Les investissements en Bitcoin d'Eon Musk

Feb 17, 2021

Il y a peu, le fabricant de voitures électriques Tesla a acheté pour 1,5 milliards de dollars de Bitcoins — un choix surprenant à plus d’un titre, notamment sur le plan environnemental.

Quand Musk devient un meme

Quand il croit en quelque chose, Elon Musk ne fait pas les choses à moitié. Peu de temps après avoir agité la twitto/crypto-sphère autour du Dogecoin (une crypto monnaie initialement lancée comme une blague), Tesla a acheté l’équivalent d’un milliard et demi en Bitcoins. Plus audacieux encore, la société a annoncé qu’elle accepterait bientôt le Bitcoin comme moyen de paiement.

L’entrepreneur rebelle confiant dans la crypto-monnaie controversée

Pour ses soutiens, le Bitcoin est la monnaie du futur. Son cours est déterminé sans influences nationales, par une confrontation entre l’offre et la demande. C’est un système réputé incorruptible — puisque distribué. Il s’agit aussi d’un placement décrit comme étant décorrélé des marchés traditionnels des actions ou des obligations, et qui peut rapporter gros.

Pour ses détracteurs, il s’agit d’un actif électronique dont les fondements économiques sont opaques et qui peut servir à financer des activités illégales. Non réglementée, sa valeur fluctue aussi énormément, à la hausse comme à la baisse, ce qui représente un risque pour les investisseurs amateurs qui en achètent inconsidérément. Et il y a évidemment le coût technique (et par ricochet : écologique) que la blockchain représente.

L’effet sur les marchés

On sait que les tweets d’Elon Musk ne sont pas sans effet. Cela fut le cas lorsqu’il avait exprimé son soutien pour la messagerie électronique Signal. Non seulement le nombre d’abonnés à la messagerie avait bondi de plus de 100 000 membres en deux jours, mais son tweet avait aussi déclenché l’envolée du cours de bourse de la société Signal Advance, même si cette dernière n’avait aucun rapport avec la messagerie !

Le prix du bitcoin s’envole… encore un peu plus

Il s’est logiquement produit la même chose après l’annonce de Tesla. Heureuse coïncidence, cet achat massif et public par Tesla s’est produit au moment même où l’État de Floride a annoncé accepter le Bitcoin pour le paiement des impôts, renforçant encore un peu la crédibilité de la monnaie électronique comme un moyen de paiement officiel.

Et cela a certainement soutenu l’envolée du cours du bitcoin depuis le début de l’année. Le prix d’un bitcoin dépasse 48 000 dollars aujourd’hui, contre un peu plus de 20 000 dollars au début de l’année… et à peine 10 000 dollars en octobre dernier.

Le Bitcoin, un actif polluant

Mais le bitcoin a un gros point faible. C’est un actif terriblement énergivore.

Pour en créer de nouvelles unités, il faut les “miner”. Et ce processus exige de faire tourner des ordinateurs très puissants, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Selon l’étude publiée par l’économiste néerlandais Alex de Vries en 2018, la création de bitcoins consommait 78 TéraWatt-heures par an, équivalent à la consommation énergétique du Chili. Aujourd’hui, des chercheurs de l’université de Cambridge estiment qu’elle représente 121 TéraWatt-heures, soit la consommation des Pays-Bas !

Les mineurs de bitcoin ne font pas d’efforts particuliers pour trouver et utiliser des énergies renouvelables. Leur priorité est d’avoir accès à des quantités importantes d’énergie, peu chères. Ils sont donc nombreux à s’être installés à proximité des centrales électriques au charbon, qui figurent parmi les sources d’énergie les plus polluantes de la planète.

Et ça ne s’arrête pas là puisque — une fois miné — le Bitcoin coûte aussi très cher à échanger. Une opération en Bitcoin utilise autant d'électricité qu'une famille américaine en 7 jours (alors qu'une opération de paiement Visa alimente ce même foyer américain pendant 19 secondes). Cela est dû au fait que chaque opération doit être validée sur la blockchain par un grand nombre de nœuds (ou neurones si vous préférez). C’est ce qui en assure l’autonomie et l’inviolabilité, mais à quel prix !

Un problème de cohérence ?

Tesla révolutionne le secteur de l’automobile en proposant exclusivement des véhicules électriques. Depuis ses premiers jours, la dimension écologique a donc pesé lourdement dans le discours de la marque, qui s’est lancée comme une alternative moins polluante aux voitures de luxe.

À titre personnel ensuite, le milliardaire Elon Musk s’est aussi publiquement associé à la protection de l’environnement. Il a récemment  lancé un concours pour solliciter toutes les idées innovantes permettant de décarbonner l’air ou l’eau. Avec un prix de 100 millions de dollars à la clé, directement de sa poche.

Et c’est là que le “Bitcoin move” de Telsa surprend le plus : pourquoi une marque a priori écolo, dirigée par un fondateur non moins engagé, a décidé d’investir massivement dans l’un des actifs les plus polluants de la planète ?

Tesla moins verte qu’avant

L’action de Tesla a augmenté de plus de 700% en 2020, jusqu’à intégrer le prestigieux indice S&P 500. Au-delà de l’intérêt purement financier des investisseurs pour la marque et sa forte croissance, la société a sans aucun doute bénéficié de l’engouement autour des investissements verts.

Tesla a ainsi reçu la meilleure note possible en termes de respect des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance, par le spécialiste des indices boursiers MSCI. Ce qui a propulsé l’action dans la plupart des portefeuilles ISR (Investissements Socialement Responsables).

Cette note flatteuse paraît difficilement compatible avec un investissement de taille conséquente en bitcoins.

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