi depuis.
Mais cette stratégie n’est pas sans risques, puisque ce rebond, très profitable, ne concerne que les institutions financières qui ont survécu à la crise.
Pour maximiser les chances de profiter du rebond, il faut donc :
- consacrer du temps à l’analyse (financière et stratégique) de chaque entreprise spécifique dont vous pourriez acheter des actions ;
- avec calme et sérénité, dans un contexte où la presse (financière) sera alarmiste et l’environnement de marché très volatil ; et
- accepter le fait que votre moment d’achat puisse ne pas correspondre au plus bas, et donc qu’il est possible que votre placement opportuniste puisse perdre en valeur, le temps que la correction boursière s'essouffle.
L'importance de revoir et d'ajuster votre stratégie d'investissement
Nous ne sommes pas fans des stratégies de trading à haute fréquence. Au contraire, nous pensons que les meilleures stratégies de placement consistent à faire de placements sur le (très) long terme, et à laisser faire le temps son travail, notamment via la puissance de l’effet des intérêts composés.
En revanche, ces stratégies se basent sur une réflexion rationnelle au départ sur la sélection des placements. Et il est sain de revoir les thèses d’investissement de façon régulière, afin de valider que l’argumentation justificative d’un investissement donné soit toujours d’actualité.
L’exemple d’Apple
Illustrons cette logique avec un exemple concret. Imaginons que vous ayez eu la bonne idée de vous intéresser à Apple en 1997, en pariant sur le fait que le retour de Steve Jobs dans la société qu’il avait créé allait avoir un impact positif sur la marque à la pomme et sa ligne de produits. Vous auriez eu le nez creux : votre investissement a été multiplié par plus de 40 quand ce PDG génial doit passer la main en 2009 à Tim Cook pour des raisons de santé.
Que faire ? l’iPhone est un succès phénoménal, mais dont les parts de marché sont encore modestes. Le nouveau PDG est peu connu du grand public et surtout un pro de la gestion de flux, des chaînes de production et des approvisionnements, alors que Jobs était surtout un créatif et un innovateur.
La société est en excellente situation financière, et sa gamme de produits en avance sur celle de ses concurrents. Il était sain de revoir la thèse d’investissement, mais tout à fait rationnel de conclure que la nouvelle équipe dirigeante pouvait mériter votre confiance pendant encore un temps.
Bonne pioche ! Depuis 2009, le cours de bourse d’Apple a de nouveau été multiplié par 24.
Les leçons tirées des krachs boursiers précédents
Un regard sur les krachs du passé : 1929, 1987, 2008, et 2020
Il nous semblait pertinent de rappeler les caractéristiques de quatre krachs boursiers, afin d’essayer d’en tirer des leçons. Voici donc les éléments clés des crises financières de 1929 (La Grande Dépression), de 1987, le krach boursier du “Black Monday”, ou lundi noir), de 2008 (la crise Financière, dite des “subprimes”) et celle de 2020 (la crise du Covid) :
La crise financière de 1929 (La Grande Dépression)
Pendant la Grande Dépression, le marché boursier américain a connu une chute brutale. L'indice Dow Jones Industrial Average a chuté d'environ 89 % entre septembre 1929 et juillet 1932. La crise fut longue, car il a fallu près d’un quart de siècle pour que le marché boursier américain retrouve ses niveaux de départ. Le Dow Jones Industrial Average a retrouvé son niveau pré-crise en novembre 1954.
- Cause principale : Poussés par la spéculation, les cours de bourse avaient atteint des niveaux sans rapport avec l’activité économique réelle et la rentabilité des entreprises cotées. Cette bulle spéculative éclate le 29 octobre 1929 (le "Jeudi noir") à Wall Street.
- Impact économique : La Grande Dépression provoque une profonde récession mondiale, caractérisée par un effondrement massif du Produit Intérieur Brut, une sévère déflation et un taux de chômage élevé.
- Réponse politique : Les hauts responsables de l’époque n'avaient jamais eu à résoudre une crise financière d’une telle ampleur. Initialement, les politiques monétaires restrictives et le protectionnisme ont aggravé la crise. Puis des réformes financières et économiques, comme le New Deal aux États-Unis, ont été adoptées pour stimuler la reprise économique.
La crise financière de 1987 (Le krach du "Black Monday")
Le krach boursier de 1987 a été spectaculaire mais relativement court dans le temps. Lors de la seule journée du 19 octobre 1987, l'indice Dow Jones perd 22 % avant de se redresser rapidement. Sur l'année 1987, le DJIA perd environ 31 % de sa valeur, mais il retrouve son niveau de départ en moins de deux ans, en août 1989.
- Cause principale : Comme en 1929, dans les mois précédent le lundi noir, les cours de bourse avaient atteint des niveaux historiquement élevés et déconnectés des résultats financiers des grandes entreprises. Mais la chute des cours a été exacerbée par les programmes de trading algorithmiques, qui déclenchent des ordres de ventes massifs de façon automatique.
- Impact économique : L’effondrement boursier est impressionnant, mais l'économie réelle est peu affectée, expliquant le rebond rapide de la bourse.
- Réponse politique : Les banques centrales, dont notamment la Réserve fédérale, ont pris des mesures pour stabiliser les marchés financiers. Elles injectent des liquidités pour éviter que la crise financière ne s'accentue. Cette technique sera déployée à de nombreuses reprises par la suite.
Crise financière de 2008 (La crise des subprimes)
En 2008, la crise financière se traduit par d'importantes baisses des marchés actions. L’indice Dow Jones chute de plus de moitié entre octobre 2007 et mars 2009. Cet indice boursier ne retrouve son niveau de départ qu' en mars 2013, soit cinq ans après le début du krach.
- Cause principale : La crise trouve son origine dans le marché hypothécaire américain. De nombreuses institutions ont fourni des prêts immobiliers à des emprunteurs à très haut risques (les subprimes), incluant des personnes sans revenus. Ces prêts ont été titrisés et se retrouvent dans les portefeuilles de très nombreuses banques. Les défauts croissants des emprunteurs et l’éclatement de la bulle spéculative dans l’immobilier provoque une crise bancaire à travers le monde. Plusieurs grandes institutions bancaires font défaut (Lehman Brothers) ou sont partiellement ou totalement nationalisées (Royal Bank of Scotland)
- Impact économique : La crise des subprimes a déclenché une récession mondiale, un effondrement du marché immobilier (aux États-Unis mais aussi en Europe), une hausse du taux de chômage et une contraction des crédits.
- Réponse politique : Les banques centrales et les gouvernements déploient des mesures de sauvetage importantes, des plans de relance économique et des réformes réglementaires pour stabiliser les marchés financiers, assurer l’équilibre du système bancaire et stimuler la relance économique.
Crise financière de 2020 (La crise du COVID-19)
En 2020, la pandémie de COVID-19 (et l’annonce des confinements) provoque une rapide baisse des marchés boursiers mondiaux. L’indice Dow Jones tombe d'environ 37 % entre février et mars 2020. Le rebond est rapide : le Dow Jones retrouve son niveau de départ en août 2020, cinq mois après le début de la crise.
- Cause principale : la pandémie et les mesures de confinement associées ont entraîné une paralysie économique mondiale. Les chaînes d'approvisionnement sont fortement perturbées. Les consommateurs, confinés, réduisent leurs achats. L'activité économique se réduit fortement.
- Impact économique : la crise du COVID provoque une récession mondiale rapide. De nombreux emplois sont perdus, au moins temporairement.
- Réponse politique : face à l’arrêt brutal de l’activité économique, les gouvernements et les banques centrales lancent des programmes de relance économique sans précédent. D'énormes montants de liquidités sont injectés, via des mesures de soutien aux entreprises, des programmes d'aide sociale et des politiques monétaires accommodantes pour atténuer les effets économiques de la pandémie.
En conclusion, bien que ces krachs et crises financières diffèrent par leurs causes, et leurs impacts, on observe que les pouvoirs publics et les banques centrales ont appris des crises du passé. Lors des dernières crises, leurs réponses politiques, face aux perturbations importantes des marchés financiers et de l'économie mondiale, ont été rapides et radicales. Bien que les corrections boursières ont pu être significatives, les mesures d’urgence adoptées ont sans doute permis d’atténuer les effets néfastes des crises, tout en favorisant la reprise économique.
Ce que ces événements peuvent nous enseigner sur le futur
Premièrement, on observe que quelque soit la gravité de la crise financière, les marchés finissent par d’abord se stabiliser, puis rebondir. Mais on observe aussi que les périodes qui précèdent la stabilisation, puis le temps nécessaire pour retrouver le niveau de départ, varient énormément. Il n’y a donc pas de moyen de prédire combien de temps une crise financière peut durer.
Cependant, les pouvoirs publics (gouvernement, banques centrales) ont clairement appris des crises précédentes. Ils déploient des efforts importants quand le système financier leur paraît être à risque. Donc bien suivre les mesures et les annonces de ces acteurs influents est sans doute pertinent pour l’investisseur qui souhaite se positionner pour le rebond (probable) des marchés, lorsqu’un krach se produit.
Enfin, après coup, c’est toujours facile de se dire qu’il était “évident” que le marché allait rebondir après avoir fortement dégringolé. Mais il est moins évident de s’engager et d’investir quand tous les voyants sont au rouge, dans un environnement anxiogène. Comme il est impossible de prédire quand un marché bear (orienté à la baisse) se transforme en un marché bull (ou haussier), il peut donc être pertinent d’étaler ses nouveaux investissements dans le temps, une fois que vous estimerez que le creux de la vague doit être proche.
Ainsi, vous moyennerez vos prix d’achat, à partir d’un niveau que vous aurez jugé suffisamment attractif (mais qui pourrait encore baisser, sous l’effet de la panique générale).
En conclusion : L'art de rester serein en temps incertains
L'importance de l'éducation financière et de la recherche continue
En conclusion, les périodes de baisse, bien qu’inévitables, ne sont évidemment pas agréables à vivre pour les investisseurs. Par extension, les périodes de forte volatilité et de crise, le sont encore moins. Les krachs boursiers sont heureusement rares, mais il s’agit de s’y préparer, afin d’adopter la bonne stratégie lorsque ceux-ci se manifestent.
Cela commence par prendre en compte la possibilité d’une crise financière en amont, dans la constitution de votre portefeuille. Quelques connaissances essentielles en finance sont indispensables.
Ainsi, il est crucial de constituer votre épargne de précaution, placée sur des supports sans risques et toujours disponible. Car celui-ci vous assure de toujours pouvoir faire face aux dépenses imprévues, même en cas de choc financier.
De la même façon, il est crucial de comprendre le concept de diversification, afin d’éviter de mettre tous vos œufs dans un même panier. Et notamment de ne pas détenir que des placements à haut risque comme des actions, mais dont les cours peuvent brutalement et simultanément chuter quand la panique s’empare des intervenants de marché. Dans ces périodes, des actifs défensifs comme l’or ou les obligations étatiques ont tendance à compenser (pour partie) la baisse des cours sur les marchés actions. Pour les investisseurs plus aguerris, il est également pertinent de considérer des fonds “short”, conçus pour délivrer des performances positives quand les marchés s’effondrent.
Enfin, une solide éducation financière vous permettra de rester calme et vous donnera la confiance nécessaire pour ne pas céder aux sentiments anxiogènes qui pourraient vous pousser à vendre des positions au pire des moments.
Adopter une mentalité de croissance face à l'adversité
Cette éducation financière, l’application de quelques grands principes et le fait de rester rationnel durant les grandes crises peuvent même se transformer en opportunité financière.
En effet, les krachs se caractérisent par une chute brutale et rapide des cours de bourse. Ils offrent donc, par construction, une opportunité d’acheter des actifs financiers à bas prix. En solde en quelque sorte.
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