Nous connaissons tous le principe d’un emprunt immobilier : la banque vous avance un certain pourcentage du prix du bien immobilier que vous souhaitez acquérir, en contrepartie de quoi, l’emprunteur verse des intérêts à la banque. Si l’emprunteur n’y parvient pas, la banque peut saisir le bien immobilier et le vendre afin de récupérer son prêt. Ce type de prêt est appelé un crédit hypothécaire, car il est adossé à un bien immobilier.
Le crédit lombard s’inspire de ce modèle connu. Bien que le crédit lombard soit, aujourd’hui, beaucoup moins connu que l’emprunt immobilier, son nom est en référence à une pratique bancaire médiévale originaire de Lombardie, en Italie, où les banquiers prêtaient contre des gages mobiliers.
Le crédit lombard est une forme particulière de prêt, typiquement proposée par les banques privées ou les établissements de gestion de fortune. Il permet à un particulier ou à une entreprise d’obtenir un financement, sans avoir à vendre ses actifs financiers, en les utilisant comme garantie. Ces actifs peuvent inclure des actions cotées, des obligations d’État, des OPCVM (Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières), c’est-à-dire des fonds, des investissements en pierre-papier, comme des parts de SCPI, ou des liquidités. Et l’ensemble de ces actifs peuvent être logés au sein d’une seule enveloppe fiscale, comme par exemple un contrat assurance vie.
Dans le montage d’un crédit lombard, les actifs (typiquement sous forme de titres) sont nantis. Cela veut dire que l’emprunteur donne le droit à l’établissement prêteur de les vendre si celui-ci juge que la garantie ne couvre plus le montant du prêt. Le client reste propriétaire des actifs et perçoit les éventuels dividendes et intérêts qui y sont associés mais en cède temporairement l’usage à sa banque.
Mise en place, montant, et garanties exigées
Le crédit lombard repose sur un principe clé, qui est que l’emprunteur bénéficie d’un prêt tout en conservant ses investissements.
La banque évalue la valeur et la qualité de votre portefeuille et vous propose un montant de prêt basé sur la valeur de ces actifs. En général, le montant accordé correspond à 50 à 90% de la valeur du portefeuille, selon la qualité et la volatilité des actifs. Si votre portefeuille est notamment constitué d’actifs risqués, comme des actions, dont le cours de bourse peut fluctuer de façon significative en peu de temps, alors la banque sera encline à vous proposer un crédit lombard qu’à hauteur de 50% de la valeur actuelle de vos placements. Inversement, si votre portefeuille contient surtout des obligations d’État de courte durée, connues pour leur stabilité dans le temps, le crédit lombard pourra être bien plus conséquent (exprimé en proportion de la valeur de vos actifs). .
Par exemple, si vous disposez d’un portefeuille d’une valeur de 1 000 000 €, la banque peut vous prêter entre 500 000 € et 900 000 €.
Les critères qui déterminent ce taux de nantissement incluent :
- La liquidité des actifs (une action du CAC 40 est plus "prêtable" qu’une obligation exotique)
- Leur volatilité (plus elle est faible, plus la banque prêtera)
- Leur qualité (notation de l’émetteur dans le cas des obligations)
En cas de chute de la valeur du portefeuille en dessous d’un seuil critique, la banque peut lancer un appel de marge, exigeant un remboursement partiel du crédit lombard ou le dépôt de nouvelles garanties. Si vous ne répondez pas, la banque peut vendre tout ou partie des titres nantis.
Pourquoi utiliser un crédit lombard ? Flexibilité et levier d’investissement
Le crédit lombard séduit de nombreux investisseurs en quête de liquidités immédiates sans les obliger de vendre leurs investissements. Il offre plusieurs avantages :
- Souplesse : le prêt est généralement à court ou moyen terme, renouvelable et à remboursement flexible.
- Optimisation fiscale : dans certains cas, les intérêts peuvent être déductibles, tandis que les actifs restent fiscalement en portefeuille.
- Accès rapide : une fois la convention de crédit signée, les fonds peuvent être mis à disposition très rapidement.
- Effet de levier : vous pouvez utiliser l’argent emprunté pour investir à nouveau (par exemple, dans une autre classe d’actifs), augmentant ainsi votre exposition au marché.
Ce mécanisme est souvent utilisé pour des achats immobiliers (résidence secondaire, investissement locatif), des besoins de trésorerie ponctuel (anticipation de rentrée de fonds) ou en réponse à une opportunité de marché (investir rapidement dans une action en forte croissance).
Les risques du crédit lombard : effet de levier et volatilité des marchés
Le crédit lombard n’est pas sans danger. Il implique un risque financier important, surtout si l’effet de levier est utilisé pour spéculer sur les marchés.
Voici les principaux risques :
- Appel de marge : si vos actifs perdent de la valeur (marchés en baisse), la banque peut exiger un remboursement partiel ou une augmentation des garanties.
- Vente forcée : en cas de non-respect des appels de marge, vos titres peuvent être vendus, parfois à perte, sans votre accord préalable.
- Taux variable : certains crédits lombards sont à taux variable, ce qui signifie que si les taux d’intérêt montent, votre coût d’emprunt augmente mécaniquement.
- Perte d’indépendance sur vos actifs : même si vous restez propriétaire, vos titres ne sont plus disponibles pour d’autres opérations tant que le prêt est en cours.
Le crédit lombard est donc un produit qui s’adresse à des clients avertis, disposant d’une bonne compréhension des marchés financiers et d’une capacité à faire face à des appels de marge soudains.
Crédit lombard vs autres types de crédit : quelles différences ?
Il ne faut pas confondre crédit lombard et d’autres formes de prêts personnels ou immobiliers.
Le crédit lombard est souvent préféré par les investisseurs disposant déjà d’un patrimoine financier important, et souhaitant éviter la vente d’actifs pour des raisons fiscales, stratégiques ou patrimoniales.
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