Le Libor, longtemps taux de référence mondial, a marqué l’histoire financière avant sa disparition. Découvrez son fonctionnement, les scandales qui ont conduit à sa fin et les alternatives comme le SOFR, SONIA et €STR.
Le London Inter-Bank Offered Rate (Libor) a longtemps été un indicateur fondamental du marché financier mondial. Utilisé comme taux de référence pour divers produits financiers, il influençait des milliards de dollars de transactions chaque jour. Toutefois, des scandales de manipulation et des réformes réglementaires ont conduit à son abandon progressif, marquant un tournant dans l’histoire des marchés financiers.
Le Libor est un taux d’intérêt interbancaire, publié quotidiennement, qui reflète le coût des emprunts entre grandes banques internationales. Il servait de référence pour fixer les taux des prêts, des obligations et des produits dérivés.
Le Libor a été mis en place en 1986 par le British Bankers’ Association afin de disposer d’un taux de référence pour le marché mondial des opérations entre banques. Au fil des décennies, le Libor est devenu un indicateur relativement sûr des conditions réelles du marché monétaire. Dans les années 2000 cependant, des preuves de la manipulation du taux ont commencé à circuler, sapant la confiance en ce taux.
Jusqu’à sa suppression, le Libor était déterminé à partir des estimations des banques participantes, qui déclaraient le taux auquel elles pensaient pouvoir emprunter sur le marché interbancaire. L’ICE Benchmark Administration (IBA) compilait ces données et publiait quotidiennement les taux pour différentes devises et maturités (un jour, une semaine, un mois, etc.).
Le Libor était un indicateur clé influençant de nombreuses transactions financières.
Avant que les autorités de régulation n’interviennent, les banques utilisaient le Libor pour déterminer le coûts des prêts entre institutions financières. Les banques faisaient pleinement confiance au Libor, compte tenu de l’accord qui liait ses contributeurs. Le Libor peut être considéré comme le taux de référence du marché interbancaire.
Le Libor a été au cœur de l’un des plus grands scandales financiers du XXIe siècle.
En 2012, plusieurs enquêtes ont révélé que des banques manipulaient le Libor en fournissant des taux biaisés pour influencer les marchés et maximiser leurs profits. De grandes institutions comme Barclays, UBS et Deutsche Bank ont été sanctionnées par des amendes de plusieurs milliards de dollars.
Ce scandale a entraîné une réaction immédiate des régulateurs, qui ont renforcé le contrôle des taux de référence. L’administration du Libor est passée sous la supervision de l’ICE Benchmark Administration, et des efforts ont été déployés pour remplacer ce taux par des alternatives plus transparentes.
Face aux problèmes de manipulation et à la diminution du nombre de banques déclarantes, les régulateurs ont annoncé en 2017 la disparition progressive du Libor, remplacé par des taux plus fiables comme le SOFR (USD), SONIA (GBP) et €STR (EUR).
La transition vers de nouveaux taux de référence a entraîné des changements majeurs dans la finance mondiale.
Parmi les principales alternatives au Libor, on retrouve plusieurs taux de référence basés sur des transactions réelles. Le SOFR (Secured Overnight Financing Rate) est désormais utilisé pour le dollar américain, tandis que la SONIA (Sterling Overnight Index Average) sert de référence pour la livre sterling. Pour l’euro, c’est le €STR (Euro Short-Term Rate) qui a pris le relais, et le TONAR (Tokyo Overnight Average Rate) est adopté pour le yen. Contrairement au Libor, ces taux sont calculés à partir de transactions réelles et non d’estimations, ce qui renforce leur transparence et leur fiabilité.
La fin du Libor a engendré plusieurs défis majeurs pour le secteur financier. L’adaptation des contrats financiers a été l’un des principaux enjeux, car de nombreux accords de prêts, d’obligations et de produits dérivés ont dû être modifiés pour intégrer les nouveaux taux de référence. Cette transition a également créé une incertitude sur les marchés, obligeant les entreprises et les banques à recalculer leurs risques ainsi que leurs coûts de financement. Toutefois, cette évolution a aussi offert des opportunités, notamment grâce à l’introduction de taux fondés sur des transactions réelles, améliorant ainsi la transparence, la fiabilité et la stabilité du système financier.
Le Libor a joué un rôle fondamental dans l’architecture financière mondiale pendant plus de trois décennies. Son importance a été remise en question suite aux scandales de manipulation, entraînant une réforme nécessaire mais complexe.
Les taux de référence post-Libor offrent une meilleure transparence et sécurité, mais leur adoption complète prendra encore du temps. L’avenir des marchés financiers dépendra de la capacité des institutions à s’adapter à ces nouveaux repères tout en garantissant la stabilité et la confiance des investisseurs.