L'économie de la Chine repart après la crise du COVID

Jan 4, 2021

Soyons honnêtes, les images d’un gigantesque lâcher de ballons par des milliers d’habitants de Wuhan, joyeusement réunis sur une grande place de la ville pour célébrer le nouvel an, avait quelque chose de surréaliste. Alors que la France et les autres pays européens semblent avoir du mal à contenir les rebonds successifs du virus, la vie semble être revenue à la normale en Chine. Nous continuons d’imposer - voire de renforcer - des mesures de confinement plutôt strictes, en limitant la réouverture de pans entiers de l’économie, alors que l’économie chinoise redécolle de plus belle.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette reprise économique impressionnante de cette puissance mondiale, pourtant durement touchée, et en premier, par la pandémie ?

Le retard économique sera pleinement rattrapé en 2021 !

Commençons par un constat : l’économie chinoise a énormément souffert de la crise sanitaire, qui s’est traduite par une rapide et forte contraction de PNB du pays. Mais la vitesse à laquelle il a rebondi est tout aussi remarquable. On peut véritablement parler d’une reprise en “V” dont les autres grandes économies ne peuvent que rêver.


Simon Cox, l’éditeur en chef pour les marchés émergents du vénérable magazine The Economist a comparé le rebond de l’économie chinoise à un sprinteur qui serait tombé en pleine course, et qui se serait alors relevé pour se mettre à courir encore plus vite qu’avant, pour rattraper son retard, puis dépasser les autres coureurs. 

L’avantage d’un système autocratique ?

C’est la raison la plus souvent évoquée lorsque nous avons effectué nos recherches. L’argument étant qu’il doit être facile de confiner tout le monde quand on vit sous un régime autocratique, où la population obéit au doigt et à l'œil aux règles imposées par le gouvernement. Oui, c’est sûr que le respect d’un confinement strict et long, combiné avec une fermeture des frontières et un traçage massif a permis de limiter la diffusion du virus. Mais on peut y voir également le résultat d’un niveau de confiance très élevé de la population dans le gouvernement. Elle est donc prête à suivre ses recommandations. Après tout, les mesures sanitaires ont été imposées par les mêmes dirigeants du Parti qui ont su insuffler une croissance économique très forte depuis des décennies, permettant l’émergence puis l’enrichissement progressif d’une classe moyenne de plus en plus grande.

Un système étatique permettant de piloter l’économie

Cela n’enlève rien aux avantages que le système politique autocratique offre aux dirigeants chinois. Il leur est beaucoup plus facile de stimuler l’économie. Tout d’abord parce qu’ils contrôlent les grandes banques et donc l’offre de crédit. Alors que la Chine était justement en train de serrer la vis afin de combattre le surendettement et une possible surchauffe de l’appareil économique, le gouvernement a décidé très tôt dans la crise de relâcher les reines, et de faciliter l’accès aux crédits octroyés par les banques.  Comme il contrôle aussi une grande partie des dépenses et de l’investissement, il a doublé l’accès aux crédits bancaires par des investissements massifs en infrastructure, pour ainsi augmenter la stimulation de l’économie.

Une banque centrale chinoise disposant de munitions

Par ailleurs, il se trouve qu’en tant qu’économie en forte croissance mais toujours émergente, les taux d’intérêts en Chine étaient toujours positifs, et relativement plus élevés que dans d’autres économies développées. Ce qui a mécaniquement donné une marge de manœuvre plus importante à la banque centrale chinoise pour réduire les taux directeurs, afin de rajouter de l’huile sur le feu de la relance. Pour mémoire, la BCE a entamé la crise économique en mars 2020 avec des taux directeurs qui étaient déjà négatifs ! 

Un timing favorable

En outre, la Chine a eu une chance relative que le virus se soit déclaré sur son territoire. Premier pays à se confiner, elle a pu aussi se sortir de la crise sanitaire en premier et ainsi libérer sa force de production industrielle. Justement au moment où le reste du monde était frappé de plein fouet et mettait à l’arrêt leurs usines. Dit autrement, la Chine s’est trouvée être un des rares, voir même le seul pays au monde à pouvoir produire les équipements de protection et autres matériaux sanitaires à un moment où tout le monde en avait besoin. Et donc de bénéficier d’une très forte demande en provenance des autres continents pour booster ses exportations.

La locomotive chinoise tire le reste du monde

C’est la conjonction de ces facteurs qui expliquent l’extraordinaire rebond de l’économie chinoise. Par conséquent, selon le Fonds Monétaire International, la Chine sera la seule puissance mondiale à enregistrer une croissance économique en 2020 (d’environ 2%), avec une croissance attendue en 2021 de plus de 8% ! La croissance économique de la Chine représentera alors 26,8% de la croissance totale dans le monde. Toujours selon le FMI, sans la Chine, la croissance économique mondiale cumulée sur les années 2020 et 2021 aurait probablement été négative.

La restructuration profonde de l’économie chinoise devra attendre

Enfin, notons que la crise de la COVID n’a quand même pas laissé la Chine exactement comme avant. En effet, en ouvrant les vannes sur le crédit, le gouvernement central a repoussé ses efforts de désendettement dans le temps. Il devra sans doute recommencer à restreindre l’accès à l’endettement dans les trimestres à venir. Par ailleurs, la planification chinoise avait prévu une bascule progressive de son économie, d’un modèle tirée par les exportations vers une économie soutenue notamment par la consommation locale. Sur ce plan également, force est de constater que ce sont bien les exportations qui ont “sauvé” la Chine en 2020. 

Une conjonction de conditions favorables

En conclusion, la sortie de crise réussie de la Chine est le résultat d’une combinaison de facteurs. Tout d’abord, une culture d’obéissance forte de la population, permettant un confinement strict dans la durée et un respect des règles sanitaires par la suite. Ensuite, un contrôle étatique puissant et direct sur l’économie, donnant de nombreux leviers aux dirigeants pour la relancer. Enfin, un effet timing : en sortant de la crise en premier, la Chine a renforcé son positionnement de fournisseur du reste du monde. 

Mais gardons-nous de toute jalousie, car la croissance économique en Chine sera sans doute bénéfique au reste du monde.  

Notons enfin que la crise économique a également obligé la Chine à adapter son modèle économique. Et sur une note plus légère, à ajuster sa réglementation médicale : le pays a décidé le mois dernier d’éliminer les écailles de pangolin de la liste des médicaments traditionnels autorisés, ce qui pourrait permettre d’éviter l’extinction de ce mammifère.

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