Confinement sans restreindre la consommation

Mar 20, 2020

Nous vivons un moment historique. Effrayant, certes, mais historique. Un moment qui rappelle à certains les angoisses des attaques terroristes, ou les heures les plus sombres de la crise des subprimes

Ce contexte inédit — la peur de l’inconnu — stimule notre envie de comprendre, non seulement la crise sanitaire, mais aussi la crise économique qui se déroule en coulisse, bien loin du front des personnels soignants (que nous saluons) ou de la réalité de nos vies, soudainement réduites aux limites de nos appartements. 

Nous ne sommes pas experts en épidémiologie. Mais nous voulons apporter ici notre perspective quant aux effets de cette pandémie sur l'économie globale. Bien que le sujet soit complexe, nous tâcherons, comme à notre habitude, d’en parler en français courant, avec l’espoir que ces quelques lignes diminueront les peurs qui nous étreignent tous. Car si l’horizon que nous allons décrire reste sombre, plus nous le comprendrons, plus il sera aisé de l'appréhender sereinement. 

Soyons francs : ça va faire mal 

Le constat doit être fait. En limitant au strict minimum les déplacements, et en interdisant les regroupements de personnes, des pans entiers de l'économie comme la restauration, les transports, le luxe et le tourisme vont s'effondrer. Si vous voulez un exemple, regardez le cours de l'action Airbus sur ces dernières semaines. 

Le confinement pèse également sur le moral des consommateurs : personne n’a envie de réserver ses vacances au soleil ou de commander une nouvelle voiture, alors que nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Le problème n'est donc pas de savoir si nous pouvons éviter le ralentissement économique (inévitable), mais de comprendre ce que nous pouvons faire pour le limiter.

Découpons le problème en trois : la liquidité, la solvabilité et la demande

La liquidité

Le risque de manque de liquidité, c'est-à-dire le risque que les banques ne puissent plus prêter aux entreprises et aux personnes pour financer l'économie peut être atténué par les banques centrales, de façon concertée ou non. 

Si on s’en réfère aux derniers jours : elles n'y sont pas allées avec le dos de la cuillère. Aux US, la FED a réduit ses taux directeurs de 1% le weekend dernier. Une coupe de 100 points de base, décidée un dimanche, c'est exceptionnel ! En Europe, la BCE vient d'annoncer qu'elle allait acheter jusqu'à 750 milliards d'euros d'actifs financiers, se positionnant ainsi comme acheteur dans un marché où tout le monde souhaite vendre (ce qu’on appelle le Quantitative Easing). Les solutions utilisées avec succès en 2008 sont déployées à nouveau : réduction agressive des taux directeurs, mise à disposition de financements bon marchés, tous les moyens sont mis en place pour permettre aux banques commerciales de prêter de l'argent frais aux entreprises fondamentalement saines, afin de leur permettre d'éviter la faillite. Il s’agit de ne pas laisser la machine s’enrhumer.

La solvabilité

Mais ces mesures seront insuffisantes pour éviter les problèmes de solvabilité dans des secteurs directement affectés par le confinement des populations. Si les bars, les restaurants, les hôtels et les compagnies aériennes n'ont pas de clients pendant plus de 3 mois, la mise à disposition de financements peu chers ne suffira pas. Si ces entreprises conservent leurs employés, les pertes opérationnelles s'accumuleront rapidement. Si, au contraire, elles licencient en nombre, elles devront forcément réduire la voilure dans d'autres domaines, comme la vente en ligne par exemple, qui pourraient pourtant compenser la baisse du commerce physique. Sans intervention, nous rentrerions dans un cycle vicieux de baisse de la consommation. Les revenus des entreprises baisseraient, ce qui les obligeraient à réduire leurs effectifs et les salaires. Ce qui aurait in fine pour effet de réduire la consommation. Les économistes appellent cela  un cycle déflationniste. 

La demande

Les banques centrales ne peuvent pas faire grand chose pour combattre ce risque. Si elles ont rabaissé leurs taux directeurs, déjà historiquement bas, elles ne peuvent en revanche pas pousser les entreprises à investir massivement ou motiver les personnes physiques à consommer. 

Dit autrement, ce n'est pas parce qu'on vous propose un crédit à la consommation à 1% au lieu de 1,50% que vous allez acheter la cuisine de vos rêves, en ces temps incertains.

C'est donc aux gouvernements d'intervenir, en usant de leur arme fétiche : la stimulation fiscale. La France a ainsi décidé de reporter des mesures fiscales déjà actées, afin d'alléger la pression des impôts sur la population. Plus récemment, le gouvernement a aussi autorisé le report des charges sociales, afin de donner un peu d'oxygène aux employeurs ayant besoin de préserver leur trésorerie. Aux Etats-Unis, il est sérieusement question d'avoir recours à l'envoi de chèques, directement aux ménages, pour qu'ils le dépensent ! C’est ce qu’on appelle la helicopter money.

Mais même cette mesure, bien qu’extraordinaire, pourrait ne pas suffire. Car le confinement empêche tout le monde — même les ménages aisés — de sortir de chez eux pour consommer !

La confinement est la nouveauté de cette crise économique

Le télétravail, autrefois utilisé par quelques start-ups de la Silicon Valley pour éviter les prix du logement à San Francisco, est soudainement devenu la norme — du moins pour ceux qui peuvent se le permettre. Il se trouve que le pan de la population le plus concerné par ce changement est celui des cadres. Des populations à hauts revenus, principalement rattachées au secteur des services, et dont les salaires s’accumulent malgré l’interruption forcée du rythme de leurs vies. 

Si c'est une excellente nouvelle pour Cashbee, l’une des rares solutions d’épargne rémunérée qui reste disponible et sécurisée aujourd’hui, c'est un vrai problème pour l'économie. L'interdiction de sortir de chez soi constitue la caractéristique nouvelle et cruciale de la crise que nous vivons. Elle exige une réponse spécifique.

Les gouvernements des nations développées, la France en tête, l'ont bien compris. C'est pourquoi le gouvernement en place facilite et finance le recours au temps partiel par exemple, afin de préserver l'emploi et de minimiser les licenciements. Plus audacieux encore, la France a déclaré protéger l'emploi (des petites et grandes entreprises) "à tout prix", un formule qui rappelle le "whatever it takes" de Mario Draghi, ex-gouverneur de la BCE lors de la crise financière de 2008.

Ces déclarations, quoique séparées d’une dizaine d’années, soulignent la détermination permanente des politiques à combattre une chute potentielle de la demande par tous les moyens; y compris par l'accroissement du déficit budgétaire — déjà abyssal. 

Car la réduction ou les reports des impôts, le financement des temps partiels, le soutien direct aux secteurs les plus directement touchés, comme la restauration et l'hôtellerie, exigeront des financements considérables.

Une dette publique gigantesque — et alors ?

Au-delà des mesures immédiates, nous pensons que la relance de l'économie mondiale, une fois la période de quarantaine passée, nécessitera probablement des dépenses publiques supplémentaires, pourquoi pas sous la forme d'investissements en infrastructure, de nationalisation d'entreprises, sur tous les continents. 

La bonne nouvelle pour les pays développés est que les taux d'intérêt y sont (et y seront encore ?) historiquement bas, ce qui pourrait leur permettre de lever cette dette à des conditions très attractives. En ce qui concerne les pays de l'Union Européenne, cela demandera de trouver des solutions originales pour permettre l'accroissement des déficits budgétaires, à un moment où le niveau d'endettement de la plupart des pays sera déjà élevé et donc proche des limites (théoriques?) imposées par la réglementation européenne. A suivre...




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