Le prix du gaz naturel vient de tomber sous la barre des 30 euros par Megawatt heure. C’est le prix auquel cette ressource énergétique s’échangeait en juin 2021. Qu’est-ce qui peut expliquer ce retour à la normale et que peut-on espérer pour les mois à venir ?
Après la tempête, le calme
Retour sur l’explosion du prix du gaz
Le prix du gaz naturel est retombé au niveau qu’il avait avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine.
Source : Trading Economics
C’est remarquable, car suite à la fermeture des robinets imposée par la Russie, le prix du gaz avait plus que décuplé pour dépasser 340 euros par Mégawatt heure l’été dernier.
Il faut dire qu’il y avait de quoi s’inquiéter. La Russie représentait alors environ 40% des approvisionnements en gaz naturel des pays de l’Europe de l’Ouest. Et le gaz naturel pesait pour un peu moins du quart de la consommation totale en énergie de l’Union Européenne.
Pas étonnant que, lorsqu’un de vos fournisseurs principaux diminue ses livraisons de plus de deux tiers en quelques semaines, les prix explosent.
Le surprenant retour à la normale
La récente chute du prix du gaz souligne comment l’Europe a largement su surmonter les tensions sur son approvisionnement en gaz naturel.
Plusieurs facteurs ont contribué à ce rééquilibrage des prix.
Premièrement, nous avons diminué notre consommation énergétique, suite à la tension sur les prix. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, l’Union Européenne a réduit sa consommation de gaz naturel de 55 milliards de mètres cubes en 2022. Soit une baisse de 13%. Ce qui est le résultat d’un hiver plutôt doux, mais aussi d’une réelle réduction des consommations énergétiques dans certaines industries.
Par ailleurs, cette baisse de la demande a été accompagnée par augmentation notable de la production d’énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes.
Enfin, soulignons aussi que l’Asie a également réduit sa dépendance au gaz naturel. Or les pays Asiatiques sont également des importateurs de cette ressource énergétique, et donc des concurrents de l’Europe. Une réduction de la demande asiatique se traduit donc tout simplement par une baisse de la demande mondiale totale pour le gaz, stimulant la baisse des prix.
Les prix du gaz vont-ils tenir ?
La fin du conflit en Ukraine n’est pas en vue. Les approvisionnements de la Russie sont toujours en très forte baisse par rapport aux volumes historiques, et l’Europe a dû puiser dans ses réserves de gaz durant l’hiver. Ne doit-on pas craindre une nouvelle hausse des prix cet automne ?
Il est trop tôt pour l’affirmer. Car les gouvernements ont été prévoyants. Ils ont déployé des efforts significatifs pour reconstituer les réserves de gaz, fortement entamées l’hiver dernier, le plus rapidement possible. L’organisme Gas Infrastructure Europe estime qu’elles sont à nouveau remplies à 65%, ce qui laisse penser qu’elles seront au niveau maximal avant le début de l’hiver à venir — des réserves remplies aux deux tiers au mois de mai est largement au-dessus du niveau moyen historique.
Qu’est-ce qui pourrait influer sur l’évolution du cours du gaz ?
Là aussi, plusieurs éléments de réponse.
Premièrement, la Russie, qui fournissait 40% des approvisionnements en gaz naturel à l’Europe, en représente toujours un peu moins de 10% aujourd’hui. Il s’agit de volumes de gaz qui nous parviennent via les gazoducs qui passent par l’Ukraine et la Turquie. La Russie pourrait réduire encore plus ces approvisionnements.
Deuxièmement, la demande concurrentielle pourrait augmenter, notamment de la part de la Chine, dont l’économie rebondit fortement depuis leur déconfinement.
Enfin, il faut garder un oeil sur la météo. Plus l’hiver sera rude, plus les besoins en gaz naturel seront élevés.
Une réduction durable de la dépendance au gaz russe
En conséquence de tous ces facteurs impossibles à prédire, l’Agence Internationale de l’Énergie souligne la très grande variabilité possible du prix du gaz.
Mais il paraît certain que les mesures fortes et la grande réactivité des pouvoirs publics ont réduit et continuent de réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis des importations de gaz en provenance de la Russie.
La réduction de nos besoins énergétiques et la diversification de ses sources sont telles qu'il est très peu probable de voir les prix du gaz s’envoler aux sommets atteints l’été dernier. Ce qui est une bonne nouvelle, car la maîtrise du prix du gaz contribue directement à la maîtrise, et la réduction de l’inflation.
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