Les fonds activistes chez les piliers de l'industrie

Dec 9, 2019

Dans les 12 derniers mois, des investisseurs d'un type particulier ont semé la zizanie chez Pernod Ricard, Suez, Altran ou encore Lagardère. Il s'agit de fonds dits activistes dont la stratégie consiste à identifier des sociétés cotées, sous-évaluées à leurs yeux, d’en acquérir une part, pour ensuite proposer — souvent très publiquement et avec agressivité — des mesures de restructuration et de transformation, allant de changements radicaux de stratégie jusqu’à la vente de la société. Objectif ? Faire monter les cours de bourse, et revendre leurs participations dans la foulée. En d’autres termes, ils cherchent à activement influer sur le management de l’entreprise, d’où leur nom.

Mais s'agit-il de chevaliers blancs qui identifient et corrigent les dysfonctionnements managériaux et “libérent de la valeur” ? Ou sont-ils des intervenants court-termistes à la recherche de profits rapides, prompts à suggérer des restructurations et des licenciements sans tenir compte de l'impact social que peuvent avoir leurs actions ?

Modus Operandi d'un activiste

Dans les douze derniers mois, l’un des fonds activistes les plus connus au monde, Elliott Management, s’est invité au capital d’Altran et de Pernod Ricard. Dans le premier cas, le fonds conteste l’offre de rachat sur Altran par Capgemini en la jugeant très insuffisante, au tarif annoncé de 3,6 milliards d'euros. Alors que cette acquisition était de nature tout à fait amicale, et que l’offre a initialement été acceptée par le conseil de surveillance d’Altran, Elliott — qui détient aujourd'hui 10% d'Altran — argumente très publiquement que le conseil de surveillance de la société n’a pas fait son devoir, et n'a pas négocié le meilleur prix.

Dans le cas de Pernod Ricard, Elliott a acheté pour 1 milliard d’euros d’actions, avant de soumettre un certain nombre de suggestions de changements stratégiques et de gouvernance à la direction de la société. Le fonds souligne notamment le manque d’indépendance du conseil de surveillance comme un des freins à sa croissance.

Pas si grave que ça en fait ?

Oui, et non. Les dirigeants des sociétés visées pourraient faire le dos rond, et ignorer l’attaque. Le problème c’est que ces activistes sont des pros de la communication et qu'ils accompagnent leurs actions de vastes campagnes d'influence, pour embarquer avec eux d’autres actionnaires. Le management en place prend un risque à ignorer l'attaque, car si les activistes l’emportent, ils évinceront probablement les fautifs. Ceci étant, même si ces fonds agitateurs critiquent les choix stratégiques du passé, cela ne provoque pas toujours une guerre de tranchées entre la direction en place et les activistes.

Prenons l’exemple de Suez, accusé de sous-performance et de faiblesses stratégiques par le fonds activiste Amber Capital, suite à son acquisition d'1,9% de la société. Plutôt que combattre Amber, la direction de Suez a choisi d’engager la conversation. Ces échanges ont mené à l’annonce en octobre dernier d’un nouveau plan stratégique qui met l’accent sur des réductions de coûts et un renforcement des activités internationales de l’entreprise. Une histoire plutôt saine en fait.

Alors, agitateurs créateurs de valeur, ou destructeurs de sociétés à des fins ultra-capitalistes ?

Comme toujours, il y a des extrêmes, et ces fonds activistes peuvent être très agressifs. Deux exemples.

Un activiste peut diffuser des points de vue très pessimistes sur la santé financière d’une cible donnée, afin d’en faire volontairement baisser le cours. C’est la tactique employée par le fonds américain Muddy Waters qui a fortement critiqué la structure financière de la société Casino, arguant que sa structure en cascade d’holdings cachait une grande fragilité financière. La chute brutale du cours de bourse que ces accusations ont entrainé ont poussé l’AMF, le gendarme de la bourse, à lancer une investigation sur les agissements du fonds.

Les activistes peuvent demander la vente de tout ou partie de la société qu’ils ciblent. Et c’est alors que le débat prend une nature politique, car la question se pose de savoir si l’on peut laisser des fleurons de l’industrie française être découpés, ou vendus à des acquéreurs étrangers. Le gouvernement actuel souhaite être vigilant sur ce point, poussant Bruno Le Maire à déclarer publiquement que la France n’hésitera pas à utiliser des fonds publics afin de défendre des sociétés jugées « stratégiques ». Rappelons que l'État était intervenu en 2005 lorsqu’il était question du rachat de Danone par PepsiCo.

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